Cate Le Bon

En ce 16 juin, le Mona Bismarck American Center avait eu la bonne idée dans le cadre de son exposition « Wasteland », qui se clôturera le 17 juillet, d'inviter Cate Le Bon à donner un concert gratuit dans ses jardins. Une ambiance de garden party avec un soleil décidant enfin de montrer le bout de son nez lorsque Cate Le Bon et ses musiciens montent sur scène.

Voir un concert dans ces conditions idéales et privilégiées (le lieu est vraiment sublime) donne l'impression de faire partie de happy fews. Cate Le Bon délivre un set tout simplement merveilleux. Crab Day, son dernier album, est d'ores déjà l'un des tous meilleurs sortis en 2016 et Cate prouve une fois encore ce soir qu'elle est l'une des artistes les plus talentueuses de sa génération. L'essentiel du concert consiste en des extraits du dernier LP mais Mug Museum, son précédent disque, n'est pas pour autant négligé. Les titres de Crab Day sonnent peut-être encore mieux dans le jardin de l'American Center que lors du récent concert au Batofar qui avait pourtant été excellent. C'est dire à quelle altitude de beauté musicale planent désormais Cate et son groupe.

Si, au Batofar, le concert avait sonné très Television, ce soir, on pense davantage au Velvet. Notamment sur What's Not Mine qui s'étire sur de longues, très longues minutes, et sur lequel les guitares vibrent comme celles de John Cale dans les 60's. La version offerte ce soir est juste un régal pour les oreilles, un sommet musical, le genre de morceau que l'on entend en concert et qui donne envie en rentrant de créer son propre groupe. Cate est non seulement une compositrice extrêmement douée mais, on ne le souligne pas assez, aussi une guitariste fabuleuse. Sa façon très originale de porter son instrument très haut sur le corps ne l'empêche pas d'en sortir des rythmiques et des solos de très haute facture. Le groupe semble encore plus soudé que lors des concerts des derniers mois et l'ensemble est impressionnant de maîtrise technique et de beauté artistique.

Dès lors que résonnent les premières notes de Crab Day, on est emporté dans l'univers de la galloise. C'est un ravissement continu, que ce soit sur les ballades que sont I Was Born On The Wrong Day, How Do You Know? ou Love Is Not Love que sur les titres plus rock comme Dirty Attic, We Might Revolve ou What's Not Mine. On pourrait penser que l'artiste n'allait délivrer qu'un court set pour un concert gratuit mais elle comble ses fans en donnant un concert d'une cinquantaine de minutes.
C'est au travers de morceaux comme Wonderful que l'on se rend compte de l'immense talent de Cate Le Bon. Le morceau pourrait n'être qu'une jolie pop song de plus mais si elle possède tant d'autres attraits c'est de par tous ces petits arrangements subtils dont Cate truffe ses morceaux et qui font d'elle une artiste à part. Dans le paysage malheureusement trop formaté de la pop music d'aujourd'hui, elle est une perle rare et une vraie musicienne à l'égal du meilleur de ce que produisait la pop dans les années 60.

Lorsque le concert arrive vers sa fin, elle joue Mug Museum à la perfection avec toujours ces petites guitares cristallines qui structurent ces morceaux. On sort de ce concert ravi, heureux d'avoir entendu un set d'une telle beauté et impatient de revoir Cate sur scène très vite.