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The Divine Comedy

Lyon, Nuits de Fourvière - 14 juillet 2014

Live-report par Cyril Open Up

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Ce soir, c'est jour de fête au Grand Théâtre de Fourvière et pas uniquement parce qu'il s'agit du jour de la Fête Nationale ! En ce 14 juillet 2014, à notre arrivée à la gare SNCF de Lyon Part-Dieu, notre première, très terre à terre, préoccupation sera d'ordre météorologique, suite à la succession d'intempéries qui aura secoué la ville rugissante ces dernières semaines. L'inquiétude est vite balayée, c'est un ciel d'un bleu céleste habillé de quelques petits nuages qui nous accueille. En ce jour festif, il s'agit de ne pas être en retard puisque les concerts débutent une heure plus tôt que d'habitude afin de laisser place dès 22h30 aux fusées explosives de toutes formes et couleurs. Pour ce qui est du programme musical, c'est l'occasion de se voir proposer un plateau d'exception réunissant le maître de la pop et son disciple, le professeur et son élève.

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Deux ans après avoir charmé le mitoyen théâtre de l'Odéon en solitaire derrière alternativement son piano et sa guitare, Neil Hannon revient en terre lyonnaise délivrer la bonne parole de The Divine Comedy. Le public d'une moyenne d'âge certaine pourra se reposer à sa guise puisque toutes les places sont en position assise, que cela soit dans les gradins ou dans la fosse où quelques rangées de sièges en plastique ont été dressées. Même si la date ne fait pas le plein, l'affluence est plutôt bonne. Alors que s'annonce enfin la sortie d'un onzième disque pour l'année prochaine, l'élégant et costumé Neil vient reprendre ses marques lors de quelques rares dates estivales. Après avoir évolué seul depuis de nombreuses années, Neil s'est cette fois-ci entouré d'un batteur, d'un guitariste, d'un bassiste et d'un claviériste afin de piocher dans son imposante discographie et ainsi donner une nouvelle vie à un florilège de ses meilleures compositions.
Tout sourire, Neil Hannon, lunettes de soleil vissées sur le nez et un ballon de rouge à la main prend place devant les vestiges de colonnes romaines tout en s'exclamant « c'est la Divine Comedy, quelle surprise ». Comme à son habitude, il s'excuse de ne pas avoir pris de cours de français et promet d'y remédier lors de son prochain passage en France. La running joke est désormais bien rodée et l'on se doute bien que cela ne sera toujours pas le cas pour son concert à la Philharmonie de Paris l'année prochaine. Il apparaît en revanche plus sincère lorsqu'il évoque tout l'honneur que cela représente pour lui d'ouvrir la soirée pour le grand pianiste et compositeur américain de quarante deux ans son aîné, Burt Bacharach.

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L'exquise pop de chambre un rien baroque de la formation promène nos esprits et les entraîne vers des cieux célestes et majestueux. Les titres de The Divine Comedy possèdent ce charme suranné d'une vieille maison de campagne où l'on prend plaisir à remettre les pieds. Le crooner passe en revue l'ensemble des périodes de son répertoire. De When The Lights Go Out All Over Europe à At The Indie Disco pendant lequel le public frappe dans les mains plus ou moins en rythme, la formation en quintet permet de mieux rendre justice à la qualité musicale des morceaux tels qu'ils sont sur les disques et qui était quelque peu gommée lors de ses prestations en solo ces cinq dernières années. Le dandy se concentre essentiellement sur le chant se sentant, de son propre aveu, nu sans sa guitare, ni son piano.
Tout le talent d'écriture de l'irlandais parle de lui-même à l'écoute de titres comme la ballade Everybody Knows (Except You) ou la plus enjouée Generation Sex. Ce mélange d'instruments classiques, de mélodies désuètes et du chant à mi chemin entre le mode déclamatoire et la joyeuse ritournelle fait dodeliner de la tête les rangées du Grand Théâtre romain.
Avant d'entamer Love Songs, Neil réitère son admiration pour Burt Bacharach en déclarant que la meilleure chanson au monde est Alfie. Sur l'insistance du public, il entonnera quelques couplets du morceau. Neil salue le « lovely weather » qui règne en maître ce soir. Avant de se lancer dans ses deux joyaux que sont A Lady Of A Certain Age et Mutual Friend, Neil plaisante en mentionnant qu'il ne s'agit pas de National Express. Ces deux monuments mêlant humour et mélancolie culminent au sommet des meilleures chansons écrites. L'émotion s'empare des travées du théâtre qui écoute religieusement le premier climax du concert. Le second ne tardera pas avec la succession de l'attendu National Express et de l'acclamé hymne Tonight We Fly au cours duquel quelques spectateurs n'y tiennent plus, quittent leurs singes et viennent s'agiter devant la scène. Neil déclare qu'il passe la plus belle soirée de sa vie. Une pluie de coussins jaillit des rangées du théâtre. Neil nous encourage à en garder quelques uns pour Burt et prend congés après une petite heure enchantée.

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Entouré de sept musiciens et trois choristes, le compositeur et pianiste Burt Bacharach prend possession des lieux à 21h00. Il s'exprime en français et nous fait part de l'honneur qu'il a de se produire dans ce beau lieu. Il salue au passage deux retardataires qui se faufilent entre la scène et les rangées de sièges. Burt va égrainer une bonne partie de son répertoire dans l'heure et demie qui lui est dédiée. Les choristes toutes dents blanches dehors reprennent les chansons emblématiques donnant un petit côté karaoké un peu désagréable. Le retour du medley, succession de couplets et refrains de plusieurs morceaux, ne nous séduira pas plus. Si l'on ne renie pas du tout la qualité de titres comme Don't Make Me Over, I Say A Little Prayer ou Walk On By, interprétés à l'origine par Dionne Warwick, l'ensemble revêt un caractère beaucoup trop « à l'américaine » qui ne nous touche pas et nous fait un peu passer à côté de la fête que ce concert devait être.
Burt, successivement assis ou debout derrière son piano, remercie Mike Myers grâce auquel il est devenu un héros pour les jeunes de sept ans avec le film Austin Powers. Cela sera l'occasion de revenir sur les chansons qu'il a composées pour le cinéma telles que What's New Pussicat ?, The Man Who Shot Liberty Valance ou Raindrops Keep Falling On My Head qui sera même rejouée une seconde fois lors du rappel. L'émotion est à son comble lorsque le moment du titre Alfie tant attendu par Neil Hannon (qui versera au passage une petite larme en l'entendant) vient. C'est Burt Bacharach, seul au piano, qui s'exécute et le moment de grâce tant attendu se produit enfin, alors que la fin du concert approche.

Salué par le public en liesse, Burt Bacharach, tout sourire, remercie ses musiciens et choristes et laisse place à une nouvelle volée de coussins verts aussitôt suivie par l'explosion de fusées rouges, vertes, blanches, jaunes ou bleues pour le traditionnel feu d'artifice de ce jour de fêtes.
setlist
    When The Lights Go Out All Over Europe
    Everybody Knows (Except You)
    Generation Sex
    Bang Goes The Knighthood
    Have You Ever Been In Love
    Charmed Life
    At The Indie Disco
    Songs Of Love
    A Lady Of A Certain Age
    Our Mutual Friend
    Becoming More Like Alfie
    National Express
    Tonight We Fly
photos du concert
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