C'est fin septembre 2015 que Lush est sorti de près de vingt ans de silence, surprenant les fans qui n'attendaient pas une telle reformation, le groupe s'étant lentement sabordé après le suicide de Chris Acland, leur batteur. Puis c'est une poignée de concerts au Roundhouse de Londres, dans les festivals européens et une tournée américaine qui ont été annoncés. Et enfin, un EP avec quatre nouveaux titres,
Blind Spot. Mais bien parti sur sa lancée, la veille du 1er avril, le groupe annonçait un warm-up show intimiste dans une salle du nord de la capitale anglaise.
Oslo est une salle de moins de 400 places, ouverte il y a deux ans et bénéficiant d'une superbe sono. L'endroit idéal pour se remettre sur scène et pour voir si le groupe n'a rien perdu de sa maîtrise de la disto et des belles mélodies. Pour en juger, le concert commence par
De-Luxe, le premier titre de leur premier EP
Mad Love dont les quatre titres seront joués ce soir. Et effectivement rien n'a changé, la voix est là, les guitares sont parfaites et Justin Welsh s'en sort très bien à la batterie. En fait, ce qui a changé, c'est la couleur de cheveux de Miki Berenyi qui fait son entrée sur scène en disant « Hello it's been a long time. No red hair, get over it ».
Le deuxième morceau est
Breeze, face B de leur deuxième EP. Le concert sera-t-il en ordre chronologique ?
Kiss Chase, extrait de leur troisième et avant-dernier album répond à la question.
Split sera d'ailleurs l'album le plus joué, plus de la moitié de ses titres seront présents sur la setlist, contre un seul de leur dernier album.
Hypocrite qui suit avec sa grosse intro de basse est mon premier gros frisson du concert, la version est hyper speed. Même le solo de guitare un peu manqué est touchant, il donne une touche juvénile à ce set. Ce sera le seul vrai pain d'Emma pendant le concert, ce qui ne l'empêche pas d'être très tendue pendant tout le show, tout comme Phil King, le bassiste. Miki est beaucoup plus détendue et nous balance un « Fucking hell, this is exhausting » après avoir fini le morceau à bout de souffle.
Comme sur album,
Lovelife prend la suite. La mélodie éthérée reflète bien l'atmosphère dans la salle, les visages sont radieux. Ces ambiances planantes, comme celle de
Thoughtform, auraient pu être illuminées par un light show plus sophistiqué, mais la salle est petite et les ambiances monochromes vont bien au groupe.
Light From A Dead Star est aussi magnifiquement interprété et me vaut une nouvelle série de frisson. C'est magique de pouvoir voir cette chanson jouée sur scène.
Undertow et
Lit Up suivent, impeccables. Sortie de sa brèche spatio-temporelle, Miki nous précise qu'elle n'a rien contre les réseaux sociaux, mais que les gens qui prennent des photos ne doivent pas gêner ceux qui sont derrière. Elle a manifestement écumé les salles de concerts pendant sa pause loin de la scène.
Scarlet et
Etheriel, extraits de leur premier mini-LP, continuent le voyage à travers leur discographie. Le superbe
For Love monte encore la tension d'un cran supplémentaire. C'est pour mieux préparer à
Out Of Control leur nouveau titre, le seul joué ce soir. Le groupe redoute un exil du public vers le bar. Le risque est limité car il est disponible depuis quelques semaines, et il est très bon.
Le groupe a aussi voulu protéger, en enchaînant sur
Ladykillers, un de ses singles les plus entraînants avec des airs punk et pop. Chauffé à blanc, le batteur esquisse un petit rictus avant de lancer
Downer, un morceau bien bruitiste et rythmé. L'ex-Elastica pousse le groupe à jouer plus vite. Ils pourront se reposer après
Sweetness And Light qui clôture le set d'une heure pile.
La pause ne sera que de courte durée. Le groupe revient et dit un mot sur le grand absent du soir : Chris.
Stray et son énorme basse entame le rappel. Les guitares sont tellement omniprésentes dans le groupe, qu'avant ce concert je n'avais jamais prêté assez d'attention à la qualité de la basse. Le morceau est planant et puissant, malheureusement, tout comme sur l'album, il ne dure que deux minutes, alors que j'en aurais bien pris pour une dizaine. Ça tombe bien, c'est
Desire Lines qui enchaîne, un morceau plus lent, et qui s'étend bien dans la durée. Après ce titre hypnotisant, le set est clôturé le mur du son de
Leaves Me Cold, finissant le concert comme il avait commencé par un extrait du premier EP.
A la demande générale, et même si ce n'était pas prévu sur la setlist, le groupe revient pour un dernier titre,
Monochrome. Si Lush passent près de chez vous, ne les ratez pas, au-delà de l'intérêt historique, ils sont toujours un excellent groupe de scène.