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Jungle
Beaty Heart

Paris, Nouveau Casino - 6 mai 2014

Live-report par Julien Soullière

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C'est avec les anglais de Glass Animals fermement calés sous les aisselles que la douceur estivale s'était conviée au Nouveau Casino la semaine précédente, et au vu de l'affiche du soir, on se dit que celle-ci ne compte pas quitter la rue Oberkampf de sitôt. Comme pour conjurer le mauvais sort, ce ciel qui en ce mois de mai ne semble pas encore être à la fête, ce ne sont pas moins que les joyeux drilles de Beaty Heart et les mystérieux Jungle qui ont été sommés de redonner un peu de couleurs aux visages des quelques dizaines de parisiens et parisiennes ayant répondu présent ce soir.

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Si leur pop psychédélique et chaude comme la brousse est encore confidentielle de par chez nous, Beaty Heart n'en ont pas moins déjà sorti quelques singles et EPs, et c'est à l'écoute de titres comme Kanutes Comin' Round et Seafood qu'a germé l'idée de leur prêter meilleure attention. Déjà aperçus à la Flèche d'Or en avril dernier (en première partie de Melanie Pain), nos jeunes anglais font cette fois-ci face à un public des grands soirs : si on ne sait toujours pas expliquer pourquoi, reste que le concert du jour affiche complet, et c'est face à une salle déjà bien noircie de monde que le groupe s'exécute, épaulé pour l'occasion par une choriste à la peau noire d'ébène.
Guillerette et emplie de ces sons qui rendent l'Afrique si belle, la musique de Beaty Heart est aussi très portée sur les percussions. Fûts et autres cymbales résonnent ainsi très fort, et se mélangent harmonieusement avec des accords de guitares foncièrement dansants et des vocalises de première fraîcheur, à la limite parfois de l'onomatopée. Pour autant, le tout manque cruellement de mélodies, de ce petit quelque chose qui nous amènerait à faire véritablement attention aux compositions du groupe, à les écouter plus qu'à simplement les entendre. Si les anglais, peu avares en sourires chaleureux, apparaissent comme éminemment sympathiques, musicalement, ils sont encore loin de nous avoir convaincus. Curieux de nature, nous poserons néanmoins l'oreille sur leur premier album, Mixed Blessings, attendu dans les bacs pour la fin du mois.

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Il faudra plusieurs minutes aux roadies pour organiser la scène de manière à accueillir comme il se doit la tête d'affiche du soir. L'estrade est ainsi truffée d'instruments, et se veut finalement le parfait reflet d'une salle où il ne subsiste que peu d'espace disponible à cette heure-ci de la soirée.
Énigmatiques, Jungle aiment à jouer avec les paradoxes et les concepts. Déjà, le nom du groupe renvoie plus à la ville dans laquelle ils vivent, Londres, qu'aux espaces verdoyants et sans fin auxquels on serait de prime abord tenté de penser : leur jungle à eux, urbaine évidemment, est elle aussi dense et riche de dissemblances, d'où cette musique à la croisée du funk et de l'électronique. Et puis, si les photos promo n'hésitent pas à mettre en scène tout et son contraire (un collectif, puis un autre, et parfois simplement deux hommes noirs en jogging), reste que les deux blancs-becs qui officient derrière les micros semblent constituer le noyau central de cette formation aux frontières vraisemblablement mouvantes ; sur scène en tout cas, outre nos deux Anglais 100% meat pies, qui au besoin savent aussi bien manier les claviers que la guitare et la basse, on retrouve deux choristes, un batteur, et percussionniste, et un guitariste supplémentaire : la photo promo sur laquelle un groupe des plus disparates se met en scène de part et d'autre d'une Ford de couleur dorée semble donc être la plus proche de la réalité.
Enfin, et c'est là tout à leur avantage, la musique de Jungle est à la fois accessible, pour qui ne veut pas trop se poser de questions, et suffisamment riche de détails pour satisfaire ceux qui ne peuvent s'empêcher d'être tatillons. On tient là du divertissement bien mené, intelligent, et qui laisse un joli goût d'été dans la bouche. Le public ne s'y trompe pas : certes, il faudra attendre quelques minutes avant que celui-ci ne se lâche complètement (ce fameux temps de chauffe), mais tout prendra bientôt l'air d'un joyeux foutoir, où l'esprit bon enfant des uns ne sera là que pour amplifier la motivation des autres.

De Lucky I Got What I Want, en passant par le tubesques Time et Busy Earnin (gardé bien au chaud en marge de l'unique rappel proposé par le groupe), le set ne connaitra aucun temps mort, conduit par un groupe désireux de se donner sans compter. Une chance, car une fois n'est pas coutume, le bonheur sera de courte durée. Quarante petites minutes seulement et puis s'en vont. Ce fût bref, mais surtout intense. Du coup, on attend le premier album de pied ferme: ce pourrait bien être l'une des révélations de cette année.
setlist
    BEATY HEART
    Non disponible

    JUNGLE
    Smoking Pixels
    The Heat
    Lucky I Got What I Want
    Son Of A Gun
    Drops
    Time
    Julia
    Busy Earnin
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    Platoon
photos du concert
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