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Is Tropical

Paris, Nouveau Casino - 30 mai 2013

Live-report par Olivier Kalousdian

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Difficiles à cataloguer les Is Tropical, si tant est que cela soit nécessaire. Les Inrocks, à l’occasion de la sortie de leur dernier album, I'm Leaving, produit par Luke Smith (Depeche Mode, Foals) annonçaient sur leur site web : « Is Tropical jouent une musique Mille-feuille, radieuse, bondissante et ludique. L’electro-pop des Anglais célèbre la réunification du pays des machines et de la contrée des guitares ». Une définition fourre-tout qui en vaut bien d’autres.

Après un premier album, Native To, dont l’accueil fut plus que mitigé, Is Tropical qui, comme leur nom l’indique, avaient pour ambition de compiler ambiances tropicales, rythmes éléctro funky et guitares en avant, reviennent en France et sur le devant de la scène au profit d’un clip scandale, Dancing Anymore ayant le buzz avec plus de deux millions de vues sur Internet.
C’est dans une salle du Nouveau Casino honorablement remplie, si l’on prend en compte les éléments déchaînés qui sévissent dans Paris en cette fin mai et qui n’incitent guère à sortir de chez soi, que le groupe londonien pénètre sur la scène d'une salle humide et moite de toute cette eau tombant à l’extérieur.

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Avec leurs looks improbables de hardeux et leurs cheveux longs tombant sur les épaules, Is Tropical ne sont pas à proprement parler un groupe visuellement à la mode. Naviguant entre électro exotique, funk expérimentale et guitares saccadées (Lover's Cave), Gary Barber, Simon Milner et Dominic Apa tracent leur propre route au milieu de la profusion de groupes anglais dont l’existence est, par essence même, reliée à Internet et à la geek génération. Un de leur premier single ne se nommait-il pas The Greek (un clip acclamé par Kanye West) ? Ils mettaient alors en avant, pour leurs compositions, la simplicité avant-tout.
Force est de constater qu’avec les nouveaux titres de ce second album joués ce soir, comme Cry ou Sun Sun, Is Tropical ont su rajouter quelques calques en plus sur ses compositions pour proposer des œuvres plus profondes et enrichies d’un sens qui faisait encore défaut sur leur premier disque. Sans le décor qu’on leur connaît d’habitude – de massives lettres illuminées rappelant le nom de leur groupe en arrière plan – et devant un public prêt à danser, mais pris à contre pied par leurs rythmes changeants (Toulouse), Is Tropical mixent allégrement les boucles issus des machines numériques, une basse très rythmée et des guitares prédominantes.

Stupéfaits. C’est le sentiment qui remonte de l’inconscience collective du Nouveau Casino quand, après quarante-cinq minutes à peine et moins d’une dizaine de titres, le groupe quitte la scène pour un premier rappel ! Pris de court par un set qui ne l’ était pas moins, le public siffle et tente de jouer le jeu pour rappeler à la barre des prévenus qui feignent de s’être fait la malle.
De retour après un bref interlude et rejoints sur scène par la jeune chanteuse anglaise Kristie Fleck interprétant, en studio comme sur scène, un des titres les plus intéressants de leur répertoire, le fameux Dancing Anymore, le public réagit au quart de tour aux premières mesures du clip porno-gamer qu’il a vu en boucle des centaines de fois – pour les garçons en tout cas – depuis sa sortie controversée le mois dernier. Un video clip original où l’on peut voir un adolescent se masturber en imaginant ses héroïnes de jeux vidéos préférées l’entreprendre comme elles entreprennent une base militaire, un volcan en éruption ou le méga boss cruel et surarmé de fin de tableau ; mais sans armes ni aucun vêtements.

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Mais, avec seulement deux titres de mieux après cette sortie de scène pour le moins prématurée et une attitude scénique qui ne restera pas dans les annales en termes de communication avec son public, Is Tropical ne font pas l’unanimité. Ressortis de scène moins de quinze minutes après le premier rappel, une boucle joue seule plusieurs minutes après la fin du set et manque de donner un espoir à ce public encore affamé qui voit là une nouvelle occasion pour le groupe de se refaire désirer.

Quand Simon Milner revient sur scène réparer son oubli et appuyer sur le bouton off de sa machine, le sentiment d’inachevé est prédominant, même chez les très jeunes des fans acquis à leur cause et qui forment, ce soir, le plus gros des troupes.