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Frank Turner

Paris, Divan Du Monde - 25 septembre 2013

Live-report par Amandine

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Le renouveau folk bat son plein depuis maintenant plusieurs années et à entendre les clones qui inondent nos ondes radio, on pourrait croire que le style est figé sur (au choix) : i) de jeunes minets au visage d’ange, la guitare acoustique coincée entre les doigts, en train de conter fleurette à la damoiselle en pâmoison ; ii) de vieux babas sapés comme Antoine et coincés quelques décennies en arrière. Dans les deux cas, le résultat est souvent formaté et soporifique.
Fort heureusement, certains échappent à la règle et restent saisissants et touchants tout à la fois, comme vont nous le prouver les artistes de ce soir.

Nous avions été prévenus : début des concerts à 20 heures sonnantes et trébuchantes et il valait mieux être à l’heure pour ne pas passer à côté de la première partie. Forest Pooky, nous le connaissions depuis des années maintenant ; petit dernier de la fratrie des Uncommonmenfrommars, nous l’avions découvert en tant que roadie sur les tournées de ses frères puis sur scène, avec The Pookies puis avec Ed, son frangin, au sein de Sons of Buddha. Aujourd’hui, il est seul sur scène et au lieu de sa pop punk habituelle, il nous propose une folk habitée et un brin cinglée. Vissé sur son tabouret, armé d’une barbe aussi fournie que celle d’un ZZ Top, Forest, comme à son habitude, est (ou semble tout au moins) totalement à l’aise et malgré une setlist visiblement peu préparée, il laisse à l’auditoire la chance de découvrir une partie de sa discographie aux paroles déjantées (I’ve been kidnapped by alien, they cut my hair). Après seulement vingt-cinq petites minutes, alors qu’il termine le dernier titre, il range la guitare dans l’étui et quitte la scène, rapidement, sous les applaudissements.

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Un concert de Frank Turner n’est jamais une surprise totale : nous savons que ce sera un bon moment, empli de convivialité, de bonne humeur et de partage. Cependant, prenant en compte les problèmes de santé du bel Anglais, l’ayant vu, il y a quelques semaines, arriver sur la scène de Leeds en fauteuil roulant et contraint, quelques jours auparavant, d’annuler des dates en Suisse, nous ne savions pas très bien si son dos lui permettrait de livrer un concert aussi brûlant qu’à son habitude. Accompagné de son groupe, The Sleeping Souls, il semble avoir réussi à déjouer le mauvais sort en décidant de ne pas solliciter le sujet de ses maux et de lâcher sa guitare. Il faut bien l’avouer, Frank Turner sans sa guitare acoustique, ce sera forcément une expérience à part et ce, même s’il a recruté un certain Dan pour pallier au manque. Il ne faudra toutefois pas penser que Frank s’assagira pour autant, en témoigne un début tonitruant sur I Still Believe.

Comme souvent, il fera l’effort de parler français durant toute la soirée et il commencera en annonçant que cette date parisienne signe le 1462ème concert de sa carrière. Comme nous nous y attendions, il s’excuse de ne pouvoir jouer de la guitare ce soir mais, en échange, nous gagnons tout de même quelques pas de danse immanquables. Malgré ses efforts pour dissimuler sa gêne, nous sentons que le folkeux est diminué physiquement, qu’il est plus essoufflé et pourtant, il continue à tout donner.

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Piochant allègrement parmi les titres les plus efficaces de sa discographie fournie, il nous permet tout de même de découvrir les versions live des compositions présentes sur Tape Deck Heart, dernier album en date. De la fougue d’un The Road, reprise en chœur par la quasi-totalité du public, à un très touchant Broken Piano tout en retenue, la palette de Frank Turner semble s’élargir au fur et à mesure des tournées.
Il prendra finalement sa guitare pour un bref rappel durant lequel il jouera, notamment, une reprise en français de Eulogy pour terminer par l’habituelle Photosynthesis. Comme nous pouvions le pressentir, c’est Four Simple Words, qui nous avait marqués par son côté cabaret, qui clôturera un set de près d'une heure quarante-cinq.

Malgré un physique en-dedans, Frank Turner s’est à nouveau démené pour créer un concert mémorable. Toujours aussi attachant et sympathique, nous avons pu remarquer que ses fans se font de plus en plus nombreux, pour la plus grande joie de l’Anglais.
setlist
    I Still Believe
    Try This at Home
    If Ever I Stray
    Losing Days
    Reasons Not To Be An Idiot
    Plain Sailing Weather
    Peggy Sang The Blues
    The Way I Tend to Be
    Wessex Boy
    Dan's Song
    I Knew Prufrock Before He Got Famous
    I Am Disappeared
    Glory Hallelujah
    Polaroid Picture
    The Road
    Long Live The Queen
    Recovery
    Broken Piano
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    Putain de Bordel de Merde
    Eulogy
    Photosynthesis
    Four Simple Words
photos du concert
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