logo SOV

Kasabian

Lyon, Nuits de Fourvière - 4 juillet 2012

Live-report par Olivier Kalousdian

Bookmark and Share
Après quasiment un mois et demie d’une succession de concerts, d’opéras ou de spectacles de danse hebdomadaires, plaçant les Nuits de Fourvière de Lyon sur un registre entre le festival et la performance culturelle, le jour de l’indépendance américaine voit un de ses représentants les plus originaux lancer la soirée du mercredi 4 juillet.

SOV

Hanni El Khatib est, comme son nom ne l’indique pas, citoyen américain mais né d’un père Palestinien et d’une mère Philippine : le parfait citoyen d’un monde mixé en paix que nous verrons, avec beaucoup de chance et un peu de sens commun, avant notre mort. Cette alchimie réussie et anti-communautariste, nous la devons à l’élément le plus fédérateur, le plus vieux et le plus international de la culture humaine, la musique.

SOV

Et, plus précisément, le rock. Planant au-dessus des états d’esprits parfois tourmentés de ses pays d’adoption et d’origine, Hanni honore le rock US version garage. Dignement éligible sur une Bande Originale d’un film de Jim Jarmush comme dans une audition du groupe The Cramps, s’il existait encore, Hanni et son groupe devenu récemment trio et composé d’un batteur et d’un bassiste/claviériste donnent presque le change aux White Stripes dans la puissance de leurs compositions et l’horizon des grands espaces américains souvent habités des fantômes du blues dans l’univers qui l’habite. Un rock violent déjà vu, déjà entendu mais qui vaut plus que le single un peu simpliste qui l’a fait connaitre.

Pas étonnant que ces farceurs de l’indie lorgnant sur une britpop énervée, du nom de Kasabian, l'aient invité à assurer leur première partie. L’aura, typiquement UK – bagarres de rue et formation pas toujours très nette – de ces quatre garçons de Leceister, a souvent dépassé les frontières de l’Angleterre avec les albums, éponyme en 2004, Empire en 2006 et, surtout, West Ryder Pauper Lunatic Asylum en 2009 qui leur ouvrira les portes du succès à l’international. Sombres et rageurs, en studio comme en scène, ils ne rechignent pas, néanmoins à l’emploi de cuivres, claviers et sons synthétiques répétitifs et plus dansants, comme leur grand frère de Death In Vegas dont ils partagent au moins l’esprit torturé.

C’est donc avec un trompettiste, un claviériste, deux guitaristes, un bassiste, un batteur et leur leader chanteur, Tom Meighan, que Kasabian envahissent le forum Romain de Fourvière devant 4000 personnes venues affronter les éléments en cette soirée non supportée par le comité pour la santé auditive des français.
Au loin, luisent des éclairs de chaleur. Ici, stroboscopes surpuissants et faisceaux blancs aveuglant illuminent le ciel. Kasabian ne font pas dans la dentelle, ni visuellement, ni musicalement parlant. Parfois maquillée comme une voiture volée, la musique de Kasabian manque d’originalité sur certains titres (Fire) mais, se prête parfaitement à la scène. Boucles militaires sur Empire et chœurs imparables sur Shoot The Runner, le public lyonnais est debout et cela est assez rare pour être noté. Les lunettes extravagantes d’un Tom Meighan new look tombent dès le troisième titre pour entamer un début de dialogue en français avec un public si réceptif qu’il obéit au doigt et à l’œil du groupe pour marquer le tempo ou reprendre les choeurs d'un Club Foot qui résonnera jusqu’à la Part Dieu.

SOV

Ce soir, les boules Quies sont suggérées pour les insensés – la même avant-garde Anglaise déjà aperçue pour les Stone Roses - restés danser dans la fosse tant le son est paramétré pour monter au plus fort tout en haut des gradins. Puissance, rythmes hypnotiques et duo de charme et de chanteurs joué sur scène par Tom et son alter égo chanteur/guitariste, Sergio Pizzorno, sur Velociraptor! notamment, Kasabian n’a pas encore décroché la lune, pleine pour un soir, du panthéon rock de ces dernières années – la faute à un manque constance, probablement – mais déplace et remplit, une fois de plus, une arène et les attentes d’un public qui, en cette nuit électrique, aura enfin passé plus de temps debout qu’assis sur son coussin lyonnais.
Jouant à égalité de temps avec The Stone Roses, une semaine plus tôt, pour un set de près de deux heures, Kasabian ne trahissent pas leur talent scénique et occupent toute une scène qui a la bonne idée d’être très basse par rapport au public. Un set qui se terminera, comme à l’accoutumé, sur une bataille de coussins lyonnais, justement, épaulée par le très groovy L.S.F. (Lost Souls Forever), en conclusion du set. Juste avant de reprendre le combat pour un unique rappel de trois titres.

La pluie, comme la fatigue alors que minuit est passé, auront eu la décence d’attendre la fin du concert pour raccompagner tout ce petit monde à la maison et redescendre apaisé du mont rock lyonnais, un soir encore. Décidément, de l’organisation à la qualité de la scène en passant par un lieu à l’acoustique très travaillée, bien qu'érigé voilà 2000 ans, les Nuits de Fourvière jouent à jeu égal avec les plus grosses dates de l’été 2012.
setlist
    Days Are Forgotten
    Shoot The Runner
    Velociraptor!
    Underdog
    Where Did All The Love Go?
    Let's Roll Just Like We Used To
    Processed Beats
    I.D.
    Take Aim
    Club Foot
    Re-Wired
    Empire
    Fast Fuse
    Goodbye Kiss
    L.S.F. (Lost Souls Forever)
    ---
    Switchblade Smiles
    Vlad The Impaler
    Fire
photos du concert
    Du même artiste