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Fanfarlo

Paris, Flèche d'Or - 14 mai 2012

Live-report par Julien Soullière

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Berlin, Amsterdam, mais d'abord Paris. Ce soir, à la Flèche d'Or. Fanfarlo, heureux parents d'un beau bébé de même pas trois mois (Rooms Filled With Light) sont en passe de boucler leur tour d'Europe. Encore un effort, allez. Respiration, inspiration. Nous serons là pour les aider.

En fond de scène, voilà qu'une tête ornée de cheveux blonds et bouclés s’amuse à apparaître, disparaître, et ainsi de suite, de longues secondes durant, échaudant toujours un peu plus notre frêle patience. Aux griffes de cette salle de spectacles chaude et moite, nous autres, convives, sommes les Prométhée d’un soir, condamnés à espérer, encore et encore, éternellement même, que chaque signe de vie par delà les planches soit annonciateur de l’entrée en scène des artistes. Et pas un sou en poche pour me payer un verre. En fait, Tantale n’est pas aussi loin que je l'aurais pensé.
La salle hurle, d’une seule et même voix. Une véritable explosion sonore, qui par un phénomène physique que je ne m'explique pas (la peur ? l'euphorie ?), déclenche une vague de chaleur sans précédent. Simon Balthazar et ses Fanfarlo viennent de poser les pieds sur scène, voilà la raison de tout ceci, se dirigeant avec désinvolture vers leurs instruments respectifs sans jamais que l’un d’eux n’osent soutenir le regard perçant et torride adressé par la salle, par peur, c’est là le plus probable, de se brûler la rétine à trop vouloir sonder le rouge de nos yeux.

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Tout est en place. Une affirmation autant qu’un lieu commun dès lors que l’on considère la salle et son public. Nombreux sont les convives, étroits sont les espaces individuels de vie. On étouffe, on a chaud, mais on ne bouge pas, on ne peut pas. Dans ce faux silence qui précède – et fait suite – à la tempête, le groupe dégaine un premier morceau, Replicate, titre étrange, un brin inquiétant, mais, surtout, un pied de nez adressé au reste de la prestation du soir, qui baignera dans une ambiance bien plus chaleureuse que ne le laissait entrevoir cette entrée en matière. Car pendant plus d’une heure, on sera à la Flèche d’Or comme à Beirut. Vrai, il y a du Zach Condon et son orchestre chez Fanfarlo. Du Arcade Fire aussi, c’est évident : tout ici est rempli d’instruments (et de multi-instrumentalistes), de vigueur, d’empathie, d'envolées lyriques; tout vous fait du bien, vous parle de l’intérieur, comme si une puissance supérieure, quelle qu'elle soit d'ailleurs, s'acharnait comme un beau diable, ayant comme jamais à cœur de vous épingler un énorme sourire aux lèvres et à vous ferrer la joie aux boyaux. A bien écouter Balthazar, la manière qu’il a de dicter les mots, de les associer, de les enrober, on pourrait même aller jusqu’à entendre chanter le King. J’ai, parait-il, quelques petits soucis, et ce depuis ma plus tendre enfance.

Nous sommes à Paris. Nous ne sommes pas à Paris. En fait, si, nous y sommes, mais il est difficile de se l’avouer, tant le public a l’air en forme, et disposé à faire partie de l'énorme jeu qui se joue devant lui. Une salle pleine, conquise, heureuse, qui lève les mains au ciel, secoue la tête et les jambes, crie et se bouge. « Fire Escape » réclamera à plusieurs reprises une voix, imbibée, émanant de l’assistance. Le morceau ne sera pas joué ce soir (dommage, mais pas de Drowning Men non plus, après tout), mais la setlist dispose toutefois de quoi combler les esprits les plus chagrins : de Ghosts à Harold T. Wilkins, en passant Tightrope, aucun temps mort, aucun ralentissement, aucun sentiment de moins bien. Le sans faute semble si facile à réaliser, cela en serait presque agaçant.

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Et puis vient le rappel, et puis vient la fin : d'abord inéluctable, puis réalité. La chaleur n'aura eu raison de personne : on y serait bien retourné pour quelques titres. On aurait volontiers remis une petite pièce dans la splendide machine. On se consolera (mais quelle maigre consolation!), en se dirigeant vers l'échoppe éphémère où le groupe a trouvé refuge. La magie laisse place au marketing. A nouveau. Tout est un éternel recommencement. Un bien pour un mal, et bis repetita.

Et l'on retrouve la douceur parisienne, les lumières de la ville, ses égarés. Retour à la vie après avoir connu mieux encore.
setlist
    Replicate
    Tightrope
    Feathers
    I'm a Pilot
    Lenslife
    Comets
    Deconstruction
    Finish Line
    Atlas
    A Flood
    Luna
    Dig
    Shiny Things
    Harold T. Wilkins, Or How To Wait For A Very Long Time
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    Tunguska
    The Walls are Coming Down
photos du concert
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