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To Kill A King
Dancing Years

Paris, Nouveau Casino - 23 mars 2015

Live-report par Charlotte Prince

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Suite à la sortie de son deuxième album éponyme début mars, le groupe londonien To Kill A King est en tournée européenne pour le promouvoir et s'arrête ce soir dans la capitale pour un premier concert français en tant que headliner.

Une petite foule (particulièrement jeune et féminine) patiente devant la salle du Nouveau Casino qui ouvre ses portes avec une bonne demi-heure de retard. Si l'affiche de ce soir peut susciter beaucoup de curiosité, la foule, elle, se fera malheureusement absente. Aux alentours de 20h15 le quintet Dancing Years originaire de Leeds a donc la lourde tâche d'ouvrir la soirée devant un public dispersé. Après avoir assuré deux fois la première partie des Boys & Bear sur leurs deux dernières dates parisiennes, les cinq jeunes anglais ne dérogent pas une fois de plus à la règle. Si j'avais très bon souvenir d'un petit concert intimiste et rondement mené à la Cartonnerie il y a un an et demi, la prestation de ce soir va donner lieu à une certaine frustration et déception.

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En effet dès le début du set le son de la batterie et du clavier va se révéler bien trop fort. On pourrait fortement apprécier le fait que le groupe veuille donner une dimension plus électrique à ses compositions mais la sublime voix du chanteur David Henshaw se retrouve vite noyé dans un brouhaha sonore. Venus jouer entre autres Here's To My Old Friend ou encore son dernier single, We Danced Last Night, le groupe peine à convaincre le peu de personnes présentes pour l'ouverture de la soirée. On ne peut que ressentir une pointe de tristesse car il y a beaucoup de potentiel en ce groupe mais le son ne jouant pas en leur faveur, le public ne se contentera que d'applaudissements entre chaque chanson sans pour autant prêter un très grand intérêt à la formation de Leeds. L'on retiendra toute fois la très belle reprise des Broken Social Scène, Anthems For A Seventeen Year Old Girl, moment que choisira le groupe pour retomber dans un rendu plus doux et acoustique. Le violon se fera bien présent et la voix de David, presque enchanteresse, parviendra cette fois-ci à charmer l'ensemble de l'audience. Même les plus réticents y trouveront là quelque chose de fragile et touchant à la fois. Trente petites minutes plus tard, le groupe quitte la scène rapidement, sans artifices et avec beaucoup d'humilité, malgré un set au final assez décevant.

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C'est donc vers les 21h15, et devant une salle malheureusement remplie au tiers, que la formation londonienne de To Kill A King envahit la petite scène parisienne affublée d'un grand drapeau représentant la figurine du Roi aux Échecs. Le groupe ouvre les hostilités avec Funeral, issue de son premier album Cannibals With Cutlery. Le son va de nouveau se révéler trop fort, principalement accentué sur la batterie, et nous voilà une fois de plus frustrés puisque la voix particulière et ô combien charmeuse de Ralph Pelleymounter se trouve à son tour perdue dans les méandres des instruments un peu trop présents. Même en reculant en milieu ou fond de salle, il est bien difficile de cerner les envolées lyriques et la large gamme de notes offertes par le chanteur. On se laissera malgré tout facilement déconcerter par la facilité avec laquelle il peut aller dans les graves comme dans les aigus.
Oscillant entre ses deux albums, le groupe se montre plus qu'enthousiaste malgré une audience réduite et Ralph ne peut s'empêcher de raconter une petite anecdote entre chaque morceau. Le public jusque là plutôt fermé (hormis le premier rang rempli de jeunes fans) se prête au jeu et rit volontiers. Avant de jouer Compare Scars, le groupe s'adresse au public afin de savoir qui écoute ou non la radio. Étonnement de la part du groupe puisque seulement quelques mains se lèvent. On se demande pourquoi une telle question mais l'on comprend vite la raison lorsque le groupe se lance : refrain entêtant emmené par les choeurs stridents de Ben Jackson aux claviers, paroles accrocheuses et rythmes dansants, la recette est plutôt réussie et l'on se doute qu'une telle chanson est effectivement taillée pour les ondes.

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Passant de titres aux notes particulièrement électriques à des morceaux plus en retenue et accompagnés d'une guitare sèche, le set se révèle au final irrégulier et marqué par quelques passages à vide où le public se retrouve un peu perdu. Si l'enthousiasme fuse et que le premier rang danse avec plaisir, l'alchimie peine là aussi à prendre. Arrive la chanson Musicians Like Gamblers Like Drunks Like Me, que Ralph s'empresse de dédicacer à tous ceux qui, dans la salle, jouent d'un instrument de musique. Privilégiant les titres les plus calmes pour la fin du set, le groupe montre toujours autant de sympathie à l'encontre du public parisien, répétant à maintes reprises que d'assurer enfin son propre concert ici est une sorte de consécration. Même les quelques problèmes récurrents rencontrés par Ben sur son clavier n'entacheront pas la bonne humeur régnant au Nouveau Casino ce soir.
Quelques soixante-cinq minutes plus tard, les londoniens quittent la scène pour revenir rapidement le temps d'un rappel. Ralph commence seul par un morceau acoustique, le temps de nous laisser apprécier pleinement cette jolie voix légèrement voilée et éraillée. Puis le reste de la formation le rejoint le temps de jouer l'excellentissime Love Is Not Control. Le public se laisse alors pleinement charmer avant d'accueillir chaleureusement la sortie de scène du groupe après 1h15 d'un set inégal. La salle se désemplit rapidement, laissant une partie des spectateurs sur leur faim et l'autre pleinement comblée.

Si la musique de To Kill A King ne présente guère une grande originalité, souhaitons leur que leur prochaine date attirera une foule plus conséquente.