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The Wytches
The Amazing Snakeheads

Paris, Flèche d'Or - 11 décembre 2014

Live-report par Julien Soullière

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L'hiver n'est pas franchement de la partie en ce mois de décembre gris mais clément, ce qui ne nous empêchera nullement de participer au Winter Camp Festival. En ce jeudi soir humide, c'est un menu alléchant qui est proposé à tout amateur de plats forts en goût : The Wytches et The Amazing Snakeheads sont en ville, et, les frileux les en remercieront, sont sur le point de faire péter les thermomètres alentours. Bien évidemment, il était hors de question de louper ça.

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A notre arrivée, PS I Love You ont quitté la scène il y a plusieurs minutes déjà. Après enquête, il semblerait que les quidams aient apprécié, et certains ne se font d'ailleurs pas prier pour rejoindre le canadien Paul Saulnier au store plaqué en fond de salle. Ne vous fiez pas à son physique non-Photoshopé, le ventripotent personnage fait preuve d'une incroyable dextérité dès lors qu'une six-cordes lui tombe dans les mains. Certains en seraient jaloux, n'en doutez pas.

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Cinquante centilitres de bière plus tard, voilà qu'arrivent The Wytches, trois mouflets tout juste sortis de leur chambre d'ados, et qui, les poussées d'acné à peine enrayées, maîtrisent leurs instruments mieux que ne le feraient de vieux routards du rock. Visuellement, l'alchimie est assez étrange, nos jeunes amis tenant autant des babas-cool californiens que de suppôts de Satan amateurs d'une musique plus noire que leurs propres (enfin, si on peut dire) cheveux. Sous ce capot nonchalant néanmoins, une musique ristretto qui se joue donc très fort, et qui s'accompagne de cris plus que de mots chantés. Le trio s'affiche sans complexes, pourfendeurs d'oreilles via leur musique hirsute, cradingue, affolée et affolante, mais qui sait se faire pop tant il est possible de reprendre avec eux les chœurs de certains titres, Burn Out The Bruise et Gravedweller en tête. Tout ceci pourra paraître fort de café arrivé à un certain point, mais pour beaucoup, c'est l'énergie déployée qui restera. Après tout, c'est ce qu'on était venu chercher, non ?

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Plus tard, c'est sur un fond sonore empreint de rockabilly que les auteurs du disque le plus brûlant de l'année font leur entrée sur scène, sans fioritures, sans éclat, sans un mot. Et si tout le monde ici n'a d'yeux que pour le leader de la formation écossaise, showman hautement annoncé, chez ce dernier aussi tout est question de regard, qu'il a acier autant que profond. Avec sa dégaine de petite frappe, son aura de cerveau de la bande, le bougre nous impose d'entrée sa courte taille et sa drôle de tronche qui, on s'en rendra compte bien assez tôt, se trouve être aussi cabossée que sa voix. Tout frêle sous l'imperméable noir qu'il aura tôt fait de mettre de côté, le bonhomme réservera bientôt le même sort à sa chemise, nous présentant alors le haut de son corps dans son plus simple appareil.

Face à cet animal imprévisible, la prudence reste bien évidemment de mise. Aussi, les acolytes du lion indomptable préfèrent-ils rester en retrait, s'effacer pour ne pas froisser l'Ecossais rôdeur, qui n'aura cesse d'arpenter la scène, jugeant la salle de ses yeux, la fustigeant de sa voix rauque (« Concentrate ! Fucking concentrate ! »). Cette violence teintée d'arrogance, elle s'exprimera aussi sur la seule estrade, lorsque ne souhaitant pas être dérangé par ses joyeux comparses, Dale enverra balader les mains du revenant Andrew Coombe (ndlr : le bassiste, ami d'enfance, avait un temps quitté le navire), qui se seront malencontreusement égarées sur son torse, nu, à l'occasion de ce qui devait être un petit point d'équipe.
Il y a de l'amour dans l'air, mais on ne saurait vraiment dire si celui-ci est un pur produit manufacturé ou non. Car, de temps à autres, c'est un Dale plus doux qui s'offre à nous, enclin au sourire et aux remerciements, comme sorti d'un état de transe dont, une fois encore, on ne sait dire s'il est forcé ou dicté par les notes de musique qui emprisonnent la pièce autant que les murs de béton alentours. Mais peu importe, car la magie ici opère. Le charisme du maître de cérémonie, véritable monstre de foire, écrase littéralement tout le reste, ses acolytes étant relégués au rang de simples artifices. C'est bien simple, le batteur est tout bonnement invisible. Seule à se voir proposer le devant de la scène, et on a bien dit « proposer », c'est le petit bout de femme brune préposée aux chœurs et à deux-trois autres choses, qui le temps de l'excellent The Bullfigher, viendra mettre le monde d'accord quant à ses qualités vocales.

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C'est sûr, le set alors présenté est le moins accessible de cette belle soirée. Pas né de la dernière pluie, le public l'a bien compris, conséquence de quoi, à cette heure « tardive » de la soirée, celui-ci est nettement moins touffu qu'auparavant. Ceci dit, les bonnes âmes toujours sur le pont font facilement oublier cet exode volontaire, laissant parler une motivation que semble apprécier à sa juste valeur le leader écossais. Si Dale vient à les haranguer, la réponse des invités ne se fait généralement pas attendre, et les têtes parisiennes viennent régulièrement se fracasser sur un mur horizontal et invisible à l'invitation de quelques riffs bien sentis, notamment lorsque résonnent les notes des tubes crado-rock que sont Memories, Flatliningou encore Nighttime. Pour sentir un peu plus encore la ferveur populaire, l'ami Dale ira même jusqu'à provoquer ses ouailles en plein cœur de la fosse, et ce pour le plus grand bonheur de ces derniers.

Passé l'énorme I'm A Vampire, joué en rappel et plus long de quelques belles secondes par rapport à sa version studio, les hommes des sables repartent, laissant planer dans l'air un sentiment encore entier de fureur, et dans les bouches, le goût acre de la poudre. La guerre, parfois, ça a du bon.
setlist
    THE WYTCHES
    Non disponible

    THE AMAZING SNAKEHEADS
    Jesus Freaks
    Where Is My Knife?
    Nighttime
    Storm a Coming
    Here It Comes Again
    Swamp Song
    The Bullfighter
    Breaking Hearts
    Flatlining
    Can't Let You Go
    Memories
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    I'm A Vampire
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