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Prinzhorn Dance School

Bruxelles, Nuits Botanique - 15 mai 2012

Live-report par Maxime Delcourt

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Si James Murphy a fait beaucoup d’émules sur la scène dance, électro-pop et post-punk (oui, Yeasayer et Mensch, on parle de vous), il en a également produit nombre d’entre eux. Des Rapture au début des années 2000 à Planningtorock, Yacht et Prinzhorn Dance School aujourd’hui, il n’y a qu’un pas. Mais bon sang, qu’il est grand. La soirée consacrée par les Nuits du Botanique au label DFA ne fait qu’aller dans notre sens. Comme si les trois faces de LCD Soundsystem étaient réunies pour mieux faire le deuil de ce groupe, mis en berne l’année dernière.

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En cette soirée spéciale, l’équipe DFA avait pour devoir de ne pas se rater. Plus de dix ans de bons et loyaux services dédiés à l’amour de la musique, cela méritait bien une soirée de fête, typiquement new-yorkaise. Et tout commence avec Prinzhorn Dance School. Dans une formation épurée à l’extrême, les britanniques font mouche. Basse qui tabasse, larsen assonant, rythmique sèche, c’est toute la panoplie du post-punk qui se retrouve malaxée par des morceaux bruts et sauvages.
En véritables défenseurs du DIY, le duo, en trio pour l’occasion, s’était déjà fait remarquer en début d’année avec un deuxième album insolent de talent. Si Clay Class se démarquait par son aspect branlant, le concert, lui, révèle la facilité mélodique d’un groupe à qui on ne peut définitivement rien reprocher. Oh si, une chose, on aurait aimé que ça dure plus longtemps. Mais ça, ça fait gosse de riche.

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Ca y est, la fameuse ambiance DFA est installée. Place à présent aux fulgurances dance-music bien senties. Et pour cause, Yacht, quatuor américain à la sexualité débridée, est une formidable machine à danser. Il faut les avoir vus se déchainer en concert pour comprendre à quel point le groupe aime faire la fête. Et si Claire et Jona, les deux cerveaux de la bande, alternent les tours de chant, c’est pour mieux titiller vos jambes, les enfants. Quitte à transcender une foule qui n’en demandait pas tant.
En plein milieu du concert, Claire se prend même un bon bain de foule, comme pour mieux inciter celle-ci à se déhancher. On pense alors aux hymnes redoutables de LCD Soundsystem, mais surtout aux tubes imparables des Talking Heads. C’était déjà fort, ça l’est d’autant plus lorsqu’ils reprennent Le Goudron de Brigitte Fontaine. Bref, un formidable patchwork d’électro-pop synthétique aux intentions sans ambiguïtés : un pogo sinon rien.

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Pour conclure la soirée, c’est au tour de Planningtorock de prendre les manettes. Affublée d’une prothèse nasale fabriquée par ses soins, lui offrant au passage un faux-airs de « Choco » dans Les Goonies, Janine Rostron est prête à nous emmener corps et âme dans son monde intérieur : une sorte de secte angoissante, hantée par les visions hypnotiques d’une artiste indéfinissable. Glam-rock ? Synth-pop ? Opéra-rock ? Difficile à dire tant, malgré leur noirceur, chaque titre semble bénéficier d’une liaison directe avec le dancefloor. Chose que les membres de Yacht, venus s’émoustiller sur les deux derniers morceaux anglais, ne viendront pas contredire. Living It Up, après avoir propagé son énergie tribale, s’estompe peu à peu. Janine s’en va sous l’ovation d’un public à qui elle présentera ses excuses quelques minutes plus tard pour ne pas avoir prévu de rappel.

Dommage, mais il reste une chose à dire. Avant le concert, on se disait que Planningtorock était le genre de beauté dangereuse et cruelle que l’on espérait croiser au moins une fois. A présent, c’est fait.