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Dry The River

Paris, Flèche d'Or - 11 avril 2015

Live-report par Julien Soullière

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Mounties. La première partie du soir, donc.

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Il y a sans aucun doute des fils qui se touchent dans la tête de ces jeunes gens. Musicalement, ça part parfois dans tous les sens, ça monte, puis ça descend subitement, ça chill et ça envoie du lourd soudain, mais par on ne sait qu'elle astuce de vieux sorcier, le groupe se remet toujours dans le sens de la marche, balançant des titres pop à la personnalité forte, suffisamment complexe pour savourer pleinement. Si leurs compositions sont donc plus fantasques, les Canadiens partagent avec Dry The River ce goût prononcé pour les backing vocals. Parfois même, c'est l'un des musiciens (le batteur notamment) qui rejoint la première ligne pour y aller de sa chansonnette, nous rappelant alors que, finalement, un groupe est avant toute chose un organisme vivant, et donc mouvant. L'accueil du public, lui, est aussi chaleureux que la musique ici proposée, et en vérité, rien ne nous évoque les Royal Canadian Mounted Police auxquels le nom du groupe fait référence.

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Ce fût long, trop long. En passant ce soir-là la porte du 102 bis de la rue de Bagnolet, on se souvient encore, de chaudes étoiles dans les yeux, du dernier concert donné en tête d'affiche par Dry The River à Paris. C'était le 25 février 2012, à l'Espace B, cave perdue au fin fond du nord-est parisien. Le lieu, bien qu'étriqué, était alors copieusement rempli, et nos compadres avaient, toute la soirée durant, fait preuve d'une énergie qui ne pouvait que soulever les foules. Toutes et tous étaient sortis ravis.
Depuis, Will Harvey s'en est allé et un second opus a été révélé au monde, moins surprenant, certes, mais d'une qualité qu'il faut toutefois souligner. Beaucoup d'émotions, un trop-plein sûrement pour Pete Liddle qui, l'espace de quelques mois, refusa de prendre soin de sa généreuse masse capillaire. C'est aujourd'hui de l'histoire ancienne, et abstraction faite du cinquième larron, œuvrant à l'aise et dans l'ombre (clavier et violon), tout semble faire écho à nos plus beaux souvenirs.

Ce soir, tout commence par une voix, et celle-ci est tout bonnement incroyable. Quelle claque ! Claire, puissante, pavée de vives émotions, elle est autant un don pour celui qui la possède qu'un atout incroyable pour son groupe. Car si musicalement, le groupe se défend sans aide d'aucune sorte, s'il sait prolonger les petits plaisirs ici apportés (le final de Lion's Den, toujours aussi épique), ce qui reste au centre des débats, c'est très clairement la voix de Liddle, chœurs et instrumentation ne constituant que l'écrin chargé de la sublimer plus encore.

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En ce sens, les musiciens se montrent absolument irréprochables, toujours en place, et restituent à la perfection tout le travail mené des mois durant pour arriver à ce niveau d'exigence dans les harmonies vocales. Et puis, le groupe suinte une belle et franche modestie. Assagis, ces amateurs de rock dur au passif turbulent n'en mettent pas moins leur énergie au service de leur musique, de leurs concerts, et au-delà de cette voix à l'infinie puissance, c'est la vigueur toute maîtrisée qui hante les compositions du groupe qui assure à celui-ci un auditoire, si ce n'est remuant, au moins en vie et droit dans ses bottes. Alors oui, il y a peu de monde dans la salle comparativement à d'autres dates en ce même lieu, si l'on se réfère à leur premier passage ici il y a deux ans (à cette époque-là, ils n'étaient toutefois pas tête d'affiche), mais c'est là une base franche et solide, bien que les voix qui s'élèvent ici et là pour réclamer un morceau (Weight & Measures) ou les mains qui s'expriment pour en accueillir un autre (No Rest) indiquent au choix une préférence forte pour le premier opus du groupe, ou une relative méconnaissance du second.

La setlist proposée sur les précédentes dates de la tournée n'a pas changée d'un iota. Ce qui n'est pas un mal, car tous les meilleurs morceaux et singles du groupe ont été invités à la danse, et c'est avec un plaisir non-dissimulé que l'on s'en délecte les uns après les autres. Aucun temps mort, un son aux petits oignons, tout juste pourrait-on regretter que Lion's Den ait perdu son statut de bouquet final, rôle qu'il assurait fût un temps à la perfection, nous laissant sonné une fois sortis des méandres instrumentaux jouissifs, et aux faux airs de crescendo, dans lesquels il nous avait perdus au préalable. En contrepartie, nous aurons donc le droit à un joli moment d'intimité : Liddle et son bassiste, revenus nous voir à l'occasion d'un rappel long de deux titres, commenceront par nous rejoindre dans la fosse le temps d'un Shaker Hymns interprété a cappella.

Une fois encore, Dry The River se sont imposés avec une facilité déconcertante. Tout juste trouvera-t-on dommage qu'un groupe aussi talentueux et à la musique, dans le fond, si universelle, ne s'exécute pas face à plus de monde encore. En tout cas, des concerts comme celui-ci, on en reprend chaque semaine.
setlist
    Alarms In The Heart
    New Ceremony
    Hidden Hand
    Gethsemane
    Family
    Lion's Den
    It Was Love That Laid Us Low
    Everlasting Light
    Rollerskate
    History Book
    Bible Belt
    Med School
    Vessel
    Hope Diamond
    No Rest
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    Shaker Hymns
    Weights & Measures
photos du concert
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