Soirée folk et chanteurs en solo aux Nuits de Fourvière en ce très chaud samedi soir précédé par un orage dantesque, comme Lyon en connaît tous les étés. En ouverture de l'Irlandais Damien Rice, Mariam The Believer impose sur la scène du théâtre antique de Fourvière l'ambiance qui sera celle de la soirée : ballades folk sentimentales et mélancolie à tous les étages.
Le side-project de Mariam Wallentin, chanteuse du duo pop scandinave Wildbirds & Peacedrums propose, sous le patronyme de
Mariam The Believer, une folktronica pop psychédélique. Sauf qu'en mode solo et sans les sonorités électroniques auxquelles elle nous a habitués sur ses pistes studio, le set donné est parfois lumineux, parfois terni par un manque d'orchestration. Le public, venu en masse profiter des ballades sucrées amères de Damien Rice ayant pris ses dispositions pour une nuit placée sous l'égide de la chanson à texte, accueille Mariam Wallentin avec curiosité et une certaine satisfaction.
Révélé au grand public avec l'album
O, en 2002, puis
9, il y a huit ans, Damien Rice s'est forgé un nom dans le landerneau des chanteurs folk britanniques. Entré sur scène à 22h15 avec sa guitare pour seul compagnon de set, Damien Rice essuie d'entrée les fortes acclamations d'une foule estimée à 4500 personnes et totalement acquise à sa cause. Le noir est de rigueur, sur la terre comme au ciel, et seuls quelques lampadaires de forte puissance éclairent en direct l'artiste au grand dam des photographes accrédités viennent troubler l'ambiance intimiste voulue par la mise en scène.
Cannonball, premier titre du set, fait mouche, comme tous les autres morceaux de ce set très particulier de par l'ambiance dégagée ; vingt-quatre heures après le feu d'artifice scénique et sonique offert par le pape du punk, Iggy Pop, aux antipodes de cette soirée romantique.
Passant en revue tous ses titre les plus connus, Damien Rice fera également la part belle aux titres de son nouvel album,
My Favourite Faded Fantasy. Entre chaque chanson, le silence du public est quasi religieux et dans la pénombre organisée, le concert du soir a bien plus à voir avec la performance théâtrale qu'avec un concert de rock. Il faut dire qu'au milieu de titres plus enlevés comme
Woman Like A Man et son outro explosif, à coups de distorsions dans la voix et dans la guitare, Damien Rice possède tout le talent de conteur nécessaire pour échanger en franglais avec ce public qui boit ses paroles comme ses textes, souvent torturés. Mieux, Damien Rice se livre et se confie dans des anecdotes et des histoires personnelles qui semblent être partie intégrante de son show.
9 Crimes ou
Volcano, qui concluent le temps réglementaire, remplissent, encore un peu plus le théâtre antique de l'émotion que le public semble être venu rechercher sous les étoiles maintenant scintillantes de la région lyonnaise. Bien sûr, on aurait aimé une orchestration plus riche afin que les titres de Damien Rice prennent un relief plus ample. Bien sûr, on aurait aimé que la première partie officie dans un domaine différent et insuffle à cette soirée un peu plus de mouvements et de fantaisies sonores. Mais, Damien Rice, seul en scène – excepté sur
My Heart sur lequel il invitera Mariam Wallentin à le rejoindre – et terminant son set sur un rappel comprenant l’inévitable
The Blower's Daughter et
It Takes A Lot To Know A Man enfin vitaminé par de lourdes percussions qui s'évanouiront avec la fin du set, mérite finalement le succès et les hourras qui s'envolent du public.
Le programmation de ce soir, qui aurait peut-être mérité sa place au festival de jazz de Vienne, situé à quelques encablures de la colline de Fourvière, démontre une fois de plus que les Nuits de Fourvière ont décidément du cran en osant proposer deux antagonistes aussi violents que sont Iggy Pop et le chanteur folk irlandais, à 24 heures d'écart et en attendant, quarante-huit heures après, l'égérie de l'avant gardisme musical nordique, Björk.