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Lonely The Brave

Paris, Point Éphémère - 21 avril 2015

Live-report par Clémentine Barraban

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Le Point Ephémère fait partie du genre d'endroit où il fait bon trainer un soir de printemps, car on peu profiter de la fraicheur des bords du canal Saint-Martin et siroter une boisson en terrasse en attendant que vienne l'heure du concert. Ce soir, est attendu l'intrigant groupe venu de Cambridge qui à déjà fait noircir le papier d'un bon nombre de lignes élogieuses. Lonely The Brave s’est révélé au grand public à partir de l'été 2013 en parcourant les routes des plus grandes scène de festivals allant du Download, au Reading et Leeds, avant d'assurer la première partie pour Deftones lors de leur dernière tournée Européenne. Tout ça alors que le premier album du quintette, The Day's War, n'a vu le jour qu'en septembre 2014 et a été précédé d'un seul EP qui a cartonné à l’intérieur et hors des frontières. C'est donc sur la scène intimiste du point Ephémère et loin de l'ambiance qu'ils ont vécue à l'ouverture de Bruce Springsteen à l’Olympic Park, que le groupe se voit offrir l'occasion d'un retour à un live au plus proche de sont public.

Mais avant ça, on nous sert en amuse-gueule Talia : un trio parisien un tiers énervé, un tiers déjanté et un tiers... renversant ! Coincés à l'époque où le rock sortait des garages poussiéreux et des poches de jeans déchirés, Talia fait crisser les amplis de sons à l'américaine et ressuscite un genre sur le fil du rasoir entre punk et pop nerveuse. Tranchant !

Les lumières se rallument, profitons de la pause pour faire le point : quand on va voir un groupe qui affiche une telle biographie avec seulement un album au compteur, on est en droit de s'attendre à du lourd, du gras, de l'épique, des larmes, de la sueur et même du sang (on s'emporte, on s'emporte...)... Le côté épique semble bien parti avec l'introduction instrumentale qui accompagne l'extinction des feux et l'entrée en scène, avec réverb et montée en pression. De quoi se frotter les mains en attendant la suite avec impatience. Mais voila quelque chose de peu habituel : le chanteur, David Jakes, va se placer au fond, au niveau du batteur, côté jardin (à gauche en regardant la scène pour les néophytes). Élément usuellement central d'un groupe en live, ou du moins mis en avant dans le placement sur scène, le voici effacé dans un coin sombre, au second plan malgré une douche de lumière qui se pose sur lui de temps à autres sans parvenir a souligner son charisme. Sa voix ample et profonde se fond dans l'ensemble des instruments qu'elle ne domine pas.

Côté transpiration, pas très difficile d'imaginer le niveau de sudation sur scène. Il n'y pas un musicien qui ne tienne une demi-seconde en place sans sauter ou gesticuler en tous sens, en contraste total avec le public. Eh oui, car la musique ne s'y prête pas tant que ça. Soyons honnête, on est loin d'un concert de Prodigy. Alors du punch, de l'énergie, oui certes, d'ailleurs le batteur taquine assez méchamment de la baguette et le guitariste riffe à s'en tordre les doigts, mais il n'y a rien qui dresse le poil. L'ensemble tire sur l'agressivité alors que la musique gagnerait à tendre vers un genre plus introspectif plutôt que dans les démonstrations de performance. Surtout quand il faut meubler face à des problèmes techniques tout au long du concert, comme c’est le cas ce soir.

Les morceaux se calent sur une succession très linéaire, faisant écho avec l'album. Certains titres reconnaissables comme Trick Of The Light, Victory Line ou encore The Blue, The Green prennent en live la dimension pour laquelle ils étaient certainement conçus au départ : proche du calibre de Bande Originale de film, mis à part les émotions et les paysages grandioses. Lonely The Brave semblent être un peu à côté de leurs pompes et de leur époque. Le goût de renâclé est omniprésent et les quelques originalités musicales et scéniques les desservent plus qu'elles ne les représentent. On en sort pas très différent de comment on était venu, et on parierait qu'eux non plus.
setlist
    Kings Of The Mountain
    Backroads
    Trick Of The Light
    Victory Line
    River River
    Dinosaurs
    Black Saucers
    Diamond Days
    Deserter
    The Blue, The Green
    Control
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