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Metronomy

Londres, Alexandra Palace - 5 décembre 2014

Live-report par Maxime Canneva

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Albion se mérite, me disait-on récemment. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’en ce début de mois de décembre où la faible température extérieure alliée aux aléas des transports en commun britanniques nous feraient presque regretter les RER et métros parisiens. Mais ce soir le jeu en vaut la chandelle, car Metronomy investissent l’Alexandra Palace de Londres pour venir réchauffer les cœurs des courageux ayant fait le déplacement.
Est-ce parce que les anglais sont plus boudés dans leur pays d’origine que de notre côté de la Manche ou bien serait-ce parce que la capacité de la salle avoisine les 7500 places que le concert n’affiche pas sold out ce soir ? Peu importe la raison, la conséquence principale étant qu’il sera possible d’obtenir un billet à la dernière minutes pour l’un des meilleurs concerts de cette année 2014. On aurait presque envie de croire que Noël est arrivé en avance cette année...

L’australienne Courtney Barnett est chargée d’assurer la première partie ce soir. Très en vue ces derniers temps, celle-ci arrivait d’ailleurs directement de Rennes après un set la veille aux Trans Musicales, signe qu’il fallait mieux ne pas arriver trop en retard à l’Alexandra Palace.
Le style oscillant entre folk et rock très direct, associé à une tonalité relativement monocorde dans la voix, beaucoup plus parlée que chantée, évoque assez vite les experts en la matière d’Art Brut. On regrettera peut-être un léger manque de renouvellement dans les compositions, néanmoins bien vite compensé par la fougue du quatuor sur scène.

A peine le temps d’aller chercher une bière que la scène se métamorphose aux couleurs du dernier album de Metronomy : des structures gonflables en forme de nuages roses suggèrent que beaucoup de Love Letters seront distribuées ce soir. Et bien que l’album en question ait reçu des avis extrêmement mitigés lors de sa sortie en mars dernier, celui-ci se révèle pourtant d’une efficacité redoutable à qui veut bien lui laisser une chance, en lui accordant quelques écoutes supplémentaires.
L’entrée du groupe se fera néanmoins sur deux titres issus de l’album Nights Out, comme pour confirmer que même si leurs orientations musicales s’aventurent dernièrement dans des contrées plus disco (ce soir les cinq britanniques sont d’ailleurs habillés tout en blanc et les boules à facettes sont de sortie), ils n’en renient pour autant pas leurs origines plus électro.
Après cette entrée de circonstance, place au plat de résistance avec l’enchaînement de plusieurs hits tirés des deux derniers albums du groupe : entre The Look, Love Letters, Everything Goes My Way ou encore Reservoir, impossible de ne pas adhérer aux rythmes si uniques de l’English Riviera.

La mise en scène n’est quant à elle pas non plus laissée au hasard, avec un effort prononcé pour la symétrie : qu’il s’agisse des lumières, de l’agencement des claviers ou encore des postures des membres du groupes (qui s’amuseront même à certains moments à enchaîner des mouvements « robotiques » à la Devo) l’installation scénique renforce avec brio l’harmonie latente qui se dégage de la musique elle-même.
Remerciant le public à plusieurs reprises d’être venus pour le plus gros concert que le groupe ait jamais donné à Londres, Joseph Mount entamera un solo voix/guitare sur Never Wanted pour quelques instants d’apesanteur, continués quelques minutes plus tard par une reprise de Here Comes The Sun, dont le titre pourrait à lui seul résumer la discographie de Metronomy.
Les moments d’accalmie ne sont que de courte durée, alors que l’instrumental Boys Racer achève de transformer l’Alexandra Palace en dancefloor géant, avec une mise en exergue des aspects les plus électro de la musique de Metronomy. Car là réside le secret du groupe : savoir réinventer sa musique pour le live de manière à la faire sonner encore plus dansante.

Inconvénient de ne pas résider à proximité immédiate du centre de Londres, il faudra malheureusement se passer du rappel pour attraper au vol le dernier train. Mais qu’importe, car en une heure et demie de show Metronomy a réussi à s’imposer comme un des meilleurs groupes de sa génération, réussissant à surprendre son public de bien des manières qui soient.