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James Vincent McMorrow

Paris, Carmen - 13 septembre 2016

Live-report par Julien Soullière

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Son troisième album fraîchement dévoilé au grand public (We Move), James Vincent McMorrow s'est vu proposer une petite escapade parisienne par son label de toujours. Entretenir tout autant la notoriété de l'artiste que celle d'un bar à cocktails trendy en proposant un set confidentiel dans un endroit autre qu'une salle de concert, voilà l'idée derrière la venue de l'artiste irlandais au 34 de la rue Duperré. Une chouette idée, tant meubles d'époque, moulures et autres statues constituent ici un cadre original, et dans lequel James Vincent McMorrow se fond volontiers. Tout juste ne fallait-il pas avoir soif (le prix des consommations est absolument indécent, mais cela n'a malheureusement rien de rare à Paris).

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Notre époque, comme toutes celles qui l'ont précédée et lui succéderont, n'a pas été sans apporter son lot d'opportunités et de frustrations. Actuellement, nous vivons à l'ère de la biture. Devenus boulimiques, nous voulons de tout, partout, tout le temps, nous voulons tout vivre et en savoir toujours plus que le voisin. Il ne s'agit plus seulement de faire, il faut faire-savoir. Cet ami, qui semble tellement piteux certains soirs qu'on en viendrait à croire que l'alcool a pactisé avec la pesanteur pour lui faire courber l'échine, il lui est alors facile d'aller trop loin, de devenir aussi embarrassant que tous ces gens qui ne peuvent plus apprécier un concert sans en profiter au travers de leur téléphone. Ce pote imbibé, il nous étouffe autant que celles et ceux qui pensent qu'un set qui débute n'est pas une invitation au silence, mais une incitation à parler plus fort encore. Il nous irrite, mais sûrement moins que que ces individus qui préfèrent inonder de posts les réseaux sociaux pour dire qu'ils en étaient plutôt que de s'informer et de respecter l'artiste venu les honorer, quand bien même celui-ci épate par une voix incroyablement haute et juste. En vérité, le fait que ce concert n'avait de "privé" que le nom n'a pas dû arranger les choses.

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Fort heureusement, le temps fait toujours son oeuvre, et la chaleur ambiante aidant, les plus dissipés (une minorité) auront tôt fait de quitter les lieux, tout du moins de s'éloigner. Si on a tout fait pour apprécier le set du soir dès la première note de piano, certains en s'asseyant sagement au premier rang, on peut désormais profiter pleinement d'un James Vincent McMorrow impressionnant de maîtrise, et venu sans s'embarrasser de fioritures, à peine quelques samples, un clavier, une guitare (principalement pour mener comme il se doit le très chouette Get Low) et une casquette. Alors, on peut de pas aimer les trémolos, préférer le combo bière, pub et baston à l'élégance d'un bon piano-bar, difficile de nier qu'avec sa voix, l'artiste irlandais n'a pas son pareil pour générer de l'émotion.

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Il hérite là d'un don, celui d'atteindre en son centre votre âme, d'amener votre corps si près de l'implosion que vos yeux en viennent à s'humidifier : cette jeune femme qui, lors des dernière notes de Lost Angles, ne pourra faire autrement que d'enlacer fermement son compagnon et de cacher son émotion au creux de ses bras ne vous dira pas le contraire. C'est sûr, James Vincent McMorrow sait se faire apprécier. Modeste, drôle et impliqué, il fait partie de ses artistes qu'on ne se lasse pas de voir et d'écouter, chez nous comme à l'extérieur. Si cela n'est pas déjà fait, vous devriez lui laisser une chance.