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The Vaselines

Paris, Maroquinerie - 18 novembre 2014

Live-report par Xavier Turlot

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Ce sont des vétérans du rock alternatif qui sont à l'honneur ce mardi soir à la Maroquinerie. Les Vaselines, groupe écossais fondé en 1986, ne possèdent pas de page Facebook et sont plutôt avares côté communication. Après une longue interruption dans leur carrière, leur reformation en 2006 a permis l'écriture de trois albums en cinq ans et les a donc replongés discrètement dans les canaux de l'actualité musicale...

C'est à un duo américain atypique d'ouvrir la soirée. Schwervon!, un homme guitariste et une femme batteuse, couple dans la vie civile, élabore avec minimalisme et doigté un mélange de pop et de blues sans fard ni sophistication. L'absence de grosse distorsion fait un peu sentir l'absence de basse mais les mélodies s'en sortent assez bien avec un partage équilibré des parties vocales entre les deux comparses de Kansas City. Des lignes standard de blues, une batterie soignée sans trop de prises de risques, on a l'impression de voir évoluer un groupe de potes doués ne rien lâcher sur leur passion et ne surtout pas chercher à faire plus que ce qu'ils aiment. Belle cohérence pour la programmation de la soirée, avec comme dénominateur commun la rigueur esthétique.

La foule n'est pas d'une densité incroyable mais remplit bien les coins quand les cinq membres des Vaselines arrivent sur scène peu après. Les deux leaders qui ne sont plus dans leur prime jeunesse, Eugene Kelly et Frances McKee, présentent la formation par formalisme mais personne n'est venu par hasard. Après un bref plongeon dans leur premier album Dum Dum, le seul publié avant leur séparation, c'est à leur dernier single très power pop High Tide Low Tide que reviendra le rôle de vraiment lancer la performance. Les Vaselines sont toujours ce dosage de dilettantisme, de simplicité et d'humour qu'ils ont incarné depuis leurs débuts silencieux. Ce morceau sorti cette année aurait aussi bien pu avoir été enregistré dans les années 1980, avec ses chœurs accrocheurs et son refrain presque naïf.
Entre deux chansons, les deux leaders se chambrent tout le temps, font rigoler le public, et Frances est d'une bavardise à peine croyable. Elle digresse sur Paris, la France, pose des tonnes de questions au public avec son accent si étrange qu'on pourrait le croire slave.

Des extraits très rock viennent ensuite avec une belle alchimie entre le piquant des guitares et la douceur de la voix de l'Ecossaise. Ce sont Monsterpussy et The Day I Was A Horse, deux voyages de moins de deux minutes dans l'absurde. Si sur scène les différences de sonorité entre générations ne sont pas palpables, sur disque on pourra constater l'évolution des techniques de mixage et le changement de couleur musicale dû à cette propreté nouvelle. L'un des derniers singles, One Lost Year, a peut-être une simplicité excessive dans ses chœurs répétés à l'envi, de même qu'on pourra s'interroger sur l'utilité de trois guitares sur scène, sachant que deux font toujours la même rythmique...
Au beau milieu d'un morceau, le bassiste casse une corde (événement très exceptionnel) et tente de poursuivre sur les trois plus aiguës qu'il reste. N'ayant pas d'instrument de rechange, il devra s'absenter en backstage le temps de la changer, laissant la chanteuse meubler comme elle peut cette parenthèse plutôt longue. Tout revient dans l'ordre et le groupe interprète vite Molly's Lips, le morceau qui les a rendus célèbres grâce à la reprise qu'en feront Nirvana en 1992. Le public l'accueille avec enthousiasme, et les Vaselines font revenir sur scène Schwervon! qui aura pour mission de chanter le refrain et de jouer les coups de klaxons. « Faites-le au bon moment, cette fois ! » leur lance Frances.

Le set continue avec deux singles très années 1960, Sex With An X et Crazy Lady, toujours aussi classiques et efficaces. Mais si le groupe est sympathique au possible, ne négligeant pas une communication plus que généreuse avec son audience, on peut quand même regretter l'absence totale de jeu de scène et un immobilisme total. Chacun à son poste, vissé sur son mètre carré, et aucune réinterprétation des titres... La tranquille et bluesy The Devil's Inside Me se démarque quand même des rythmiques quasi identiques du groupe. Une autre piste popularisée par Kurt Cobain, cette fois-ci pendant le célébrissime live acoustique de New York, est interprétée avec Jesus Wants Me For A Sunbeam, mais sans le violon qui la caractérisait. La fin du concert met encore à l'honneur leur premier album Dum-Dum, dont la quasi intégralité aura été jouée ce soir.

C'est Son Of A Gun, la troisième et dernière chanson du groupe dont Nirvana se sera occupé, qui concluera la performance avant les rappels.
setlist
    Oliver Twisted
    High Tide Low Tide
    I Hate The 80's
    The Day I Was A Horse
    Monsterpussy
    One Lost Year
    Such A Fool
    Hairy
    Molly's Lips
    Sex With An X
    Crazy Lady
    The Devil's Inside Me
    Earth Is Speeding
    Jesus Doesn't Want Me For A Sunbeam
    Sex Sux (Amen)
    Lonely LP
    No Hope
    Slushy
    Ruined
    Son Of A Gun
    ---
    Dying For It
    Dum-Dum
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