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Nimmo
Cloud Boat
Circa Waves

Paris, Boule Noire - 15 novembre 2014

Live-report par Xavier Ridel

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Tandis qu'une dense foule se presse devant la Cigale en prévision de la prestation de Baxter Dury, seules quelques personnes se tiennent devant La Boule Noire. Au programme du jour, trois jeunes groupes anglais découverts lors de cette année 2014. En ce samedi soir de novembre, le Festival Les InRocKs Philips a choisi de jouer dans la cour de l'éclectisme, offrant aux spectateurs trois concerts aussi variés qu'intéressants.

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Ce sont Cloud Boat qui ont pour mission d'ouvrir la soirée devant un public clairsemé mais attentif aux plages atmosphériques du duo britannique. Les deux hommes, qui ont joué dans le club lynchien du Silencio quelques jours auparavant, sont assis. A leurs pieds une jolie palette de pédales d'effets et de machines en tout genre est déployée. Dès l'introduction de Hideaway, les musiciens plongent les spectateurs dans un état de profonde léthargie, chose plutôt agréable. Leurs ambiances rêveuses, la voix haut perché du chanteur, les guitares noyées dans la reverb et l'écho, toutes ces choses combinées donnent l'impression à chacun de flotter dans l'air comme des particules dansantes.
Mais voilà, au bout d'un quart d'heure, les personnes présentes commencent à se gratter le menton, à tapoter du bout de leurs chaussures ou à aller se chercher à boire. Cloud Boat jouent de la belle musique, c'est certain. Mettre le public dans un tel état d'apesanteur n'est pas chose simple, distiller de si jolies mélodies non plus. Mais les anglais semblent oublier une chose importante : l'homme a besoin de gravité et de quelques rythmes auxquels s'accrocher. Ainsi, si les premières minutes de plongée dans le cosmos sont infiniment agréables, l'ennui pointe rapidement le bout de son nez aigri. Leur single Carmine réveille les esprits le temps de quelques minutes avant que ces derniers ne sombrent à nouveau au coeur du trou noir. Et l'attitude des musiciens, amorphes, n'arrange pas les choses. Assurément un bon groupe, donc, mais nous préfèrerons écouter leurs deux albums en contemplant les cieux plutôt que de regarder le duo se bercer dans un bain d'introspection.

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Après une entracte d'un quart d'heure, c'est aux jeunes Londoniens et Londoniennes de Nimmo de raviver la flamme de la Boule Noire. Le public est encore peu au rendez-vous, les deux chanteuses au look androgyne entrent en scène après que leurs musiciens aient débuté le set. Peut-être un peu présomptueuses pour un si jeune groupe à la popularité encore loin d'être établie, mais les protégées de l'écurie Kitsuné font taire tous nos préjugés dès qu'elles débutent leur concert. Leurs voix se mêlent à la perfection, le son est excellent. Des beats brutaux se marient à des synthétiseurs analogiques et clouent le spectateur ébahi au sol, tandis que la guitare de la chanteuse et les cordes vocales des deux frontwomen nous enjoignent à quitter notre chère planète.
Une multitude d'influences nous vient en tête : Two Door Cinema Club, The XX, La Roux... Mais Nimmo ne se contentent pas d'imiter ces susnommés groupes. Les anglais semblent avoir absorbé la musique des autres comme une éponge passée sur différents liquides, distillant ensuite un parfait mélange de ces derniers. Leur single Jaded résonne sur les murs de la petite salle parisienne, les basses se fracassant sur les cuisses frémissantes d'un public surexcité. Les jeunes agitent leurs crânes en signe de ralliement, les quinquagénaires choisissent, eux, l'option du discret déhanchement. Il est en tous les cas pratiquement impossible de rester de marbre face à la prestation de ce jeune groupe dont les mélodies semblent toutes prêtes à conquérir le cœur des grandes salles. Si la chanteuse principale peut s'avérer être assez irritante du fait de son attirail et de son attitude de londonienne branchée, on oublie très vite ces travers au profit de la musique et de la claque que Nimmo nous ont ce soir balancé en pleine face.

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Voici venu le temps de la tête d'affiche de la soirée. Les quatre liverpuldiens de Circa Waves se ruent sur leurs guitares comme des lions après une antilope et commencent leur set à toute vitesse sans laisser au spectateur le temps de respirer. La voix toute en gouaille britannique de Kieran Shudall est impeccable, le groupe est parfaitement en place et les mélodies plus qu'entrainantes. Le petit hic se trouve ici : si les quatre garçons ne manquent en aucun cas de talent, nous avons la désagréable impression d'avoir entendu ce genre de groupe des milliers de fois. La formation traditionnelle à deux guitare, une basse et une batterie semble avoir perdu de son charme.
Néanmoins, les compositions de Circa Waves sont excellentes et prouvent que le quatuor a de beaux jours devant lui. Leur tube Stuck In My Teeth est un petit bijou de rock anglais au riff et au refrain imparables. Là encore, le public, bien plus nombreux que pour les deux groupes précédents, se déhanche et hurle sa joie à la bande du charismatique Shudall. Nous aurons même le (dé)plaisir de voir la chanteuse Mademoiselle K pogoter seule (et surtout, de manière totalement arythmique) au milieu de la fosse, menaçant les gentilles mères de famille de ses coups de talons acérés. L'attitude arrogante et un peu poseuse des anglais rappelle les grandes heures du rock britannique, même si contrairement au NME, nous avons du mal à voir en eux les futurs Libertines.

Circa Waves distilleront ce soir quelques nouveautés, toujours dans la lignée de leurs premiers singles, avant de terminer leur concert sur un Get Away acclamé par les spectateurs.

Photographies : ©Valentin Chemineau