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OMD

Paris, Trianon - 18 mai 2013

Live-report par Olivier Kalousdian

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C’était un soir de 1978, à Liverpool. Le Eric's Club, situé en face d'un lieu appelé The Cavern, où quatre garçons dans le vent firent leur début dans les années 60, accueillait une toute récente formation, Orchestral Manœuvres In The Dark. Initialement, le groupe avait accepté de se produire pour un soir et un soir seulement.

Nous ne sommes pas à Liverpool, mais à Paris. Ce ne sont plus les années 80, mais bien l'an 2013. Ce n’est pas l’automne comme le laisse présager le ciel plombé, mais bien le printemps ! Et pourtant, comment ne pas penser aux premières heures de ce groupe comme celles du mythique label Factory sur lequel, finalement, ils signeront quelques temps après, alors que trente-cinq années de carrière viennent de s’écouler à la vitesse d’une mélodie synthétique à jamais stockée dans nos souvenirs, aujourd’hui magnéto-ferriques et transportée par cette électricité qui n’a jamais cessé d’alimenter l’énergie de leur imagination et de leurs prestations.
English Electric, le douzième album du groupe sorti le 5 avril dernier, ne déroge pas à ce voyage dans ce passé futuriste ; il contient le meilleur de ce que le groupe proposait à ses débuts : un son synthétique, délicieusement passéiste et reconnaissable entre mille ; des mélodies new wave, parfois simplistes, mais terriblement dansantes, et un artwork tout en symétrie, pompé sur le courant industrialo-artistique des années 50 et réalisé par le célèbre graphiste Peter Saville.

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Ouverte sur ses deux balcons et dans un décor qui impressionne encore, trois ans après sa rénovation, la salle du Trianon affiche au trois-quarts complet. À nouveau réunis dans leur line-up originel composé d’Andy McCluskey, Paul Humphreys, Malcolm Holmes et Martin Cooper, OMD entrent en scène sous un accueil digne de leurs trois décennies de carrière, à 21h. Si les Doors tiraient leur son d’un jeu sans bassiste compensé par les lignes de claviers de Raymond Manzarek qui, le 20 mai dernier, a rejoint Jim Morrison au panthéon du rock, OMD, eux, jouent sans guitariste, mais avec deux imposants Roland X8. Celui de Martin Cooper et celui du bidouilleur sonore, Paul Humphreys, frère d’arme d’Andy McCluskey et chanteur de quelques pépites du groupe comme Souvenir ou Secrets.
Dans l’ordre d’ouverture de l’album English Electric, OMD lancent le set sur un Please Remain Seated de circonstances tant l’envie de bouger démange les jeunes comme les plus vieux. Suivi du redoutable premier single de ce même dernier album, Metroland, le public du balcon à du mal à garder la position assise. À bientôt cinquante-quatre ans, Andy en montre beaucoup moins et n’a rien perdu de son énergie ni de sa silly danse, sorte de gestuelle des bras incontrôlée dont l’incohérence permet, comme il l’annoncera pendant le concert, au plus grand nombre de se mettre à danser sans avoir peur du ridicule !

Lui et Paul connaissent l’importance du public Parisien et Français qui a porté, pendant toute une décennie, OMD au firmament des hits des pistes de danse dans les clubs les plus branchés de l’époque new wave. C’est sur Tesla Girls que le public se met à vraiment remuer et même à transpirer, malgré le temps extérieur. Sur Joan Of Arc, les projections graphiques de la pucelle d’Orléans sur les drapeaux tendus derrière la scène et les sonorités à la fois guerrières et folkloriques de ce titre héroïque manquent de faire trébucher Andy entré en transe sous le final de Cornemuse et de faire chuter un fan du balcon, mimant de trop prés sa danse épileptique.

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Obnubilés par les thèmes de la technologie, la science et l’énergie en général, OMD ont posé très tôt les bases de leur mojo : quel serait le son du futur ? En toute logique, Our System, ode aux voyages intersidéraux, et Kissing The Machine, titre composé avec Karl Bartok de Kraftwerk, tirés d’English Electric, font partie de la setlist. Une setlist sans surprises – hormis un Secret que le groupe ne tente que rarement – qui s’en termine avec l’incontournable Enola Gay étendu pendant plus de cinq minutes et qui voit le groupe quitter la scène sous la boucle de fond hypnotique du titre et la bronca d’une audience qui, tapant du pied, n’en a, de toute évidence pas fini avec eux !
Secret et le mythique Electricity sont au rappel et font chavirer toute une salle venue, avant tout, pour la nostalgie moderne d’une musique synthétique dépouillée et entraînante qui, décidément, n’appartient à aucune époque en particulier et à toutes les générations en général. Ce soir, si le passé ressurgit, c’est pour mieux rassurer sur l’avenir des musiciens qui, malgré deux siècles à eux quatre, continuent à composer, écrire et jouer des standards de ce futur antérieur empli de voitures volantes, de villes alimentées par l’énergie solaire et de colonisation du système solaire, tel que le voyait Stanley Kubrick.

Force est de reconnaître qu’en dehors d'Orchestral Manœuvres In The Dark, le monde est tristement passé à côté.
setlist
    Please Remain Seated
    Metroland
    Messages
    Tesla Girls
    Dresden
    History Of Modern (Part 1)
    (Forever) Live And Die
    If You Leave
    Night Café
    Souvenir
    Joan Of Arc
    Maid Of Orleans
    Our System
    Talking Loud And Clear
    Kissing The Machine
    So In Love
    Sister Marie
    Locomotion
    Sailing On The Seven Seas
    Enola Gay
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    Secret
    Electricity
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