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The View

Londres, Electric Ballroom - 29 novembre 2012

Live-report par Claire

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Au vu du faible taux de remplissage des salles parisiennes lorsqu’un groupe d’indie est annoncé, on aurait tendance à oublier que les formations la représentant fonctionnent toujours aussi bien outre-Manche. Raison donc de se rendre à Londres pour assister au concert des Ecossais de The View à l’Electric Ballroom. Si leur concert à la Flèche d’Or en septembre n’avait réuni que quelques passionnés et/ou connaisseurs, la salle de Camden affichait, elle, complet - soit mille deux cent personnes chauffées à blanc dans une ambiance « envol de pintes » et joyeux pogos, tout ça sur le cri de guerre des fans « The View, The View, The View are on fire ».

Camden. 19h30. La nuit est déjà bien tombée et nous nous décidons à quitter la chaleur du pub qui nous a accueillis pour nous diriger vers l’Electric Ballroom. Surprise : la première partie (qui s’avérera être la première des trois au programme), est déjà sur scène et ce depuis l’ouverture des portes trente minutes plus tôt. Boostés par des critiques dithyrambiques sur le NME, The Virginmarys, dont le premier album King Of Conflict est prévu pour le début 2013, assurent une promotion efficace devant un parterre clairsemé de fans du quatuor de Dundee, qui pour certains (et surtout certaines) ont fait le déplacement de loin (la palme revenant à une fan arrivée du Japon). Plus fans de Foo Fighters que de Brit-rock, le trio balancera en tout quarante-cinq minutes de riffs bien placés.

Vers vingt heures, c’est au tour de Dexters de démontrer ce qu’ils ont dans le ventre. Les cinq gars de l’East London sont en terrain quasi conquis. Crossover des Jam, La's et Clash, ils n’ont rien à perdre et tout à prouver... et ils le savent. Approbation de Steve Morrison, batteur de The View, qui passera d’ailleurs tout le set sur le côté de la scène à siroter sa pinte, visiblement très content de la performance du groupe.
Enfin, le dernier groupe se décide à monter sur scène et la déception est à la hauteur de l’attente des fans qui attendaient maintenant les Dundonians. Trop eighties, que ce soit dans la musique, l’attitude ou les coupes de cheveux, le groupe passerait presque inaperçu si la salle n'était pas maintenant pleine à craquer et que la foule, massée sur les crash barriers, n'était pas forcée d’écouter. Trente minutes plus tard, le groupe s’éclipse, les roadies s’activent à débarrasser la scène et lorsque la batterie siglée apparait, c’est le signal que le groupe de Kyle Falconer est prêt à jouer.

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C’est enfin vers 21h30 que The View prennent la scène d’assaut. Premiers jets de bière (verres avec), premiers pogos, premiers slams, c’est au son de Glass Smash que le groupe fait son entrée. Pas de répit puisque le groupe va jouer presque vingt titres en une heure. Le batteur est en grande forme et visiblement ravi d’être là. Torse nu, il va asséner un rythme effréné à la setlist. Kieren Webster joue comme à son habitude les bassistes imperturbables pendant que Kyle Falconer – sobre - prouve qu’il est certainement le dernier vrai convaincu d’une certaine idée du rock anglais. Pete Reilly, quant à lui, est franchement barbu et passablement éméché. Ce qui ne l’empêche pas de jouer son rock hero.

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Avec Sour Little Sweetie, le classique Wasted Little DJs, Grace ou encore Underneath The Lights, Kyle Falconer va assurer une première partie de set sur les chapeaux de roue. La sécurité veille du haut d’escaliers transformés en perchoir avec vue imprenable sur la salle. Appareils photos, filles sur les épaules de leurs copains, pogoteurs un peu trop motivés ou encore couples trop démonstratifs, tout est scruté. Et recadré. La crainte d’une bagarre générale est prise très au sérieux et l’interdiction de filmer n’est pas qu’un simple conseil. Le public, quant à lui, est assez hétéroclite. Mélange d’adolescents, de pré-trentenaires et de sexagénaires rock'n'roll, ce petit monde semble se respecter et se regarder d’un œil bienveillant. Comme à leur habitude, Kieren Webster et Kyle Falconer échangent leurs instruments et leurs micros pour trois titres dont le très punk Skag Trendy et le très Libertines Hole In The Bed. Reprise en main pour AB issu de leur dernier album Cheeky For A Reason puis Tragic Magic, hymne à tous les piliers de bar.

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Même Bullet, pourtant titre calme et s’éloignant des codes habituels du groupe, réjouit un public maintenant prêt à se poser et à chanter en chœur. Ce qu’il fera sur Anfield Row, titre suivant et très inspiré par les Beatles. C’est avec Same Jeans, Superstar Tradesman, Shock Horror et Sunday en forme de feu d’artifice final que le groupe va conclure son set.

Soixante minutes intenses et sans rappel. A vingt-deux heures trente, alors que la foule quitte groggy la salle et tente de trouver un pub encore ouvert sur Camden Road, il semble clair que le malaise de l’industrie du disque a au moins eu la vertu de ramener sur le devant de la scène de vrais groupes live, dont le succès dépend uniquement de leur capacité à tourner et à fédérer une fanbase constante. Ce que The View sait indéniablement faire.