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Gengahr

Paris, Olympia - 27 janvier 2016

Live-report par Déborah Galopin

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Mercredi 27 janvier, Gengahr a ouvert en première partie le concert de Balthazar à l'Olympia. Quand on se souvient que la dernière fois qu'on a vu le groupe, c'était au Point Ephémère, la scène paraît soudainement immense. Pour le groupe belge comme pour le groupe londonien, cette salle est une première.

Pour l'occasion, pas de chichis, Gengahr est venu sobrement : tee-shirt noir de rigueur pour les quatre membres. Le groupe entame un premier morceau puis enchaine sans marquer de pause avec Tired Eyes qui a fait l'objet d'un EP avant d'être intégré à une version Deluxe de leur premier album A Dream Outside. La voix haut perchée de Felix Bushes a toujours ce côté un peu surprenant quand on l'entend pour la première fois. Si elle est plutôt plaisante, on l'imagine mieux dans une salle plus petite, comme si elle ne l'emplissait pas suffisamment, comme si elle forçait à l'intimité plutôt qu'à la grandeur.

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Il y a également une sorte de pudeur dans l'attitude du guitariste, John Victor, qui, caché sous sa mèche, ne laissera pas au public, même au plus proche, le privilège de voir son visage. On pourra dire que c'est un style, son style, qu'après tout cette mèche n'est pas là pour rien, mais ceux qui ne connaissent pas le groupe pourraient en être déçus, peut-être même un peu vexés. En revanche, il y a une chose sur laquelle on n'a aucun doute : c'est de son talent à manier le manche. Il vient harmoniser et donner de la couleur au groupe. Son jeu se fait le plus souvent pressant, mélodieux, travaillé... Il joue d'effets quand il fait glisser sa paume sur les cordes à la fin d'Embers. Il en sort un son qu'on ne peut pas qualifier d'agréable, mais plutôt d'atypique, comme quelque chose qui vient se briser, rehaussant la fragilité de la voix de Felix Bushes.
Lorsque la voix du chanteur se tait pour laisser place aux instruments, chacun à fond sur sa guitare/batterie/basse se donne et le déclic se créer ici : oui, ils sont doués, il n'y a pas de doute.

Au cours de ce set, Gengahr nous confie un morceau tout frais aux notes plus électriques, mais peut-être un poil moins rythmé, se fondant dans une espèce de langueur. Ils n'oublient pas non plus de jouer She's A Witch et Heroin, pour notre plus grand plaisir. Powder, morceau aux tonalités plus grave, clôt ce set, avant que le groupe nous quitte dans un dernier salut de la main.
Un set peut-être un peu calme, mais qu'on reconnaît être de qualité. La pop, new wave de Gengahr est poétique, intime et pointilleuse. On s'est laissé bercer par la sensibilité de Felix Bushes, sans s'endormir pour autant. Un juste mélange.

Vingt minutes d'entracte viennent séparer la première de la seconde partie. Les lettres de Balthazar affichées en fond de scène offrent un beau cadre. Grâce à la lumière des spots, un effet de perspective est rendu. Les lumières s'éteignent, nous plongeant dans l'attente, cette attente qui ne dure que l'espace de quelques secondes et pourtant qui devient insoutenable. La batterie vient donner le rythme, instaurant une sorte de tension, aussitôt évacuée par la beauté du violon. Les premières notes sont reconnaissables, il s'agit du titre Decency qui ouvre leur dernier album Thin Walls. Un à un, les membres viennent se placer en ligne au-devant de la scène, à l'exception du batteur qui déjà présent trône en haut d'une l'estrade. Pas question de mettre un membre plus en avant qu'un autre ! Ils affichent une classe imperturbable les hommes dans leur costard, la violoncelliste dans sa combinaison. Leur entrée fait sensation et n'est que le prélude à leur talent.

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Jinte Deprez et Marteen Delvodere s'échangent le rôle de chanteur principal toujours supportés par les chœurs donnant à ce groupe de rock toute sa légèreté et sa force. Un rock bien rythmé et toujours aérien sur lequel on ne s'ennuie pas. Quand Jinte dégage davantage de sensualité, Marteens, lui, a dans la voix une sorte de nonchalance. Le timbre rauque, il semble sortir ses tripes et plus encore lorsqu'il se met à hurler soudainement « How long » sur le titre Intro de Applause. Le regard droit face au public, il déverse une sorte de rage furieuse, contrastant avec le refrain de Blood Like Wine chanté en chœur par l'ensemble de la salle. Les bras levés, on ressent comme une force libératoire.
Qu'on les entend jouer The Oldest Of Sisters, I Looked For You ou Fifteen Floors, ils parviennent à concilier le moderne et le rétro en touchant à des genres différents, mais toujours sur des sonorités très rock et une rythmique irréprochable.
Ils finissent leur set avec un merveilleux moment instrumental entre Patricia Vanneste et Jinte Deprez tous deux au violon, l'un gratté, l'autre frotté. Alors que les lumières se rallument, le public en redemande, faisant trembler l'Olympia sous nos pieds. Les cinq membres reviennent une seconde fois sur scène pour encore trois autres morceaux. Balthazar s'amuse avec son public, le fait participer, l'encourage, joue toujours au plus près de lui réduisant la distance entre la scène et la fosse, étire ses morceaux donnant aux mots plus de poids : « why / why should we wait / why should we hide / from the confrontration / with the light ».

Un grand moment, une mise en scène classieuse et une composition léchée. Un bel Olympia.
setlist
    Dizzy Ghosts
    Tired Eyes
    Heroin
    Bathed In Light
    New Song
    Embers
    Fill My Gums With Blood
    She's A Witch
    Powder
photos du concert
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