Denai Moore
SBTRKT

Une double affiche britannique ce soir au Trianon pour une soirée de clôture. C'est en effet ce soir à Paris que se termine la tournée de SBTRKT, et on retrouve Denai Moore pour ouvrir les hostilités.

Enfin, « hostilités » n'est clairement pas le mot adapté tant le style de la jeune anglaise est pour le moins gentillet. Flanquée de ses deux comparses au clavier et à la batterie, Denai Moore officie également à la guitare et nous présente ses chansons façon bluettes pour adolescentes hipsters. Si elle a indéniablement une très belle voix, l'ennui se fait malheureusement sentir assez rapidement mais le public continue de l'applaudir poliment. Les chansons se suivent et se ressemblent, toutes sur un rythme assez lent, et même sa reprise du Bitch, Don't Kill My Vibe de Kendrick Lamar ne fera pas décoller l'assistance. La première partie terminée, c'est au son du 45:33 de LCD Soundsystem que nous patientons. La bande son est bien choisie pour commencer à se mettre vraiment dans l'ambiance pour ce qui va suivre.

Aaron Jerome aka SBTRKT arrive sur scène où l'attendent un nombre assez important d'instruments et de machines. Il est entouré par James Holdom à la batterie et Fabiana Palladinon au synthé et percussions. Le son est énorme, carré et on comprend tout de suite que l'accent sera mis sur les rythmiques. Difficile de se détacher de ce son de batterie et de ces rythmes recréés en live, d'emblée le résultat est bluffant. Il est ainsi assez déstabilisant lorsque, au milieu de cette prestation live, la voix enregistrée d'Ezra Koenig sur New Dorp. New York se fait entendre. Mais passée cette première impression, on s'habitue finalement au mix entre voix enregistrées et prestation live et on se laisse complètement emporter par la musique.

Temporary View, par exemple, que l'on aurait tout de même apprécié entendre chanté par Sampha, est certainement le morceau qui remporte le plus l'adhésion et l'enthousiasme du public ce soir. Mais si bien évidemment tous les vocalistes ayant travaillé avec SBTRKT ne peuvent être présents à chaque concert, nous aurons tout de même droit au retour de Denai Moore sur scène pour interpréter The Light. Après les tubes Wildfire et Pharaohs il est temps de passer à la vitesse supérieure. SBTRKT nous rappelle qu'il a été DJ et en effet son concert est construit comme un DJ set qui va monter en intensité et emporter les danseurs. Tout le monde bouge, même au balcon, et Aaron Jerome s'en réjouit. Le jeune homme est très affable derrière son masque. Il parle au public entre les morceaux, serre des mains. Ce soir, c'est la dernière date de sa tournée et il partage avec nous son bonheur de finir en beauté, car en effet le public est déchainé. C'est une vraie fête dans la salle et sur scène, une belle osmose.

On finira la soirée en apothéose avec le remix du Lotus Flower de Radiohead dans une version survitaminée entre jungle et dubstep à faire trembler le sol et les murs et The Right Thing To Do sur lequel Aaron Jerome, au bord de la scène, fera chanter le public dans son microphone. L'anglais nous a offert ce soir une prestation d'une énergie incroyable qui n'est pas sans rappeler celle de Caribou au Pitchfork Music Festival au début du mois. SBTRKT, à l'évidence dans la cour des grands !