Gallops
And So I Watch You From Afar

Difficile en ce début de semaine de passer à côté du rendez-vous concert incontournable de la Maroquinerie : And So I Watch You From Afar, précédés des talentueux Gallops, ou comment faire une démonstration de virtuosité et confirmer, si tant est que ce soit encore nécessaire, que la musique instrumentale peut être dansante et pêchue.



Aux abords de la salle, aux alentours de 20 heures, alors que les spectateurs profitent de la douceur des prémices du printemps, on croit percevoir depuis les tréfonds de la salle des guitares qui vrombissent, signe que Gallops ne souhaitent pas perdre de temps ; en effet, lorsque nous nous laissons envelopper par la moiteur de l’endroit, les Anglais ont déjà débuté et semblent prêts à en découdre avec le public parisien.
A la croisée des genres, ils préfèrent ne pas choisir une direction franche, ce qui vaut un set à la fois léger et dansant mais sachant également se faire lourd. Passant allègrement du math-rock à des sonorités résolument plus électroniques, il ne leur faudra que très peu de temps pour convaincre un public pourtant novice pour la plupart. La dextérité du batteur sera l’objet des conversations à la pause et les avis alentours seront tous unanimes ; Gallops, bien que ne jouissant pas encore de la notoriété de leurs aînés, ont ce soir marqué les esprits grâce à l’originalité de leur jeu et la multiplicité de leurs influences.

La suite ne va, elle non plus, pas se faire attendre : après la sortie, il y a quelques semaines, de leur troisième album, All Hail Bright Futures, tout devenait possible quant au set d'And So I Watch You From Afar ; piochant à la fois dans le folklore caribéen et le rock bien gras, les Nord-irlandais étaient vivement attendus pour défendre sur scène les titres de cette dernière sortie encensée de toute part.



Leur entrée sur Eunoia, titre d’ouverture de All Hail Bright Futures, met déjà la salle en émoi et lorsque les guitares et la batterie résonnent sur les premières notes de Big Thinks Do Remarkable, c’est quasiment l’euphorie dans les premiers rangs. Déroulant, à l’identique, les quatre premiers morceaux du dit-album, force est de constater que le potentiel live espéré est bel et bien respecté. Ayant quelque peu délaissé le post-rock de leurs débuts, ils réussissent à amorcer avec brio un virage dangereux. Avec des moments plus légers et dansants tel que Like A Mouse, ou fédérateurs, tel qu’Ambulance, le risque paie aujourd’hui pour And So I Watch You From Afar, en témoigne la liesse des spectateurs. Néanmoins, ils n’en oublient pas pour autant leurs deux albums précédents et ce soir, ils nous font le privilège d’une setlist de haut vol : de BEAUTIFULUNIVERSEMASTERCHAMPION à l’habituel (mais cependant toujours aussi efficace) rappel sur Set Guitars To Kill, nous avons droit à la crème de la crème. A la technicité surprenante s’ajoutent une apparente jovialité et une bonhomie contagieuse. Là où des groupes comme Gallows peinent à reprendre leur souffle après le départ d’un de leurs membres, eux n’en éprouvent aucune difficulté.

Avec un final dans la fosse pour les deux guitaristes, c’est transpirant mais heureux que le public quitte l’antre aujourd’hui habitée par les quatre Irlandais. De tournée en tournée, And So I Watch You From Afar prennent de l’assurance et ce concert aura atteint des summums.