logo SOV

Dark Horses
Benjamin Francis Leftwich
Frightened Rabbit

Paris, Flèche d'Or - 29 septembre 2012

Live-report par Julien Soullière

Bookmark and Share
Il fallait bien que ça arrive un jour, à force de flâner, de défier les minutes, de croire que le monde saura attendre. Benjamin Francis Leftwich sur scène, ce sera pour une autre fois.

SOV

Pour ma défense, je pensais vraiment que Marie-Pierre Arthur, ersatz québécois de Feist, allait inaugurer la soirée. Il me semble même l’avoir entendu dire. Mais peut-être est-ce là ce que je me force désormais à croire pour mieux me dédouaner. Peu importe, le mal est fait, et je me retrouve là, seul, sur la terrasse de la Flèche d’Or, scrutant la scène sur laquelle joue Marie-Pierre Arthur à travers les carreaux crasseux de l’immense porte qui me sépare d’elle.

SOV

Tiens, ça à l’air entraînant. Du coup, je rentre; puis sors, quasiment dans la foulée, comme si j’avais cherché à épater avec le dernier pas de danse à la mode. C’est entraînant, c’est sûr, mais il faut aimer. Et je n'aime pas trop, ce qui me regarde, et illustre l’un de mes droits les plus fondamentaux. Trop gentillet, trop « girly », même si je dois avouer que, sur le coup, la presation parait plus digeste que bien d’autres choses du genre. Anaïs et consorts, si vous voyez ce que je veux dire. Peut-être parce qu’ici, il y a un vrai sens de la musique, de la mélodie, de l’instrumentation, et que faire de l’esprit n’est pas le plus important. Écoutez donc Fil de Soie (qui me fait penser, dans une certaine mesure, à du Arcade Fire), ou bien Emmène-Moi (aux chouettes influences rockabilly), et peut-être comprendrez-vous.

SOV

Une brune quitte la scène, une blonde fait son entrée. Marie-Pierre Arthur partie, ce n’est qu’après une attente longue de plusieurs minutes que Lisa Elle foule enfin les planches de la Flèche d’Or, précédée par ses musiciens dans une brume artificielle d’un gris électrique. Menue, la chanteuse des Dark Hoses n’en reste pas moins formidablement charismatique. Ses mimiques un brin saccadées, cette frange blonde qui écrase son visage jusqu’à le rendre invisible, le long voile qui habille son corps, tout chez elle concourt à m’hypnotiser. A ne voir qu’elle. Mais je me force, j’essaie, je me détache. Je balaie alors la scène des yeux, et aperçois ces grandes toiles qui jonchent de part et d’autre le peu d’espace qui reste sur scène ; des représentations blanches et noires de visages enfantins, tristes évidemment. Et puis, il y a ces musiciens, tout de noir vêtus, qui entourent Lisa jusqu’à lui retirer l’espace vital nécessaire. Un stetson par ci, un béret par là, le couvre-chef est à l’honneur, c’est dit.
Ça y est, mon regard se tourne à nouveau vers la jolie suédoise - si jolie d’ailleurs que d’aucuns diront qu’elle ne pouvait pas être anglaise - et voilà que S.U.N commence à résonner en-dedans et hors les murs. Un bel aperçu des effets narcotiques de la musique proposée par Dark Hoses. L’avantage ici, c’est que personne ne sera trompé par la marchandise. Dark Hoses jouent une musique planante, rébarbative, pleine de réverbérations et d’échos, qui n’est pas tant là pour nous réveiller – à quelques riffs de guitare prêts - que pour nous mettre en état de stase. Ça fonctionne sur certains, pas sur d’autres. D’ailleurs, les applaudissements se font discrets, la salle se dépeuple. Dark Hoses, venus à Paris défendre leur Black Music étaient clairement les outsiders de la soirée. Dans pareille situation, et quand l'éclectisme est l'unique maître de cérémonie, difficile de se faire une place. Surtout quand on arrive avec une setlist faites de titres irritants comme Boxing Day et No Dice.

SOV

Passé l’hiver vient le printemps, bien qu’à notre époque, avec ces aléas climatiques dont on ne cesse de nous parler, tout ne semble plus aussi simple qu'auparavant. En tout cas, l’atmosphère va à nouveau se réchauffer avec l’arrivée sur scène des sympathiques Frightened Rabbit. Si l'on se doutait que nombreux seraient celles et ceux à faire le déplacement pour voir Marie-Pierre Arthur, alléchés par le doux fumet du Si Tu Savais qui hante jusqu’à n’en plus pouvoir nos ondes FM, difficile de savoir à quoi s’en tenir concernant nos petits écossais. Et en fait, un peu comme leurs amis de We Were Promised Jetpacks, Frightened Rabbit est l’archétype du groupe assez peu connu de par chez nous, mais qui jouit d'un joli capital sympathie dans sa contrée d'origine, suffisamment en tout cas pour que tous leurs compatriotes installés à Paris viennent mettre l'ambiance à chacun de leur passage dans une salle de la capitale. Pour leur plus grand bonheur, et le mien.
Visiblement ravi d’être là, et de voir que ses congénères se sont passés le mot pour réveiller la Flèche d'Or ce soir, Scott Hutchison se fait un point d'honneur à assurer le show, à chanter fort, à sautiller, et à adresser de larges sourires à qui veut bien les attraper au passage. Sorte de folk-rock nouvelle génération - entre un bon vieux Idlewild et un groupe qui viendrait conclure un épisode d'une quelconque série pour teenagers -, la musique des Frightened Rabbit n'a rien de très original, pour sûr. Mais elle fait le boulot, d'autant qu'on déniche ici et là quelques beaux tubes (State Hospital, Swim Until You Can't Swim,...) et que le son, parfaitement équilibré, est aux petits oignons. De quoi conclure en beauté la soirée, bien que le tout soit un peu court : onze morceaux, et pas des plus longs, c'est vraiment le minimum syndical.

Mieux vaut faire peu et bien. Ouais, on va dire ça.
setlist
    BENJAMIN FRANCIS LEFTWICH
    Non disponible

    DARK HORSES
    S.U.N
    Boxing Day
    Radio
    No Dice
    Traps
    Alone
    Rose

    FRIGHTENED RABBIT
    The Modern Leper
    Nothing Like You
    Old Old Fashioned
    State Hospital
    Fast Blood
    Head Rolls Off
    Swim Until You Can't See Land
    Boxing Night
    My Backwards Walk
    Living In Colour
    The Loneliness And The Scream
photos du concert
    Du même artiste