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Eaux

Paris, Espace B - 30 septembre 2014

Live-report par Julien Soullière

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Ce soir, les Parisiens étaient partout. Au Zénith pour le come-back des Libertines, devant leur télé pour suivre les pérégrinations de l'équipe de football du Paris Saint-Germain face à l'ogre barcelonais, au restaurant pour fêter un anniversaire, des retrouvailles ou un contrat de travail inespéré.
Ils étaient partout, partout sauf à l'Espace B qui ce soir a échoué à attirer le chaland : dans l'arrière salle du 16 rue Barbanègre, c'est une poignée d'individus tout au plus, ni trop proches de la scène, ni trop éloignés d'elle, qui accueillent les restes du Sian Alice Group, presque gênés par tous ces vides non comblés.

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Mais il en faut plus à Sian Ahern, Ben Crook et Stephen Warrington pour s'avouer vaincus. Sans trop s'attarder sur la faible affluence du soir, le trio se scinde rapidement en trois pour mieux occuper l'espace scénique ici offert : chacun derrière sa console, Warrington et Crook (qui grattera à l'occasion quelques cordes) se placent de part et d'autre de la chanteuse qui sera alors seule à nous faire face, les deux bonshommes préférant se regarder dans le blanc des yeux.
Façon de parler, bien sûr, car leur attention se portera surtout sur les nombreux éléments (boutons, touches, variateurs...) qui parsèment leurs gros jouets de plastique et d'acier : têtes baissées, Warrington et Crook n'auront de cesse de balancer beats gras et autres effets psychédéliques au travers desquels la voix angélique d'une Sian Ahern en transe tentera tant bien que mal de se frayer un chemin. Au risque, parfois, de ne pas se montrer tendre avec nos frêles oreilles, tant celle-ci sait se monter haut dans les aigus.

Sous ses airs d'opéra new age, le set ne tournera heureusement pas à la démonstration vocale, et les mantras ici récités sauront très majoritairement s'intégrer dans ces flots d'effets ininterrompus.

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Si elle apparaît comme moins féroce et magnétisante que celle jouée par Fuck Buttons, la musique d'Eaux se veut néanmoins vénéneuse, tout autant dansante que menaçante, et surtout elle se joue fort, très fort. De quoi crayonner une chape de plomb autour d'un auditoire monolithique, d'autant que des projections pugnaces et aux couleurs variées sont également de la partie. Tout ceci se révèle en tout cas efficace, et la faible durée du set (quarante petites minutes) est pour une fois un considérable atout, venant compenser le manque d'énergie qui se dégage d'une salle vide de public et l'incapacité pour le groupe de se déployer complètement dans un environnement si modeste.

Il est un peu plus de 23h quand les enceintes terminent leur discours, relayées dans la seconde par quelques applaudissements discrets, mais néanmoins sincères. Eaux repartent comme ils sont venus, à bord de leur van blanc, en parfaits anonymes, ou presque. S'ils n'auront pas livré la performance du l'année, on leur souhaite quand même bien du courage pour la suite, et des auditoires un peu plus fournis.