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Gwenno

Paris, Le Pop-Up du Label - 28 septembre 2015

Live-report par Xavier Turlot

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Gwenno Saunders, l'ex chanteuse des Pipettes, est venue lundi dernier défendre son nouvel album solo Y Dydd Olaf. La Galloise s'est bien éloignée de la pop sucrée des années 1950 qui l'a faite connaître pour s'embarquer dans une électro-pop planante rétro-futuriste assez inattendue. Et en bonne ambassadrice de sa région d'origine, c'est en gallois qu'elle a décidé de parer ses morceaux.

Vêtue d'une robe scintillante, la chanteuse enceinte jusqu'aux oreilles s'installe derrière ses synthétiseurs et sampleurs éparpillés en pagaille pour attaquer Patriarchaeth. Les sonorités new-wave copieusement distordues accueillent un chant saturé de réverbération, peut-être même trop vu la distance qui sépare les enceintes du public de la petite salle. Gwenno veut créer une ambiance qui colle à son album empreint d'un univers de science-fiction, froid et mécanique. Les éclairages et les fumigènes aident à vite entrer dans ses ambitions futuristes, tout comme sa langue maternelle qui rendra toute tentative d'accroche verbale vaine. Les mélodies plutôt tristes accompagnent sa présence magnétique, elle est toute seule sur scène mais parvient sans mal à capter l'attention du public qui doit la découvrir dans sa majorité.

La chanteuse prend bien la peine de présenter chacun de ses morceaux, donnant leur titre en gallois puis en français, et sait prendre le temps de discuter un peu avec les gens. Le single Chwyldro (révolution) se démarque bien du set, et Gwenno ne manque pas de préciser l'influence qu'a eu la révolution française sur les esprits des Gallois à l'époque. De même pour Fratolish Hiang Perpeshki, un petit bijou de new wave inspiré par un roman d'Owain Owain qui prédit la domination des machines sur les hommes. Une mélodie glaciale sert un morceau parfaitement construit, et on oublie finalement vite que l'on entend une langue que l'on ne comprend pas. La musicienne profite de la dernière chanson, Amser, pour nous informer qu'elle vend son dernier album sous forme de cassette (« pas pour paraître branchée mais juste parce que c'est moins cher ») et plaisante en demandant de l'acheter pour son futur bébé... Voilà une artiste à la personnalité atypique, sympathique et talentueuse en plus d'avoir le courage de recommencer un parcours musical de zéro, et pas des plus simples...

C'est ensuite au jeune New-Yorkais Elliott Moss d'arriver sur scène, pour présenter en exclusivité en France son premier album Highspeeds. Accompagné d'un bassiste et d'un batteur, ses morceaux sont tantôt très sensuels (très proches de James Blake) tantôt ultra énergiques et rock, sans qu'on puisse anticiper le basculement. Certaines chansons sont quand même très molles et assez peu inspirées ; entre deux piqûres de rappel on peut facilement se laisser engourdir par une voix et des instrumentations très moelleuses. Des rythmiques syncopées et une basse qui groove ne révolutionneront pas l'histoire de la musique mais c'est bien ce que semble être venu chercher le public maintenant très nombreux – et essentiellement féminin – en ce jour pourtant hostile aux sorties. Le trio semble déjà bien expérimenté et n'est pas avare sur l'énergie de sa prestation, et il y a fort à parier qu'il fera parler de lui ces prochaines années.