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65daysofstatic

Paris, Nouveau Casino - 16 octobre 2013

Live-report par Julien Soullière

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En cette soirée du 17 octobre, carte blanche a été donnée à deux groupes qui, outre l’amour de la musique, partagent semble-t-il un goût prononcé pour les noms improbables et difficilement assimilables au premier coup d’œil: en tournée aux côtés de 65daysofstatic à travers toute l’Europe, les australiens de sleepmakeswaves ont l’honneur de les précéder sur scène ce soir, avec pour principal objectif de chauffer à blanc un public parisien réputé (à raison ?) trop sage.

Mission réussie, puisque nos post-rockeurs sont venus avec dans leur besace une poignée de titres puissants et mélodiques à la fois, ici parfaitement exécutés. L’occasion pour nous de nous assurer de la qualité de la sonorisation. Bonne nouvelle : elle est parfaitement réglée, de quoi mesurer pleinement l’amplitude des compositions proposées par les australiens, et nous rendre plus impatient encore pour la suite.

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Il est plus de 21h, et 65daysofstatic font enfin leur apparition. Étrangement, c’est Piano Fights qui sert d’apéritif ce soir. Étrangement, car c’est un morceau qui semble finalement peu adapté à l’exercice. Le titre est bon, difficile pour quiconque d’affirmer le contraire, mais il n’est clairement pas à sa place. « Le petit Matthieu attend ses parents à l’accueil ». A la limite, et comme à Stuttgart deux jours avant, il aurait peut-être fallu privilégier Heat Death Infinity Splitter, qui avait lui un véritable potentiel d’introduction, du genre à imprégner la salle d’une atmosphère lourde et tendue, propre à stimuler l’excitation, et à la faire monter encore et encore à mesure que les membres du groupe seraient apparus sur une scène noire de brume artificielle.

On dit ça, mais l’excitation va très rapidement atteindre un niveau difficilement avouable : désormais lancés, 65daysofstatic dégainent sans prévenir un Crash Tactics reconnaissable entre mille, qui, fier d’une batterie puissante et de salves électroniques alertes, va rapidement transformer le Nouveau Casino en piste de danse à ciel fermé. Les musiciens s’en donnent à cœur joie, n’hésitant pas à venir soutenir l’ami Robb Jonze aux percussions, et le public semble désormais s’apparenter à une armée de pantins dont les membres, frêles, seraient sollicités au bon vouloir d’un marionnettiste au penchant pervers. Pêchues elles aussi, Dance Dance Dance et Weak4 ne font qu’enfoncer un clou déjà bien rentré dans sa planche, symbole d’un set décidément bien engagé, et à l’image de ce qui restera comme l’opus le plus « dansant » du groupe (We Were Exploding Anyway).

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Passé cette entame particulièrement explosive, le rythme va brutalement s’effondrer. Tous deux issus de Wild Light, Prisms et The Undertow vont réussir à faire illusion, mais Install A Beak In The Heart That Clucks Time In Arabic et Sleepwalk City vont parachever la déconstruction de tout ce qui avait été érigé par 65daysofstatic jusqu’ici, plongeant la salle dans une léthargie qui ira jusqu’à en faire fuir certains, visiblement décontenancés par la tournure des évènements. Ça taille sec, et on a là de quoi ne préserver que les fans les plus inconditionnels. En fait, ce qui est sûrement le plus dommage, c’est qu’au-delà de la qualité des morceaux, et s’en aller jusqu’à dire qu’il aurait fallu en privilégier d’autres, la setlist montre des signes évidents de faiblesse, la faute à un déséquilibre flagrant.

Mais c’est quand on commence tout doucement à douter que les rythmiques implacables choisissent de nous revenir. Remis en appétit par le final de Fix The Sky A Little, deuxième rescapé de The Fall Of Math, la fin du set est assurée à la perfection, de la première note de Unmake The Wild Light aux dernières saturations du techno-futuriste Safe Passage.

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Le public, lui, ne peut que se féliciter de ce regain d’animosité, et si les applaudissements ne se sont jamais montrés chiches, voilà maintenant qu’ils semblent ne plus vouloir s’arrêter, allant jusqu’à provoquer une émotion palpable chez Joe Froe à la suite du somptueux Unmake The Wild Light, pièce maîtresse du nouvel opus du groupe, parfaite synthèse de leurs diverses influences, et qui selon les vœux du leader de la formation, représente « tout ce qui est arrivé au groupe depuis ses débuts ». Délicate ballade d’inspiration classique, comme la majorité des titres présents sur ce dernier album en date, Taipei nous offre une derrière fois l’occasion de souffler avant que Retreat! Retreat! et Radio Protector (et son piano complètement fou) ne viennent sonner l’heure du grand ménage de printemps.

Finalement, c’est comblé que l’on ressort de ce concert des trop rares 65daysofstatic, séduit par le professionnalisme du groupe, son implication, la qualité de ces compositions, et conscient qu’on ne les reverra pas de sitôt de par chez nous. Espérons que leur dernier opus en date, que d’aucuns décrivent comme leur plus accessible, trouvent son public, et nous fassent mentir en nous ramenant le groupe plus tôt que prévu.
setlist
    Piano Fights
    Crash Tactics
    Dance Dance Dance
    Weak 4
    Prisms
    The Undertow
    Install A Beak In The Heart That Clucks Time In Arabic
    Sleepwalk City
    Fix The Sky A Little
    Unmake The Wild Light
    Taipei
    Retreat! Retreat!
    Radio Protector
    Safe Passage
photos du concert
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