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alt-J

Paris, Maison de la Radio et de la Musique - 30 avril 2013

Live-report par Amandine

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Lors de notre première rencontre avec Alt-J, au printemps dernier, on avait pressenti que quelque chose de spécial se passait avec ces jeunes geeks ; les quatre garçons, visiblement encore peu à l’aise avec les médias mais d’une sympathie sans borne, nous expliquaient alors humblement le stress engendré par la sortie de leur premier album, An Awesome Wave. Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts et Alt-J sont devenus un véritable phénomène : radio, télé, presse spécialisée, ou plus généraliste, leur nom est partout et ceux que l’on avait découvert en premier groupe à la Flèche d’Or préparent désormais un Olympia. Tout va très vite pour eux et c’est ce soir le privilège du mythique studio 105 de la Maison de la Radio, celui-là même qui avait accueilli, à la grande époque des Black Sessions, Pulp, Radiohead, Gang of Four ou encore Grandaddy, qui leur est accordé.

La météo froide et humide ne semble pas avoir découragé les plus téméraires ; aux abords de la Maison de la Radio, certains invités, parapluies à la main et plantés telles de petites taches colorées dans la grisaille ambiante, attendent nerveusement que l’heure tourne.
Lorsque le bâtiment maussade daigne enfin ouvrir ses portes, tous se précipitent vers le Studio 105 afin d’agripper les meilleures places, aux premières loges, pour accueillir leurs nouveaux héros. L’enthousiasme, il y a un an encore, n’était pas aussi flagrant et il n’y a plus de doute possible : Alt-J sont bel et bien devenus LE groupe du moment. Bénéficiant d’une presse toujours très favorable et ayant attiré les regards grâce à leur magnifique premier album, ils ont conquis un public un peu plus nombreux chaque jour.

Annoncé comme le concert où il fallait absolument être, il devient difficile de cacher son étonnement et sa stupeur face à un engouement presque démesuré. Une fois les laïus habituels récités par les maîtres de cérémonie, arrive enfin le moment tant attendu : allons-nous constaté un changement dans la prestation scénique du groupe ce soir ? Nous avions laissé, il y a à peine une année, une formation quelque peu mal à l’aise face au public, préférant des sets assez courts qui leur permettaient de ne jouer que les morceaux qu’ils maîtrisaient parfaitement. En parfaits perfectionnistes qu’ils sont, rien n’était laissé au hasard et l’improvisation n’était pas de mise, préférant rester fidèles aux versions studio pour éviter l’écueil de l’improvisation. Force est de constater que tout cela appartient au passé. S’ils sont toujours aussi introvertis (bien que plus détendus et souriants que par le passé), on les sent ici chez eux et ils déroulent les titres avec une fluidité sans faille, se permettant même de changer quelques mélodies, pour créer la surprise chez les spectateurs ou pour se faire un peu plaisir (il faut souligner qu’Alt-J tournent maintenant depuis de nombreux mois et que leur répertoire ne leur permet pas encore de piocher des titres différents pour chaque date). Le groupe nous offre le privilège d’un nouveau morceau, Buffalo, mais c’est une fois encore Fitzpleasure et sa montée en puissance orgasmique qui fera son petit effet. Chez les spectateurs, Breezeblocks (ayant dépassé les dix millions de vues sur Youtube) et Matilda (d’une fadaise pourtant indiscutable) émoustillent et le groupe, sourire aux lèvres, repartira ravi d’une telle liesse.

De quoi pourrait-on blâmer Alt-J ce soir ? Le son était irréprochable, le lieu (même si les concerts assis restent toujours un peu frustrants) parfait, la setlist bien conduite, les mélodies toujours aussi belles et imparables, chaque note et harmonie parfaitement placée... Mais voilà, tout ceci manquait probablement de vie, de folie et de passion. On aurait aimé retrouver la fougue qu’ils nous avaient procurée précédemment, celle qui les distinguait de nombreux autres groupes de pop. La perfection n’est parfois pas ce que l’on recherche lorsque l’on vient assister à un live et aujourd’hui, c’est un set trop lisse que nous ont livré Alt-J, mais peut-on réellement le leur reprocher ?