logo SOV

Man Like Me
Madness

Lyon, Nuits de Fourvière - 7 juillet 2013

Live-report par Olivier Kalousdian

Bookmark and Share
Lyon, capitale des Gaules ; chef-lieu de la gastronomie française ; deuxième centre administratif la France et pivot de l’art et de la culture en général tous les mois de juin et juillet avec son festival des Nuits de Fourvière.

Sur les bords de la Saône où le chef étoilé Paul Bocuse continue d’enchanter les gourmets à quelques encablures de la ville des soyeux, se trouve le quartier historique de Saint Jean. De là, grimpe, franchement une colline qui élève le pèlerin courageux jusqu’à la cathédrale du même nom d’où le Pape Jean-Paul 2 donna la bénédiction et le coup d’envoi d’un son et lumière de Jean-Michel Jarre resté dans les annales de la ville à tout jamais. Au sommet de la colline également, un peu plus au sud, les romains ont construit un amphithéâtre, en l’an moins quinze de notre ère sous l’Empereur Auguste. Terminé au deuxième siècle de notre ère, sous Hadrien, ce dernier portera sa capacité à dix mille places.

Quand l’histoire rencontre l’histoire, cela donne de remarquables rencontres programmées par ce festival que l’on nomme Les Nuits de Fourvière. Avec des artistes comme Patti Smith, Madness, Nick Cave And The Bad Seeds ou encore Woody Allen et son jazz band, ce festival étalé sur deux mois tient la dragée haute aux autres rencontres musicales et culturelles de l’été en France. Cinéma, danse, théâtre et concerts, le tout dans un amphithéâtre romain, sous le ciel étoilé de la vallée du Rhône... ce lieu possède tous les atouts nécessaires pour que les artistes, comme le public gardent ce court passage gravé dans leur tête.

Après deux ans de concerts quasi ininterrompus en Europe et dans le monde, Madness ne faiblissent pas, ne déclinent pas et mieux encore, ne se démodent pas. Les ingrédients de la recette sont, disons-le, imparables : originaire de la Jamaïque, le ska est un style musical rythmé et reconnaissable au contretemps marqué par la guitare, les claviers et parfois les cuivres. Avec un soupçon de nutty sound, suralimenté en reverb et issu des quartiers populaires du Londres de Tatcher relevé d’une pincée de légende construite autour de ce collectif datant de 1979, vous obtenez ces quatre-vingt-dix précieuses minutes pendant lesquelles le corps ne peut s’empêcher de sautiller et la voix de fredonner.
Redskins, quadras, quinquas et étudiants en avant d’un autre public, beaucoup plus nombreux, beaucoup plus sage et peu habitué aux concerts de rock, assis dans les gradins : voilà un mélange improbable de trois mille personnes qui prouve la portée et l’aura d’un groupe comme Madness.

SOV

Invité reconnaissant, de par le lieu et l'enjeu, le groupe anglais Man Like Me se voit confier la tache d'ouvrir le bal en cette chaude soirée d'été. Signés sur le label le plus approprié qu'il soit, Eurostar Records, ces Londoniens très en vogue ont démarré leur histoire sur des compositions taillées pour danser dans les clubs de Londres. Pop British revisitant l'acid house dans la plus grande tradition East London streets, Man Like Me va se confronter, non sans mal et malgré quelques chorégraphies rafraîchissantes, à un public difficile pour toute jeune formation face à des gradins scrutateurs très disciplinés à une fosse toute acquise et qui scande déjà le nom de Madness ! Repérés en France avec le titre London Town, les Man Like Me, à force de prestigieuses première parties, se forgent une identité mouvante et un son pas encore totalement défini.

SOV

Inévitable : Sous la bronca euphorisante qui remonte du public à l'entrée en scène des nutty boys, le set de Madness s'ouvre, comme toujours, sur un titre pourtant voué à figurer sur la face B d’un 45 tours en 1979, mais qui deviendra, finalement, le plus gros succès de l’histoire du groupe, One Step Beyond. Bien que dénué de tout texte, à l’exception d’une introduction et d’un refrain de trois mots, ce titre représente à lui seul 50% de la raison de la venue de la plupart des festivaliers. Une fois mis en jambe par les cuivres et le saxophone de Lee Thompson, les nutty boys déroulent les tubes passés, repris en chœur : The Prince (la face A du 45 tours en question), Embarassment, Bed And Breakfast Man, Shut Up... puis suivent les singles tirés de l’album de 2012, Oui Oui Si Si Ja Ja Da Da avec, My Girl 2, le déjà populaire, Never Knew You Name et Death Of A Rude Boy.
Bien sûr, les années passent en Angleterre aussi et si le flow, si fulgurant, des deux chanteurs est toujours le même, les jeux de jambes de Chas et Suggs faiblissent un peu ; il suffira d’un Take It Or Leave It, pour que le premier nommé donne du fil à retordre à tout un premier rang bien décidé à mimer ses idoles, le pas cassé et le coude remonté. La vieillesse, c’est dans la tête !

SOV

D’ailleurs, cette dernière n’a rien entamé du sens de la dérision d’un Chris Foreman qui, voulant rendre hommage au public lyonnais, entonne, seul le titre chanté par Edith Piaf, La Vie En Rose, en mauvais Français dans le texte. Dans sa version sonore signée pour Grace Jones, le titre qui résume à lui seul Paris et la France enchante littéralement la foule qui le reprendra en chœur, longtemps après que Chris Foreman ait lui cessé son assassinat culturelle !

Cette fois, le public des gradins est presque debout et le sera complètement quand les premières mesures de Our House retentiront. Il le restera jusqu’au rappel qui se clôturera par un Night Boat To Cairo, finissant d’achever les cuisses et les mollets de plus enjoués des fans du premier rang, drogués à la bonne humeur de ces dix lads là. It Must Be Love...