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BirdPen

Paris, Le 114 - 7 juin 2012

Live-report par Natt Pantelic

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À l'approche de l'été, même quelque peu timide, il va devenir récurrent de parler des conditions micro-climatiques dans les salles. Mais ce soir au 114, cette notion cruciale pour tout amateur de live prend vraiment toute son ampleur. Pour ce concert de Birdpen, le public n'est plus qu'une gigantesque tête de Marlon Brando ruisselant et clamant son amour de l'odeur du napalm au petit matin.

Un vrai sauna, mon capitaine. La moiteur augmente durant l'interminable moment passé à patienter avant la montée sur scène des anglais, très attendus par des connaisseurs venus les saluer massivement. En les attendant encore, faisons un peu plus connaissance avec les membres du groupe. David Penney (Aka Dave Pen) et Mike Bird (Aka Mike Bird) ont allié leurs patronymes et talents respectifs au chant/guitares/claviers et guitares/machines pour fonder cette formation rock, pop, trip-hop, ambiant et électro : trip-rock, en somme.
Connu pour ses activités dans le groupe Archive et ses liens amicaux avec ses fondateurs Darius Keeler et Danny Griffiths, Dave participe à leur septième album en 2006, Lights, et évolue en tournée avec eux. En 2011, il participe également au chant sur le deuxième album de Robin foster, Where Do We Go From Here?. Ami de Dave, Mike Bird participe à la création de Birdpen pour développer le trip-rock mélancolique et intimiste que l'on connaît, souvent comparé aux Beta Band et Depeche mode.
Les Birdpen sont donc de drôles d'oiseaux de mauvaise augure. Ils fascinent par la beauté de leurs mélodies paranoïaques. La dualité qu'implique leurs deux personnalités, l'une clairvoyante et l'autre plus torturée, fait surgir une lumière d'un univers sombre et cauchemardesque que rien ne semble pouvoir sauver.

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Ils sont maintenant sur scène et d'entrée de jeu leurs mélodies intimistes et angoissées nous situent dans un univers sombre et mélancolique, proposant des textes à la vision morbide d'un monde sans espoir ni Amour. Peut-être... Est-ce à cause des tournées de mojito avec les amis venus écouter ce live ? Quoiqu'il en soit, en beauté ou pas, en plein délire christique ou du besoin Freudien de pleurer sa mère, l'envie d'entendre que nous allons tous mourir n'y est pas. Pas maintenant. Pas moyen de rentrer dans le trip. Pas dans celui des textes, en tous cas.
Alors que reste-t-il de cette mise Amor ? À l'instar du travail en studio pour leur premier album On/Off/Safety/Danger (sorti en 2009 sur le label Les Oreilles Bleues/Discograph après l'édition de quelques EPs), on apprécie en live les longues mélodies aériennes et les expérimentations à la frontière du post-rock et du rock progressif. Les arrangements dédiés aux fougueux envols de la batterie et les vastes structurations/déconstructions consacrées aux déferlantes des guitare-voix envoutantes de Dave et machines de Mike exhalent une volupté férocement sophistiquée, bien plus lumineuses et de loin préférables à leurs noires thématiques torturées. Sauf si l'on a vraiment envie de se tirer une balle dans le genou.

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Malgré la désagréable sensation de ne pas avoir pleinement ressenti la dualité visiblement caractéristique de BirdPen lors de ce live, reste l'amusante impression d'avoir vécu le trip Almost Famous (ndlr : music movie à voir ou à revoir !). Peut-être à cause de la joyeuse course organisationnelle du groupe et de son staff jonglant entre trains à prendre, rock band à soigner et chroniqueurs à satisfaire.

Alors souhaitons voir bientôt un autre film, que nos compères auront écrit d'une plume moins glauque.