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Coldplay

Paris, Stade de France - 2 septembre 2012

Live-report par Natt Pantelic

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Embarquer sur l'immense paquebot du Stade de France, c'est un peu comme monter à bord du Pacific Princess. Euphoriques, les estivants s'engagent sur les passerelles et sont priés par un personnel naviguant très souriant de porter un joli bracelet orné d'un petit oiseau bleu devenu le NAC (ndlr : Nouvel Annonceur de Coldplay) attitré du groupe depuis quelques temps et décliné en plusieurs couleurs, qui fera partie intégrante de cette soirée thématique « La croisière s'amuse », nous dit-on.

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La foule allègre frétille, se trémousse, trépigne. « Un bracelet surprise ! Mais que va-t-il donc se passer ? ». Du haut du ponton principal, nous avons une vue imprenable sur la marée humaine qui ondule, impatiente de découvrir les réjouissances promises. Je croise alors le Capitaine Stubing déguisé en stadier qui m'indique l'emplacement qui m'est réservé, au pied de la scène. Dans la foule, j'aperçois Isaac le barman proposant de la bière à près de cinq euros et qui, pour ne pas la transvaser directement dans le gosier ou les mains, a l'intelligence de fournir aussi son contenant pour deux euros seulement. Le sens de l'accueil, on l'a ou on ne l'a pas.
L'ambiance visuelle très colorée est accentuée par une scénographie composée de graffitis fluorescents et phosphorescents peints sur toiles géantes, ou le retour des années quatre-vingt qui piquent les yeux. Devant, sur des écrans géants eux aussi, un texte clignote pour nous conseiller à nouveau le port dudit bracelet magique.

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Le concert commence à peine par quelques accords de guitares et scintillements dans la nuit tombée que... Explosion ! Des canons à confetti me décollent les racines pour inonder le public de petits papiers multicolores en forme de cœurs, d'oiseaux, de lapins, de M, de X et autres papillons de lumière que de puissants faisceaux lasers font danser sur Mylo Xyloto, titre éponyme de l'album sorti en 2011. Pour ceux placés au fond du stade qui n'auraient pas encore été ensevelis, les canons en propulsent à nouveau par milliers sur le deuxième titre, Hurts like Heaven. A cet instant, coup de baguette magique : les bracelets s'allument ! La vision à 360 degrés est saisissante : tout n'est plus que couleurs et lumières, les écrans géants émettent des visuels fluo-hypnotico-hallucinogènes, les faisceaux balaient, les papillons virevoltent, les bracelets multicolores multicolorent, les épileptiques s'effondrent, l'ambiance s'électrise, le public acclame, ma rétine faiblit, c'est féérique, c'est grand, c'est beau comme un remake d'Abyss sous acides ! Je me dis alors que l'idée lumineuse du bracelet doit être celle du Gopher de l'équipage pour amuser la croisière, un joli gadget qui fait effectivement pousser des « ooooh » et des « waaah » d'émerveillement, quand je reçois un objet mou sur la tête. Gopher, décidément inspiré, vient de faire un lâcher de ballons de baudruche gigantesques, tels d'immenses ballons de plage, lumineux aussi et rehaussés de graffiti fluorescents assortis au décor de scène, qui glissent et volent en masse sur la foule en liesse, les bras levés pour taper dedans comme de grands enfants. Pour couronner le tout, des feux d'artifices s'élèvent au-dessus de nos têtes. Le spectacle est à la hauteur des attentes, l'attraction est totale et quelques chansons suivent dans l'apesanteur irréelle créée par cette explosion Son & Lumières où tout est à l'échelle du Stade de France, c'est-à-dire gigantesque.

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À un détail près : la musique. Oui tiens, la musique ? Cette question me trotte dans la tête quand j'aperçois une silhouette féminine sur scène... Julie McCoy, la tête à claques de La croisière s'amuse ? Ah non... Rihanna. J'avais presque oublié le détail de ce duo surréaliste entre le groupe anglais et la chanteuse barbadienne, inauguré sur scène cette année lors des Grammy Awards. Ils entonnent ensemble leur électro-popo-R'n'B-esque Princess Of China, et à la fin du morceau, Chris Martin demande à le refaire parce qu'ils ont été « victimes d'un problème technique et que ce serait dommage alors qu'elle vient de loin ». De Londres, plus précisément, après un passage plus que remarqué cet après-midi-là en gare du Nord, bousculée par des hordes de fans ayant eu l'insolence de lire son tweet indiquant des informations précises quant à son arrivée. Que de problèmes techniques ce jour-là...
Alors ils reprennent, « pour le DVD, parce que nous tournons le film du concert aujourd'hui ! » croit-il bon de préciser. Moteur, silence, action ! Plus de ballons, plus de confettis, plus de feux d'artifice, les faisceaux répètent leur va-et-vient aussi automatisé que le clignotement des bracelets, l'effet de surprise n'est plus, et on sent du mou dans la corde à nœuds. Jetez l'encre, jetez les mots, jetez les instruments, l'humeur n'y est plus. Passé l'engouement de l'enfant s'excitant dans un Disneyland peinturluré dont il a maintenant fait le tour, le public s'étiole, il rouille pour certains comme une vieille carcasse de bateau échoué, son enthousiasme s'efface, comme s'évanouit le château de sable sombrant sous les vagues d'un littoral aux promesses illusoires.
Histoire de ranimer la flamme entre son public quelque peu assoupi et eux, Coldplay entonnent alors quelques anciens tubes, un Viva La vida qui fait toujours son petit effet, des Clocks, Fix You et Speed Of Sound idoines, entrelardés d'un Paradise qui colle à la tête (« pawa-pawa-pawadaïze ! »), pour en arriver au bouquet final, sur fond de feux d'artifices, avec une version mollement pianotée d'Umbrella en compagnie de Rihanna et enfin Every Teardrop Is A Waterfall. Avant de me retrouver sur une île étrange avec des gens que je serai obligée de tuer, je quitte le navire.

En m'éloignant, un peu prise du mal de mer, je regarde le bracelet qui ne clignote plus à mon poignet et je pense avec une pointe de nostalgie à ce que j'aimais chez Coldplay, et que seuls les titres les plus anciens ont réussi à me rappeler : une certaine candeur pop, un vent venu du large, une fraîcheur ayant fait place sur cette fin de concert à la marée basse.
setlist
    Mylo Xyloto
    Hurts Like Heaven
    In My Place
    Major Minus
    Lovers In Japan
    The Scientist
    Yellow
    Violet Hill
    God Put A Smile Upon Your Face
    ---
    Princess Of China
    Princess Of China
    Up in Flames
    A Hopeful Transmission
    Don't Let It Break Your Heart
    Viva La Vida
    Charlie Brown
    Paradise
    ---
    Us Against The World
    Speed Of Sound
    ---
    Clocks
    Fix You
    Umbrella (Rihanna cover)
    Paradise
    M.M.I.X.
    Every Teardrop Is A Waterfall
photos du concert
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