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Jamie T

Paris, Flèche d'Or - 13 février 2015

Live-report par Julien Soullière

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Enfin. Il aura fallu attendre 2015 pour revoir Jamie Alexander Treays sur une scène parisienne, lui qui n'avait plus foulé les planches de la capitale française depuis 2010, à l'occasion d'une set qui, en toute vraisemblance, lui a laissé un goût bien amer en bouche. Et encore, c'était sans compter sur une annulation de dernière minute qui décala pour quelques mois encore des retrouvailles des plus attendues, et désormais consommées. Ouf, car si ça ne fait même pas dix ans qu'on nourrit nos oreilles de la musique façonnée par le malicieux Jamie T, celui-ci a depuis longtemps gagné sa place de très bon pote aux côtés de The Twilight Sad et autres We Were Promised Jetpacks.

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Un léger souci technique ayant retardé son arrivée (décidément, tout est fait pour que le plaisir dure), il est plus de 21h00 quand le bonhomme fait son entrée en scène accompagné de ses musiciens, et dans une salle moite de chaleur humaine. C'est sûr, la veste est plus à sa place au vestiaire que sur nos épaules, et s'il est déjà acquis que l'attente au bar sera longue, on ne peut résister à l'appel du zinc, le corps tourné vers les fûts, mais le regard bien affûté en direction de la scène. D'ailleurs, il fait tellement bon en ces murs que Treays se débarrassera bien vite du blouson en cuir arboré en début de soirée, et qui ne devait plus servir à autre chose qu'à l'embêter. La rock'n'roll attitude aussi atteint des limites, aussi incroyable que cela puisse paraître.

Sans surprise pour qui a l'habitude d'écumer les salles de concert, ce n'est qu'une fois les lumières éteintes que Jamie T apparaît devant son public, un auditoire remonté comme un coucou suisse d'ailleurs et, ceci expliquant sûrement cela, pour bonne partie constitué d'expatriés originaires des Îles Britanniques. Des convives remontés comme il faut, et peut-être plus que ça d'ailleurs, car quelques bières traverseront ici et là la salle par la voie des airs, atterrissant au petit bonheur la chance sur les pieds ou les têtes d'autre bonnes âmes en présence. Des actes qui, sûrement, ne seront jugés intelligents que par ceux qui les ont commis, mais les concerts sont faits de beaucoup de choses, bonnes ou moins bonnes, et c'est aussi (surtout) ça qui fait leur charme.

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Visiblement décontracté, l'auteur du récent et remarqué Carry On The Grudge s'exprime avec parcimonie et sans l'ombre d'une originalité, s'en tenant généralement aux quelques remerciements de rigueur. Mais l'envie est présente, cela se sent, et sur scène, le bonhomme affiche un bagout à toute épreuve lorsque l'envie lui vient de revêtir ses frusques de petite frappe originaire des quartiers populaires de Big Smoke, s'armant d'un phrasé imparable et d'une voix faussement haineuse pour houspiller un auditoire qui en demande toujours plus.
Délaissant à l'occasion sa guitare pour mieux assumer son rôle de troubadour urbain (Sheila), Jamie Alexander en profitera pour taper dans les quelques mains levées ici et là, et traîner ses guêtres sur scène comme le ferait tout bon rappeur en concert. Si le bonhomme n'est pas le plus charismatique des artistes venus des terres d'Albion, sa bonne humeur et l'adhésion sans limite de son public suffisent à faire des merveilles, d'autant que la setlist proposée a plutôt belle gueule : mis à part The Man's Machine, préférée à So Lonely Was The Ballad, cette dernière est identique à ce que Jamie a pu proposer sur de précédentes dates, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'équilibre des saveurs a été respecté.

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Rien d'étonnant pour cet artiste originaire de Londres, pluriel par nature et amateurs de mélanges. Si l'anglais a fait de la place pour quelques titres chahuteurs (des inspirations rock avec Peter, punk avec Zombie, rap avec 368, reggae avec If You Got The Money), il sait toujours trouver une place pour quelques douceurs à vous hisser les larmes aux yeux (Emily's Heart, Turn On The Light), sans que jamais l'on puisse affirmer que ce soit une faute de goût. Naviguant sans cesse entre pépites passées et bombes de première fraîcheur, l'homme patchwork aura donc signé ce soir un set de haute tenue et tout bonnement jouissif.

On l'a attendu, on l'a eu, et on ne regrette absolument rien. Espérons néanmoins qu'il ne faudra pas attendre cinq ans avant de revoir le père Treays de par chez nous. La rareté, ça a du bon, mais il ne faudrait quand même pas exagérer.
setlist
    Limits Lie
    Don't You Find
    Operation
    Peter
    Turn On The Light
    Salvador
    British Intelligence
    The Prophet
    Sheila
    Rabbit Hole
    Emily's Heart
    The Man's Machine
    368
    If You Got The Money
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    Zombie
    Sticks 'N' Stones
photos du concert
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