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Palma Violets

Paris, Cigale - 14 novembre 2014

Live-report par Amandine

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Soirée bien chargée que ce vendredi soir à la Cigale de Paris avec pas moins de quatre groupes venant faire l'apologie d'un rock plutôt crasseux et sans fioritures.
Comme chaque année, le Festival Les InRocKs Philips propose une programmation alléchante, les jeunots côtoyant souvent les plus grands ; on retiendra, pour cette mouture 2014, Damon Albarn, Baxter Dury, The Jesus and Mary Chain, Royal Blood, Eagulls ou encore Circa Waves. Ce soir, si une véritable tête d'affiche ne se détache pas, c'est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouverons les déjantés Palma Violets ainsi que Parquet Courts.

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La soirée débute, comme à l'accoutumée, à 19 heures précises, devant une fosse clairsemée. C'est Benjamin Booker qui ouvre le bal et le jeune homme, tout droit venu de la Nouvelle-Orléans, va largement puiser dans les racines du rock et du blues made in USA. Dans une formation en trio basse/guitare/batterie, Benjamin Booker couvre la salle de son timbre éraillé, ne perdant pas son temps en banalités et autres politesses. Les fins de titres sont parfois abruptes mais les accents blues font leur petit effet et le public apprécie.

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À peine une trentaine de minutes et voilà que le set arrive déjà à sa fin, laissant place à d'autres Américains, un peu plus excités. Dans la fougue de leur post-adolescence, The Orwells débutent pied au plancher. On retient d'eux leur prestation décomplexée chez Letterman et leurs déclarations fracassantes au sujet d'Arctic Monkeys (comparant la bande d'Alex Turner aux Backstreet Boys) mais que valent vraiment les gamins rebelles devant un parterre tel que la Cigale ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que Mario Cuomo, le chanteur blondinet, fait le show ; sa gestuelle calibrée manque cruellement de naturel et il semble plus être là pour le spectacle que pour chanter, même s'il fait le job. Musicalement, les trentenaires peuvent fermer les yeux et entendre un de ces groupes 90's diffusé sur Fun Radio et n'ayant jamais survécu à la décennie : mélodies simplistes travaillées autour de trois accords mais diablement efficaces, voix éraillée à la Cobain. C'est loin d'être désagréable, quoique déjà vu mais nous aurions aimé un peu plus de simplicité dans l'attitude.

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Les prochains à monter sur scène sont à peu près l'exact contraire. Tout en austérité, Parquet Courts vont délivrer un set tantôt nerveux ou plus en finesse. Le son prend d'un coup plus de place, se durcit. Comme à leur habitude, ils enchaînent sans silence et réussissent à pulvériser la jauge de charisme sans en faire des caisses. De l'explosif Sunbathing Animal à Master Of My Craft, en passant par Borrowed Time, tous les brûlots punkisants y passent. Le chant autant que les riffs de guitare prennent une allure démente ; on entend dans une cacophonie monstrueuse le refrain de Runaway Train de Soul Asylum mais ce n'était qu'un court intermède avant de se ruer sur la six cordes, hurlant comme un beau diable.
Décidément, comme ça avait déjà été le cas lors du Berlin Festival l'an dernier, Parquet Courts ont réussi un quasi sans faute ; pourquoi quasi ? On aurait aimé entendre Stoned And Starving et voir le joli matou du vidéo clip de Sunbathing Animal.

Dans l'indifférence générale, alors que le rideau de velours rouge est encore fermé, un couple s'avance ; le jeune homme, armé de sa guitare acoustique, entame une folk song, accompagné par une demoiselle visiblement impressionnée par la foule présente ce soir. C'est mignon, jusqu'au moment où ils décident de reprendre There Is A Light That Never Goes out dans une version insipide. Par pitié, arrêtez de vouloir reprendre ce genre de classiques si vous n'avez pas le charisme d'un Morrissey... L'intermède découverte repart aussi vite et discrètement qu'il n'était venu.

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À chacun son groupe fétiche, et si pour nous le grand moment de la soirée vient de se dérouler avec Parquet Courts, une bonne partie du (jeune) public semble bel et bien présent pour applaudir les bad boys de Palma Violets. À leur arrivée, ils sont ovationnés et les jeunes filles semblent sous le charme des britons. Si leur single Best Of Friends a été un énorme succès, leur album, 180, s'était avéré quant à lui beaucoup plus inégal, certains titres comblant visiblement les vides et lors de notre dernière rencontre live, il en était ressorti un concert somme toute semblable, avec de beaux moments mais aussi quelques longueurs.
Si l'on compare à leur prestation lors de l'Album de la Semaine à leurs débuts, Palma Violets ont parcouru beaucoup de chemin. Ils ont certes perdu un peu de la fougue d'alors mais ils ont indéniablement gagné en qualité et en prestation scénique. Chilli Jesson s'est quelque peu assagi (ou a décidé de réduire sa consommation de substance énergisante, au choix), a perdu de son arrogance et harangue désormais moins la foule, sans pour autant être devenu statique. Les morceaux sont rodés mais énergiques et euphorisants, tout au moins pour les plus punk d'entre eux ; en effet, on retrouve une fois encore, dans leurs compositions plus posées, une pointe d'ennui. Cependant, il faut leur reconnaître que lorsqu'ils partent dans leur foutraque punkisant, le résultat ne se fait pas attendre et leurs morceaux teintés d'accents Brixton et Clash deviennent les hymnes fédérateurs d'une jeunesse acquise corps et âme à leur cause.

Le festival des InRocKs Philips nous aura cette année permis d'avoir une bonne dose de rock crade dans la face avec Palma Violets et Parquet Courts. Les deux formations, dans des styles et des attitudes différentes, auront transformé la Cigale en défouloir de fin de semaine, pour notre plus grand plaisir.