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Peter Doherty

Paris, Gibus - 28 septembre 2012

Live-report par Anne-Line

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Les concerts de Peter Doherty, c'est comme le Loto. Il faut jouer régulièrement avant de pouvoir espérer récupérer des gains. Après les mises multiples de ces dernières semaines, qui n'avaient pas rapporté grand-chose (surtout lors de sa prestation à la Fête de l'Humanité, qui s'est terminée en eau de boudin), l'annonce d'un nouveau concert au Gibus fait figure de pari risqué. Surtout quand on se remémore le fiasco du concert en mars dernier, pour le même tremplin du Gibus, devant un public amorphe, et alors qu'il vient d'annuler deux concerts en Écosse cette semaine.

Le même scénario catastrophe va-t-il se reproduire ? Et bien, contre toute attente, non. Tous les éléments étaient pourtant réunis. Une annonce tardive, qui ne laisse pas aux fans le temps de se retourner ; un contexte de série noire en ce qui concerne les concerts ; et un public de tremplin composé d'adolescents à peine pubères accompagnés de leurs parents et de leurs copains de classe. De manière complètement inattendue, c'est dans ces conditions adverses que le britannique va nous délivrer son concert de l'année.

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Vers 23h30, une fois le tremplin terminé, il faut jouer des coudes pour se trouver une place correcte dans le Gibus. La foule est compacte et la salle devient bientôt une véritable fournaise à mesure que la tension monte. Et puis, le voilà qui arrive. Toujours flanqué de ses deux danseuses françaises comico-gothiques, il entame un What Katie Did qui fait dresser l'oreille : le rythme est enjoué, il semblerait que le bonhomme soit en forme. Il chante avec sa voix des bons jours. Un signe qui ne trompe pas : la complicité s'installe d'entrée de jeu avec le public. Il y aura beaucoup d'échanges ce soir avec un public engagé et attentif de bout en bout. Les tubes des Libertines (Can't Stand Me Now, What A Waster) et des Babyshambles (Delivery, Albion) vont s'enchaîner dans une atmosphère bon enfant, et même très chaleureuse. Le genre de soirée où la magie opère, où en l'espace d'un instant, les errements des dernières semaines sont oubliés. Ce soir, Peter Doherty est une rock'n'roll star.

Les morceaux tirés de son album solo, bien que relativement mélancoliques, (Lady Don't Fall Backwards, 1939 Returning reçoivent un accueil tout aussi enthousiaste que pour les grands classiques. On se dit que maintenant serait le moment idéal pour jouer de nouveaux morceaux. Le public est à fond, et lui aussi. Pourtant, il n'en sera rien. Ce sera le seul petit bémol d'une soirée pourtant très réussie : aucun inédit à se mettre sous la dent. À peine quelques raretés des Libertines pas si rares que ça (Hooligans On E, Dilly Boys), et ce sera tout. Mais cela est loin d'entamer l'atmosphère positive qui règne. Peter va même se mettre à faire le cabotin, en déclarant qu'il a oublié son chapeau, et se voit ainsi « offrir » plusieurs couvre-chefs différents par ses mini-moi présents dans la fosse, allant jusqu'à passer cinq longues minutes à les essayer pour déterminer lequel porter à l'applaudimètre.

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Il improvise même entre deux chansons un extrait du tube de l'été, Call Me Maybe, avant de le dénigrer d'un « N'importe quoi ! » en français dans le texte, sous les applaudissements nourris d'un public complice. La prestation se termine sur un Fuck Forever d'anthologie que le Gibus entier reprend en chœur. Puis, le sieur se retire, en signant au passage un ou deux autographes, visiblement de très bonne humeur. Alors que la majeure partie du public s'éparpille, le sourire vissé aux lèvres, le dernier groupe de la soirée monte sur scène pour commencer son set. Tandis que backstage les bouteilles de champagne cuvée spéciale Gibus se vident à la vitesse de la lumière, Peter daigne jeter un coup d'œil au concert des petits jeunes qui s'agitent sur scène, pour les encourager. Les baby-rockeurs, ce sont tous un peu ses enfants, et ce soir, il leur a fait honneur.