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The Go! Team

Paris, Maroquinerie - 26 juin 2015

Live-report par Xavier Turlot

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Avec un quatrième album à la production très originale (huit chanteuses s'y succèdent) on était curieux de voir quelle forme pourrait prendre sur scène la cuvée 2015 de The Go! Team. C'est à la chanteuse originelle, Ninja, que reviendra finalement le devoir de mener le septuor de Brighton.

C'est d'abord à Glockabelle, artiste américaine parfaitement francophone, qu'incombe la tâche d'ouvrir la soirée. Elle n'est pas étrangère à The Go! Team car c'est elle que l'on peut entendre chanter sur Catch Me On The Rebound, présente sur le dernier album The Scene Between. Avec une bonne humeur communicative, la jeune artiste arrive sur scène en chaussettes et se met face à ses deux Casio VL-Tones, de minuscules synthétiseurs qui s'apparentent plus à des jouets qu'à de véritables instruments. Elle se sert de l'un pour la mélodie, de l'autre pour la basse. Elle n'est accompagnée que par un batteur en combinaison léopard probablement sous amphétamines. Lorsqu'on ne la connaît pas il est difficile de savoir ce qui va sortir d'une configuration aussi étrange et minimale, et pour cause la musique de Glockabelle n'entre dans aucune case. Une voix suraiguë et enfantine, une batterie d'une violence extrême aux motifs expérimentaux, et enfin ces deux synthétiseurs aux sonorités 8bit pop joués avec une rapidité diabolique. Contrairement aux apparences, les deux musiciens n'ont aucun mal à remplir la salle d'un déluge d'énergie presque incontrôlé. Les basses vrombissent, les mélodies fusent avec une dextérité impressionnante, surtout lorsqu'on songe à la taille des touches des deux claviers. La communication se fait par brefs regards, une cuisse frappée ou un bras tendu.

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Annabelle Cazes, tel est son nom au civil, prend le temps de parler avec le public. Elle introduit une chanson qui traite de chats en expliquant qu'elle l'a composée à douze ans, parle de son expérience avec The Go! Team, fait une promotion originale de son EP qu'elle vend sous forme de clef usb... A la moitié du set son batteur s'allonge devant son instrument, la jeune chanteuse le recouvre d'une couverture, puis enfile patiemment une série de dés à coudre au bout de ses doigts, ce qui lui permettra de jouer d'un vibraphone comme d'un clavier. Deux morceaux cristallins et excessivement techniques se succèderont, exécutés avec une concentration et un brin de folie frappants. D'autres extraits de son dernier EP Wolf BBQ sont interprétés, avec toujours ce mélange intrigant de candeur juvénile et de violence pure, avant d'entamer un morceau de clôture extraordinaire composé de plusieurs parties allant de la naïveté à l'expérimentation pure en passant par des séquences baroques improbables que Glockabelle a gardées de sa formation classique. Une fin apocalyptique et pourtant millimétrée qui rend cette prestation inoubliable.

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Les gens restés en terrasse pour profiter de la chaleur descendent peu à peu devant la scène, et la salle est bondée pour l'arrivée du groupe de Brighton. Une bonne programmation musicale aide à électriser l'ambiance et quand les sept Anglais arrivent sur scène ils sont accueillis par des acclamations nourries. C'est avec plaisir qu'on retrouve Ninja, la chanteuse originelle de la formation, bien qu'elle n'apparaisse sur aucun titre de l'album sorti en mars dernier. Dès la premier chanson, The Power Is On, la chanteuse saute, danse dans tous les sens et hurle à tue-tête, engageant le public à la suivre dans son déversement incontrôlable d'énergie. Les deux batteries jouées à plein régime retranscrivent le son bordélique si particulier du groupe. Avec sept personnes sur scène on ne peut pas vraiment savoir qui fait quoi à quel moment, mais la dynamique est indescriptible. Sur le morceau The Scene Between, on a la preuve que Ninja a réussi sans problème à se réapproprier les morceaux du dernier album, quoiqu'on ait le sentiment qu'elle est bridée dans ce registre, d'autant plus qu'en l'occurrence le chant est beaucoup trop faible par rapport aux instruments. Le public le signale à Shi Lu, la chanteuse qui prend le relai, mais malheureusement l'ingénieur du son dérape complètement sur sa console et le chant se met à saturer dès Waking The Jetstream, avec par-dessus le marché des notes très approximatives. L'un des meilleurs titres de l'album est ruiné par ces maladresses.

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Pour des raisons stylistiques et techniques, ce seront ce soir les anciennes du chanson du groupe qui fonctionneront le mieux. Plus énergiques, plus explosives et soutenues par le rap impeccable de Ninja, ce sont des morceaux comme Grip Like A Vice ou Huddle Formation qui déclencheront le délire du public, et non les plus récents qui sont d'ailleurs complètement sous-représentés (heureusement car Shi Lu les rate tous). On est dans le revival, pas dans la promotion.
Ninja ne cesse de haranguer la foule et de signifier son plaisir de chanter à nouveau avec The Go! Team et communique son envie de faire la fête. Elle remercie à plusieurs reprises Glockabelle et dit l'admiration qu'elle a pour elle ; dommage qu'elle ne soit pas revenue pour l'interprétation de Catch Me On The Rebound... Pour l'instrumentation, tout le monde change tout le temps de poste entre guitares, basse et batterie. Sam Dook, le guitariste principal, est le plus survolté après la chanteuse; il saute dix fois par chanson, s'avance jusqu'à presque tomber dans le public, quand il n'est pas occupé à martyriser son étrange guitare équipée d'un genre d'interrupteur, l'un des multiples ingrédients de ce son unique... Ian Parton, le cerveau du projet, est beaucoup plus discret et évolue entre guitare acoustique et MPC; on l'apercevra assurer l'harmonica sur l'instrumentale Everyone's A VIP To Someone, quand Dook assure le banjo. The Art Of Getting By, l'une des plus belles chansons du dernier album, est à nouveau magnifiquement réappropriée par Ninja qui lui insuffle une dose nouvelle de pêche, très à l'aise dans les tons graves.

Puis le groupe s'éclipse avant de revenir interpréter deux tubes très lourds : Buy Nothing Day et Apollo Throwdown, dans le tumulte généralisé et la moiteur lourde du début de l'été. Mis à part ce pénible problème de chant qui ressurgira par intermittences, The Go! Team ont livré ce soir la quantité maximale d'énergie et de bonne humeur qu'on pouvait attendre de leur part.
setlist
    The Power Is On
    The Scene Between
    Waking The Jetstream
    Grip Like A Vice
    Huddle Formation
    What D'You Say ?
    She's Got Guns
    Get It Together
    Gaffa Tape Bikini
    T.O.R.N.A.D.O
    Everyone's A V.I.P. To Someone
    Blowtorch
    Keys To The City
    The Art Of Getting By
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    Buy Nothing Day
    Apollo Throdown
photos du concert
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