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SOAK

Paris, Point Éphémère - 24 octobre 2015

Live-report par Déborah Galopin

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Josin est, par excellence, l'artiste débutante, entourée d'un certain mystère.

Dépouillée de toute information, site internet, voire description, elle ne dévoile que sa musique. Si on a un moment de réticence en l'écoutant, celui-ci ne dure pas longtemps. Elle se débrouille au synthé, à la guitare et sa voix est d'une beauté éblouissante. Sa musique est caractérisée par une extrême lenteur, pourtant cela ne l'empêche pas d'en être possédée. Lorsqu'elle vient chatouiller les cordes d'une guitare, cassant cette douce quiétude par une frénésie électrique, la surprise est belle et bien là. Le climat de la Norvège transparaît à travers les mélodies mineures, Josin dresse un paysage endeuillé dans les lueurs d'un soleil qui ne se couche jamais. Sur des teintes plus joyeuses, elle raconte aussi la vie, la danse et les gens.

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Nous resterons dans l'émotion avec SOAK. La jeune irlandaise arrive seule sur scène, une Gibson ES-339 entre les bras. Elle n'est pas au centre de la scène mais légèrement en retrait, laissant voir la batterie et un synthé dépourvus de musiciens. Son visage poupon attendrit, alors que sa coupe asymétrique témoigne d'une rébellion adolescente encore proche.
SOAK entame Shuvels en guitare-voix, instaurant une ambiance intimiste. Pourtant, l'artiste garde une certaine pudeur. Elle ne semble pas tout à fait à l'aise, n'osant regarder ceux qui sont venus la voir. Certainement parce qu'avec de tels textes elle se met à nue, révélant les tournants de son adolescence. Loin d'être mièvre, la jeune fille parle avec une sincérité touchante. C'est déroutant. On ressent son désarroi, la brutalité des émotions chanté dans une douceur amère.

Lorsque ses deux musiciens la rejoignent pour le troisième titre, Blud, Bridie Monds-Watson semble reprendre de l'assurance. Elle ose s'aventurer à communiquer avec un public dont elle ne parle pas la langue. Elle avoue qu'elle parle très mal le français tout comme ses deux compères. Le public rit, ce qui n'est pas un mal au milieu de morceaux si sérieux. Du même coup, le set prend un nouveau tournant, plus puissant, la grosse caisse venant battre dans notre poitrine. Sa musique n'en est pourtant pas dénaturée, gardant un ensemble relativement épuré.

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Sa voix a un grain mature tout en conservant quelque chose de l'enfance. SOAK est constamment à mi-chemin entre deux mondes ambivalents, grave et léger, intense et chancelant. A l'écoute de B a noBody, ce « come on, come on » vient nous fendre l'intérieur. La ballade plaintive Oh Brother nous arrache presque des larmes. « Where is your warmth? Where is your heart ? What is love if we've been torn apart ? » En quelques vers, elle raconte une histoire, une relation, un sentiment. Par un E-bow, le guitariste fait résonner les cordes dans une vibration qui se prolonge à l'infini. A contrario, à la fin du titre, il martyrise l'amplificateur pour projeter un son hachuré presque désagréable, reflet de cette relation fraternel en dysfonctionnement. C'est à la fois beau et poignant.

Le concert se finit comme il a démarré : avec deux morceaux en guitare-voix. Toute la force de SOAK réside là, dans sa capacité à être, à dire et à composer. Et nous, qui sommes pour la plupart plus âgés qu'elle, sommes à ses pieds à boire ses paroles, complètement époustouflés par cette graine de génie qui vient nous donner la chair de poule. Est-il nécessaire d'en dire plus sur cette artiste ? SOAK est une artiste dont la musique s'éprouve.
setlist
    Shuvels
    New Song
    Blud
    Garden
    B a noBody
    Wait
    Hailstones Don't Hurt
    Reckless Behaviour
    Sea Creatures
    Oh Brother
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    I Can't Make You Love Me (Bonnie Raitt cover)
photos du concert
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