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Bastille

Paris, Casino de Paris - 10 mars 2014

Live-report par Olivier Kalousdian

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Les temps sont durs, la crise touche tout le monde (jusqu'à la frontière de Neuilly sur Seine), la pollution s'insinue sournoisement dans nos vies et nos poumons et l'avenir ne semble pas plus radieux.
Heureusement, il existe sur la planète rock, souvent sombre et torturé lui aussi, une république plus gaie et plus romanesque : celle de la pop positive. Un curieux pays dont les citoyens, jeunes et disciplinés, portent en signes distinctifs et de reconnaissances entre eux des bracelets fluo lumineux de toutes les couleurs. Ils ont pour guides spirituels des groupes comme Coldplay, Muse ou Bastille et ne conçoivent pas les concerts autrement que filmés via une myriade de smartphones à travers lesquels la vie semble plus nette et plus colorée. De même, pour ce peuple de la tendresse, qu'importe l'ivresse pourvu que le flacon soit joli et les chansons en mesure d'être reprises en chœur par l'intégralité de leurs comparses. Un monde moderne idéal, en somme.

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C'est au Casino de Paris qu'est reçu, ce soir, cette armada pacifique pour un concert à guichets fermés, comme souvent pour le groupe londonien Bastille. Nommé en hommage à la fête nationale française (Bastille Day en Anglais), le groupe de Dan Smith joue sur du velours dans ce vieux théâtre parisien avec un public totalement acquis et subjugué, dès les premières mesures de l'introduction, dominée par un extrait du This Love de Craig Armstrong. Avec des projections de film sur le rideau arrière de la scène, un à un les membres de Bastille sont ovationnés par autant de groupies qui ne ratent rien du spectacle, en léger différé vidéo, sur leurs iPhones. Dès les premières mesures de Bad Blood, la salle du Casino de Paris se transforme en immense dance floor festif et joyeux, oubliant les soucis d'étudiant jusqu'au lendemain. « Ho ho ho, ho ho ho », le refrain, pas si évident que cela si on y réfléchit bien, résonne de milliers de voix. Seule l'interdiction de fumer empêche la foule d'allumer des briquets et de se dandiner au rythme de leurs flammes sur Laura Palmer et, surtout, Oblivion, le slow obligatoire du soir. Dans Smith saute à pieds joints, la main en l'air battant la mesure en entamant le titre Icarus. Ce qui a pour effet de galvaniser, encore un peu plus, un auditoire déjà en transe.

Coupes parfaites, gueules d'anges et musique populaire... les mauvaises langues diront que le « rock » anglais à bien changé ces dernières années ; ce à quoi nous ne répondrons pas. Neutralité oblige. Le titre, Things We Lost In Fire reprend les recettes qui font le succès de Bastille : des paroles légères, une voix charmeuse mise en avant, des chœurs spécialisés dans les « ho ho ho » et quelques mesures de xylophone posées sur une composition électro-pop qui joue, essentiellement, sur des breaks et des envolées ; ici, tout est fait pour danser.

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À peine une heure s'est écoulée quand résonne le dernier titre du set, Flaws. Dan descend alors dans la fosse jouer avec la caméra qui retransmet le concert en arrière-salle et embrase l'imagination de centaines de jeunes filles en fleur. Bien sûr, le rappel est inévitable, calculé et structuré ; on ne laisse pas mille cinq cent fans partir sans une gratification de quelques titres et, notamment, deux des plus attendus ce soir, Of The Night et Pompei. Dire que la plupart du public de ce soir ne reconnaît pas, dans le titre Of The Night, le sample, pour ne pas dire autre chose de Corona et son hit dance de 1994, The Rythm Of The Night, serait franchir un cap désagréable pour les fans de Bastille. Quant à Pompeii, le tube aux échos montagnards « hé hé ho hé ho » calibré pour les spot publicitaires et les meeting politiques, il déclenche quasiment des malaises dans les premiers rangs et le service de sécurité entre enfin en scène pour tirer de là quelques adolescentes portant différents tee-shirts à l'effigie de leurs idoles, mais pas encore prêtes pour le grand bain.

La musique, c'est un peu comme la natation, on ne peut pas se lâcher tout de suite dans le grand bassin pour un cinquante mètres papillon. Il faut souvent en passer par un certain apprentissage avec des flotteurs et un bassin adapté. Trempés et quasiment en maillots, si la météo l'avait permis, la gente féminine et leurs petits copains quittent la salle du Casino de Paris, heureux et en fredonnant les refrains à peine éteints au loin. C'est bien tout ce qui compte en cette période de troubles et de difficultés.
setlist
    Bad Blood
    Weight Of Living, Pt. II
    Blame
    Laura Palmer
    Poet
    Overjoyed
    Laughter Lines
    These Streets
    The Silence
    Oblivion
    Icarus
    The Draw
    Things We Lost In The Fire
    Flaws
    --- Daniel In The Den
    Of The Night
    Pompeii
photos du concert
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