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Fujiya & Miyagi

Paris, Les Etoiles - 1er juin 2016

Live-report par Louise Beliaeff

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Sous les Etoiles de la salle rue du Château d'Eau ce 1er juin pluvieux, Fujiya & Miyagi ont brillé. Pourtant, rien ne le laissait présager. A en croire le public restreint sinon faible, les Parisiens n'ont toujours pas apprivoisé l'étrange formation indé/électro/krautrock britannique. Si le groupe originaire de Brighton n'en est pas à ses débuts, on attend encore le succès qui lui est dû.

Formé en 2000 par Steve Lewis (Fujiya) et David Best (Miyagi), le quatuor vient tout juste de sortir l'EP1 : Impossible Objets Of Desire en vinyle, premier EP d'une série de trois, après cinq albums studio réussis. Outre le fait qu'ils enregistrent une partie de la bande originale de la série américaine Breaking Bad ou d'une campagne de pub pour Jaguar, Fujiya & Miyagi ont su se créer avant tout une identité propre assez déconcertante.

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Les quatre hommes entrent en scène timidement et ouvrent le concert avec un titre tout frais : Sterotonin Rushes, extrait de l'EP1. Il faut peu de temps pour accrocher au son. De l'électro old-school efficace, une voix monocorde toujours dans le murmuré, une ligne de basse qui fait osciller du chef et une base rythmique hypnotique tout sauf alambiquée. Fujiya & Miyagi affichent clairement leurs influences krautrock incarnées par Can et Neu! ainsi qu'électro à la sauce Aphex Twin.
S'enchaînent Acid To My Alkaline et Ankle Twins, toujours dans le même registre. On est tenté de dire que la voix de David Best est aussi monotone que monocorde. Mais l'univers qu'instaure le groupe est tel qu'on ne se lasse pas. Tout est senti et cohérent. Le jeu de scène est minimaliste sinon inexistant, et le fait que le leader mette un certain temps à se lâcher n'aide pas à réchauffer la salle. Tout en restant réservé et cultivant un look somme toute quelconque, il semble entrer dans un personnage dès qu'il se met à rouler les « r » et à jouer avec les consonnes, effet à la limite du beatbox que l'on entend dans In One Ear & Out The Other ou encore Uh!. Le résultat est grisant, on croit au personnage incarné par David Best.

A mesure que l'heure avance, le groupe se lâche, l'ambiance s'installe et le public qu'on croyait faible occupe véritablement la fosse transformée en dancefloor étoilé.

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A l'image du titre Collarbone tiré de l'album Transparent Things sorti en 2007, les influences penchent vers le disco offrant une ligne groovy à la basse de Matt Heinsby. David Best lance de temps en temps des solos psychédéliques à la guitare (Knickerbocker, Electro Karaoke) pour apporter la touche d'étrangeté et s'amuse à faire bouger sa Jazzmaster qu'il tient à bout de bras tel un objet possédé.

Le groupe assure et l'heure passe vite. Après dix titres, Fujiya & Miyagi interprètent Flaws et Electro Karaoke en rappel, en concluant sur une transe où Dave scande leur nom à l'infini. Impeccable fin pour un concert soigné. Le groupe n'est définitivement pas dans l'outrance mais la retenue, la puissance contrôlée qui hypnotise l'auditoire.