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We Have Band

Paris, Trabendo - 13 juin 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

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Quelques mois après la sortie de leur second album, Ternion, les trois Anglais de We Have Band sont de nouveau en France après leur showcase chez Agnés B rue du jour en décembre dernier et leur passage à la Maroquinerie en mars de cette année.

Darren a troqué sa demie-crête contre un crâne uni et dégagé, Dede a oublié son pantalon et seule sa chemise couvre ses collants noirs alors que son mari de Thomas laisse apparaître une calvitie naissante qu’il a le bon goût, à l’instar de sa musique, de ne pas chercher à uniformiser...
Avec moins de gel ultra fixant et plus de sincérité, moins de jeans moulant mais plus de maturité, We Have Band se sont offerts un quatrième membre depuis fin 2011. Un batteur dont la présence, comme l'expliquait Darren récemment, devenait nécessaire pour appuyer et relever les titres les plus riches en percussions. Le problème, c’est que tous les titres de We Have Band ou presque sont riches en lourdes rythmiques sèches mais, le plus souvent, synthétiques. Synthétiques sur leurs versions studios car, ce que les musiciens ont gagné en son rock live avec l’arrivée d’un quatrième membre, il l’ont perdu en style et voient leurs compositions légères et algébriques parfois trop lourdement enrichies.

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Sur un titre phare comme Divisise, le constat est un peu amer. Si la batterie renchérit la rythmique – c’est le moins que l’on puisse dire – elle peine souvent à suivre les tempos cassés et parfois à contre-temps que permettent si facilement les machines au travers de leurs programmations. Elle a parfois du mal à rester dans ces tempos millimétrés ; elle tape et en rajoute fortement si bien que les voix, et notamment celle fluette mais au combien identitaire de Dede, sont parfois recouvertes et reléguées au second plan. Un batteur qui a dû faire ses classes sur du Motörhead !
Avec leurs initiales en enseignes lumineuses derrière la scène et l’absence d’instruments classiques exceptés la basse de Thomas, We Have Band est toujours ce groupe électro-pop parfois acide, parfois afro à la mode Talking Heads, terriblement excitant et capable de produire des mélodies délicieuses évoluant dans des contrées connues mais parfois non encore défrichées, en bon Londoniens qu’ils sont !
Ne voulant surtout pas gâcher mon plaisir ni celui des lecteurs de cette chronique, je parcours la salle et prends le pouls et l’ambiance sonore de chaque point cardinal ; mieux vaut être placé en face de la scène.

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Peu importe, les titres entêtants et ultra dansants de ce quatuor comme You Came Out, les pas de danse sexy déhanchés de Dede et la basse hypnotique de Thomas inspirée par Peter Hook dans Blue Monday parviennent toujours à toucher le public et notamment les premiers rangs qui n’hésitent pas à gesticuler les bras levés vers Dede ! Avec un public clairsemé en cette soirée carrément froide pour un mois de juin et un meeting du Parti Socialiste qui vient de se terminer dans le Zénith d’à coté, la sombre musique électro clash des premières heures et des premiers titres comme Honey Trap ou Hear It In The Cans s’est quelque peu transformée pour laisser place à un électro rock plus humain – et donc perfectible - mais beaucoup moins robotique. Adjectif qui, pour une fois, n’a rien de péjoratif !

Une identité majorée et quelques réglages live à peaufiner pour pouvoir entériner une évolution dont les groupes, dont l’album Ternion vient confirmer un succès soudain, ont parfois besoin.