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Royal Blood

Paris, Olympia - 17 mars 2015

Live-report par Olivier Kalousdian

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L'Olympia, un soir du mois de mars, baigné dans une poisseuse atmosphère Pékinoise... Les cars de tourisme stationnent aux abords du plus célèbre music-hall de Paris et des centaines de fans patientent déjà sur le trottoir, deux heures et demi avant le show. Si certains groupes campent dans leur mini van un paquet d'années avant que tourneur et label mettent les moyens nécessaires à leur confort, pour Royal Blood – duo dont la carrière a démarré en 2013 – et son tour bus luxueux, l'ascension des rocky mountains fut rapide, pour ne pas dire, vertigineuse !

En 2013, alors qu'ils n'ont donné en tout et pour tout que deux concerts, Matt Helders, batteur des Arctic Monkeys, porte déjà un tee shirt des Royal Blood, avant même la sortie de leur premier single, Out Of The Black. Après une nomination au BBC Sound Of 2014, Royal Blood ouvriront à Finsbury Park pour deux concerts d'Arctic Monkeys... S'ensuivront les festivals de Reading, Glastonbury ou Rock en Seine, dans la foulée d'un succès public en constante augmentation sur la toile et chez les disquaires (ventes records après la sortie de leur premier album éponyme).

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On comprend mieux qu'avec un tel succès et une exposition si bien travaillée on retrouve Royal Blood en tête d'affiche de l'Olympia, à guichets fermés depuis des semaines. Conscients et parfois même ennuyés d'un succès qui a tendance à les dépasser, Mike Kerr et Ben Thatcher tentent de faire face à l'exponentielle demande du public, en garçons prolifiques, talentueux et très ingénieux qu'il sont. Tentant de se démarquer, tant bien que mal de leurs aînés duellistes des White Stripes et autres Black Keys, Mike Kerr a fait de sa basse de prédilection, transformée en instrument hybride une arme de déstructuration massive ; deux cordes, une armée d'amplis sur mesures et de pédales d'effets en plus, Royal Blood propulsent à deux un son rugueux et puissant qu'on n'avait plus entendu depuis Jack White, Led Zeppelin ou AC/DC.

Sur une scène à la hauteur de leurs ambitions – rares sont les formations qui occupent un tel espace en duo – et où des murs d'amplis comblent l'immense place offerte aux Royal Blood, Mike Kerr et Ben Thatcher se font quasiment face quand ils démarrent leurs douze travaux d'Hercule sur les coups de vingt et une heure dix, introduits par un extrait bruyant du 99 Problems de Jay-Z. Batterie dorée rutilante, étendard géant à l'effigie de leur unique album en arrière plan, look d'icône rock pour l'un et casquette américaine vissée sur une tête bien ronde pour l'autre, les Royal Blood décochent leurs premiers riffs assassins et un son qui semble surnaturel pour une telle formation, sur le titre, Hole. Mis en valeur par un jeu de lumières digne de formations bien plus réputées, les Jarag, par paquets de cent coté cour et jardin de la scène, illuminent d'une couleur dorée les toms et les cymbales de Ben pendant qu'une armée de Lyra automatiques suivent, dans des faisceaux aveuglants les déplacements de Mike et de sa basse magique.

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Quand arrive le plus gros hit du groupe à ce jour, Figure It Out, les riffs semblent émaner de tous les coins de la salle et nombreux sont ceux qui se demandent quel tour de magie ont bien pu mettre au point Royal Blood pour sonner de manière aussi complexe avec un seul instrument à cordes ! Une basse miraculeuse qui, tenue à une seule main au-dessus de la tête de son propriétaire, continue à distiller ses harmoniques... Danny Larry, sors de ce corps !

L'autre tour de magie de Royal Blood, c'est d'avoir remis en selle un style que l'on pensait passé, pour ne pas dire périmé dans sa forme absolue : un heavy rock à la limite du heavy metal que les intéressés préfèrent, eux, qualifier de heavy blues. Pas étonnant qu'un Jimmy Page porte le duo dans son cœur depuis quelques mois. Ce heavy blues est mis à l'honneur dans le titre Better Strangers et sa batterie catégorie poids lourds ou sur le sauvage et bien nommé Ten Tonne Skeleton, qui n'est pas sans rappeler les recettes sonores gagnantes d'un certain Jack White... Quelles que soient les influences et le tribut rendu ici, le public, dont une bonne proportion d'Anglais aussi fanatisés que pendant un match d'Arsenal, réagit au quart de tour et rentre en transe à chaque déferlement de riffs ou de martelage de crash, de ride ou de fûts qu'on imagine largement renforcés. Une main levée, l'index et l'auriculaire dressés, les adorateurs du soir s'unissent sous un signe de reconnaissance des métalleux, qu'ils n'ont jamais été.

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Treize titres puissamment interprétés en tout, dont le très attendu Out Of The Black en fermeture d'un set qui aura duré moins d'une heure dix, sans rappel. Avec un seul album de trente-cinq minutes en stock, difficile de faire plus.

Roulement de tambours de la guerre de cent ans pour Ben Thatcher, armée des sept nations en backline pour Mike Kerr, ce set aussi préparé et millimétré qu'une messe du pape François à la Basilique Saint-Pierre impose un sentiment contradictoire : après un set hargneux, mais souvent sans brillance, parfois ardent, mais au final, répétitif le retour à un calme très relatif sur le boulevard des Capucines se montre salvateur pour l'esprit comme pour l'ouie. Too Much Too Soon chantaient les New York Dolls en 1974, avant de sombrer dans l'oubli et la déprime... Mais nous ne sommes plus en 1974 et, assurément le duo prodige de Brighton saura mener sa carrière, tambours battants.
setlist
    Hole
    Come On Over
    You Can Be So Cruel
    Figure It Out
    You Want Me
    Better Strangers
    Little Monster
    Blood Hands
    One Trick Pony
    Careless
    Ten Tonne Skeleton
    Loose Change
    Out Of The Black
photos du concert
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