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I Like Trains

Paris, Maroquinerie - 27 octobre 2012

Live-report par Julien Soullière

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Un séisme en Colombie-Britannique, un ouragan menaçant la glorieuse Gotham, des alertes au tsunami ici et là, de fortes tempêtes un peu partout. Oui, pour sûr, c’est un beau bordel qui se joue, une conjoncture aux airs de joli n’importe quoi, dont les ramifications semblent trouver, en ce samedi 27 octobre, leur point de confluence quelque part au large des côtes britanniques, sur un ferry immobilisé en pleine mer, perdu et comme écrasé par les milliers de km² d’eau qui l’entourent.

A son bord, un groupe de rockeurs anglais connu sous le nom d’I Like Trains, attendu le soir même à la Maroquinerie de Paris, pour ce qui s’annonçait être leur premier concert digne de ce nom sur nos terres, après tant de premières parties, au goût parfois d’inachevé (cf. leur dernier passage à la Flèche d'Or, aux côtés de White Lies). Sûr qu’ils devaient l’attendre cette soirée, peut-être même autant que les badauds qui s’étaient donnés rendez-vous ce soir là au n°23 de la rue Boyer. Sûr qu’ils ne pensaient pas passer un samedi aussi pourri, bloqués plusieurs heures durant sur ce foutu rafiot, ruminant comme d’autres ressassent des erreurs passées au confins de leur cellule.

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De fait, on comprend mieux pourquoi les portes de la Maroquinerie ne se sont pas ouvertes plus tôt, appelant chacun à prendre son mal en patience dans une rue que la vague de froid actuelle n’avait, en toute logique, pas épargnée. Il va sans dire que, dans pareilles conditions, le groupe a du faire l’impasse sur la traditionnelle batterie de tests pré-concert, une évidence qui ne le devient vraiment que lorsque résonnent, aux alentours de 21h30, les premières notes de Beacons, et que l’absence de balance audio devient alors une – dure, très dure - réalité. Batterie prédominante, voix quelque peux engloutie, niveau sonore incroyablement élevé (imparable, ceci dit, pour qui avait du mal à garder les yeux ouverts), rien de très optimal là dedans, mais c’était sans compter sur le talent d’un groupe qui avait bien besoin de se dégourdir les jambes, et de défendre son statut de tête d’affiche d’un soir. Il aura tellement fallu attendre pour que ce jour vienne.

Et, vraiment, on pouvait craindre un groupe mal luné, amoindri par le trop-plein d’évènements, agacé à l’idée de devoir jouer dans de telles circonstances. On pouvait redouter un concert en partie amputée, parier sur une frustration, voire une colère, grandissante au sein d’une assistance qui en désespérerait presque de pouvoir profiter un jour de la formation anglaise dans des conditions dites « normales ». Oui, mais on pouvait aussi supposer qu’I Like Trains donneraient ce soir tout ce qu’ils étaient en mesure de donner, qu’ils feraient la démonstration par A+B d’un signe distinctif qu’on a coutume d’appeler le professionnalisme. Et au final, les murs de la Maroquinerie ont chancelé - c’est le cas de le dire - une bonne heure durant, à l’occasion d'un set pour majorité dédié au dernier long format du groupe, The Shallows, bien qu’émaillé à l’occasion de titres plus anciens (A Rock House For Bobby, Terra Nova), comme pour remercier les fans de la première heure de s'être déplacés ce soir là. Comme s'il aurait pu en être autrement.

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Parfois courts et efficaces (A Father's Sons), à l’occasion plus longs et intenses (Sea Of Regrets), les titres proposés par les anglais ont tous su s’accorder aux projections éclaboussant l’écran dressé derrière le groupe, comme répondre aux attentes d'une salle certes à demi-remplie, mais totalement acquise à la cause de la formation originaire de Leeds. Cette ferveur, le quintet l'a sentie, c'est une évidence : aussi, si les membres du groupe semblaient encore sous le choc l'espace des premières minutes, l'éventail des doutes s'est rapidement rétracté pour ne laisser paraître qu'envie et détermination. Le public n'a eu cesse d'en redemander, et la voix grave de Dave Martin s'en est même allée à le remercier pour cela.

Heureux d'avoir été au bout de leur périple, d'avoir pu compter sur un public si chaleureux, I Like Trains ne se sont pas fait prier pour aller vendre leurs tee-shirts et autres vinyles, au plus près des gens, une fois encore. En toute modestie.
setlist
    Beacons
    Mnemosyme
    The Shallows
    A Father's Son
    A Rook House For Bobby
    We Saw The Deep
    The Voice Of Reason
    The Hive
    Water-Sand
    We Used To Talk
    Terra Nova
    Reykjavik
    --
    Sea Of Regrets
photos du concert
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