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Gruff Rhys

Paris, Point Éphémère - 15 octobre 2014

Live-report par Mélodie

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Connaissez-vous John Evans ? Et le prince Madoc ? Gruff Rhys nous les présente dans une étonnante et rocambolesque épopée musicale complètement loufoque mais diablement plaisante. Un sacré beau programme pour la nouvelle édition de la soirée Bim Bam Boom au Point Ephémère à Paris.

La salle est plutôt bien remplie et se met doucement dans l'ambiance avec Swearing At Motorists qui assurent une première partie axée sur l'humour et l'autodérision. Si l'américain ne séduit pas plus que cela avec sa musique, il a au moins le mérite de tous nous faire sourire et d'installer un climat très chaleureux.

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Dans tout bon spectacle, l'entrée en scène du personnage principale est un moment clef. Gruff Rhys l'a bien compris et c'est avec stupeur que le public découvre l'ex-Super Furry Animals caché sous une tête de ce qui semble être un loup, et une pancarte à la main représentant un curieux personnage. Par ailleurs, il est important de noter qu'il porte également un gilet de sauvetage. A mi-chemin entre le Cheyenne et l'hôtesse de l'air, Gruff Rhys nous indique les modalités de sécurité avant de déclarer le début du spectacle qui commencera par un film de quelques minutes retraçant l'histoire d'un dénommé Madoc, un Prince Gallois du XIIIème siècle qui aurait découvert en premier les Amériques. Quant au personnage sur la pancarte, il s'agit de John Evans, un légendaire ancêtre gallois dont Gruff Rhys va nous conter les aventures.

Ce dernier s'éclipse, laissant le public face à un écran géant. Un début de concert plutôt atypique, mais soit, chacun fait comme s'il était au cinéma. Le ton de la soirée est donné et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Dès lors que le film est fini, Gruff Rhys revient sur scène et s'installe sur une chaise. Il ne touche pas à sa guitare mais effleure une tablette qui transmet à l'écran des photos et textes loufoques retraçant le périple de ce curieux John Evans. Un peu à la manière de Neil Young et de son album Greendale s'appuyant sur un film pour donner un visage aux personnages de ses chansons, Gruff Rhys a imaginé tout un récit et une mise en scène à son album American Interior. Comme dans un vrai spectacle, l'anglais se plaît à devenir le narrateur d'une formidable fresque illustrée par des photos, du texte et surtout les chansons de l'album disséminées de-ci, de-là. Le tout est évidemment un condensé d'humour qui captive complètement l'auditoire. Il faut dire que John Evans existe vraiment sous les traits d'une poupée mise en scène sur les photos et que le gallois nous présente même sur scène, le temps d'un court interlude.

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Ce spectacle-concert est très difficile à juger. D'un côté, on est emporté par la folie de son auteur qui nous fait rire et qui présente son travail avec passion et de manière ludique, et d'un autre côté, on n'a pas le sentiment d'assister à un concert, les chansons, ne figurant finalement qu'au deuxième plan. Car il faut avouer qu'au bout d'un certain temps, les jambes fatiguent. Même si le tout est un vrai chef d'oeuvre, on est un peu frustrée lorsqu'une chanson se termine. Parmi les pépites de ce soir, il faut noter Allweddellau Allweddol qui sonne comme un chant tribal, ou l'éponyme American Interior.

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Après nous avoir conté les aventures de John Evans (achevées tragiquement), Gruff Rhys revient pour un rappel plus classique, où la marionnette est troquée contre un harmonica. Le concert se clôt sur des morceaux choisis de son répertoire, ce qui ravit le public qui semble connaisseur.

Cette Bim Bam Boom nous a proposé ce qu'il y a de plus atypique. Gruff Rhys a prouvé qu'il était un immense artiste avec plusieurs cordes à son arc. Il est très rare qu'un album soit aussi bien interprété sur scène. Son épopée musicale a enchanté la salle et donné envie de croire à l'hypothèse de la découverte des Amériques par un gallois.