FAMY

Paradoxalement, la salle de l'Espace B atteindra ce soir son pic d'affluence au cours de la première partie, assurée par Nick Hakim, un jeune américain plaisant, aux airs de Mac DeMarco mais en solitaire, en un peu moins fou, et en un peu moins bon, du coup.

L'attraction de la soirée reste donc les anglais de FAMY, jouant presque à domicile devant un public averti, connaisseur et amical, qui lancera à plusieurs reprises des « chan-mé » auxquels le chanteur Bruce, coutumier du français – et bientôt de sa facette la plus riche : le verlan – répondra par des « ci-mer » et un « wesh la FAMY ».



Il est 22 heures quand Aux Armes retentit dans la salle, accompagnant la montée sur scène du chanteur qui reprend les paroles en chœur avant que tous les musiciens ne le rejoignent. Une fois au complet la formation enchaîne assez rapidement en fondu avec Donkey puis Barbie Girls suivant l'ordre des chansons de leur premier album. Guère satisfait de l'attitude attentiste du public et de la taille de la scène, le bassiste profite de ces deux morceaux dynamiques pour se glisser dans la fosse afin d'éveiller la foule. Trois chansons sont déjà passées et le groupe continue de s'en tenir au tracklisting de l'album : la sublime Eileen envoute la salle, le public conquis est à la messe, le chanteur démontre la richesse de sa voix, maîtrisant à la perfection ses aigus et le bassiste nous gratifie des chœurs religieux déjà entendus sur l'album, toutefois un peu trop timides.



Très discret sur la gauche de la scène, le lead guitariste n'en est pas moins très efficace – encore que son volume soit assez faible –, ses effets sont aériens et donnent une véritable profondeur au set. Le batteur coincé au fond apporte une énergie bienvenue sur Arjun notamment tandis que Bruce continue de mettre en avant toute l'étendue de son talent, emmenant sa voix dans des tonalités toujours plus aiguës pour la plus grande admiration et satisfaction du public.
History Lesson Pt. III, chanson issue de leur dernier EP Donkey, constitue la première entorse à une setlist jusque là calquée sur l'album. Le style est lui aussi quelque peu différent, le chanteur abandonne sa guitare et remplace sa tonalité aiguë pour parler, suivi des musiciens qui jouent tous assis.

Ce ernier entame ensuite Ava Epilogue, extrait de l'EP Ava, seul avec sa guitare et sa voix, une véritable ballade. Le calme est complet dans la salle puis il est rejoint tour à tour par les autres membres qui se relèvent progressivement en même temps que l'intensité de la chanson. Le concert s'achèvera sur le single Ava : reverb poussée à fond, chœurs (enfin) puissants... la salle plane et se laisse aller au gré de la batterie lourde, du rythme saccadé des guitares et de la voix incroyable de Bruce. Et la musique retombe soudainement, les FAMY quittent la scène mais les chœurs résonnent encore et le public continue d'ailleurs de les fredonner.



Malgré un set rapidement exécuté, probablement trop, FAMYont réussi à envoûter la salle. Seuls points noirs: un guitariste trop en retrait et une setlist calquée sur le tracklisting de leur premier album. Pour autant les morceaux restent excellents et prennent une dimension toute autre en live. Ils sont d'ailleurs encore dans les esprits de chacun à la sortie du concert. « Partout et toujours, seuls contre tous », FAMY ont déjà repris leur route.