The Kills

The Kills à la Cigale : Round 2

Les Kills à la Cigale en Juin... certes la comparaison va être rapide et maladroite avec le concert d'il y a deux ans mais je vais tout de même la faire. Commençons par le groupe. Hotel a lâché des cheveux courts hérissés et son cuir revissé jusqu'au cou pour une mèche a la mode et une chemisette volée aux Franz Ferdinand lors du concert donné au Zénith l'an dernier. Pour le reste il n'a pas changé, et c'est rassurant. Quant à VV, personne ne sait ce qu'elle a consommé avant le concert mais cela l'a rendue comme une lionne en cage, enragée, tournant quand elle ne peut pas cracher ses paroles sur le frêle micro planté de son cote de la scène. Ca la rend plus chienne et plus vulnérable, tant mieux.

Le public lui aussi a changé. Il y a deux ans, c'était des vieux cons venant « à la cool » (j'ai piqué cette expression forte adéquate à mon camarade de gig), donc voir un OVNI musical.

- Tu vas où ce soir ?
- Voir les Kills !
- C'est quoi ça ?
- Un groupe de rock crasseux avec 2 grattes.
- Ah ça a l'air cool, je viendrais sûrement, de toute façon ce sera pas complet !

Concert complet cette fois-ci où les gens viennent voir Les Kills ! Deux ans de buzz et de tournées ça aide. Toujours autant de vieux cons... mais aussi plein de jeunes cons pour compléter le tableau.

Le concert lui aussi a inévitablement changé. Avant, le duo se fixait yeux dans les yeux dans une salle mal éclairée et tenait la salle en haleine sans jamais lui adresser un regard. Le public regardait la bave aux lèvres, comme s'il surprenait sa voisine au lit avec son nouveau flirt du moment. C'était intense, brut, et chacun regardait sans bruit de peur d'être surpris.

Désormais, la voisine est exhibitionniste (deux ans qu'elle fait ça non stop !) et est toujours avec le même flirt. D'ailleurs, pendant le concert, ils vous regardent et vous savez ce que vous allez voir.
Le concert est maintenant plus lumineux, fini l'ambiance tamisée. Il a fallu attendre I Hate The Way You Love pour les voir enfin s'échanger des regards et partager le même micro. Est-ce un mal ? Je ne pense pas, les choses sont juste différentes surtout si vous les aviez vu au même endroit deux ans avant.

L'infarctus est presque frôlé pendant No Wow, première chanson à faire saigner nos frêles oreilles. Ce titre est LE tube du second album où Hotel assène des rifs sur une foule excitée qui le lui rend bien par ses hurlements. A cet instant je me suis dit : « Non pas eux ! Pas ce public pour les Kills ! » Heureusement pour moi, cela n'a duré que le temps de la du premier titre. Tout le monde est resté mâchoire béante pour la suite... et quelle suite ! A la fois massive et tendre quand il le faut. The Good Ones, Kissy Kissy... Le son est monstrueux sur Passion Is Accurate avec une sorte de reverb métallique. Cette salle est vraiment faite pour eux. D'ailleurs ils nous dédicacent une chanson avant Rodeo Town puis nous offrent un final orgiaque. On en ressort poisseux d'une atmosphère chargée de houblon et de nicotine, les oreilles suintantes du rock brut et sans concession du groupe.

2005 est évidemment différent de 2003, mais toujours tellement bon. Différent mais tellement puissant. Différent mais tellement identique...
Quelqu'un a dit : plus les chose changent, plus elles restent les mêmes. Cette maxime est parfaite pour les Kills.