Actuellement en pleine tournée européenne pour la sortie de leur cinquième album
Boy King, Wild Beasts sont passés par La Gaîté Lyrique à Paris ce jeudi 13 octobre pour offrir un show dont on ne peut sortir indemne.
Il est loin le temps où Wild Beasts se consacraient au rock et rien d'autre, celui pur et dur, porté par les voix invraisemblables de Hayden Norman Thorpe et Tom Flemming. Aujourd'hui, l'électronique a pris le dessus. On ne sera donc pas étonné d'entendre ce soir-là les claviers submerger la salle de La Gaîté Lyrique, la moitié de la setlist étant consacrée à
Boy King.
Les quatre musiciens débutent donc les hostilités avec
Big Cat, plage d'introduction la moins marquante du cinquième album mais qui a le mérite de poser le son actuel de Wild Beasts. Chacun statique derrière ses instruments, le titre est interprété sans grande originalité, se reposant sur sa version disque mais offrant toutefois des riffs de guitare incendiaires en milieu de parcours, même si trop courts pour pouvoir en profiter pleinement.
Plus loin, Tom Flemming s'impose sur
Ponytail, posant sa voix sur la mélodie dissonante du titre. Déjà parfait sur disque, entremêlant l'électronique et l'électricité ainsi que les cordes vocales de Thorpe et Flemming,
Ponytail atteint son paroxysme sur scène, à la fois poignant et dansant. Il en va de même pour
He The Colossus et
Tough Guy, monuments de rock épique – sans être grandiloquents, qui prennent tout leur sens en live, sous des jeux de lumière hallucinés.
Même si
Boy King s'accapare la moitié de la soirée, les fans de la première heure ont pu trouver leur bonheur, principalement à travers des compositions issues de
Two Dancers. Dès le début du show, les chœurs de
We Still Got The Taste Dancin' On Our Tongues résonnent dans la salle. Difficile de ne pas craquer tout du long tant la voix de Thorpe dégage une aura bouleversante, concluant sur un dernier quart d'une intensité rare.
On retrouve du
Present Tense et du
Smother tout au long de la soirée, à travers respectivement
A Simple Beautiful Truth et le somptueux
Mecca, ainsi que
Bed Of Nails et
Lion's Share, les deux plages cultes du troisième album, magnifiées par les deux vocalistes, plus en forme que jamais. Entre-temps,
Hooting & Howling a vu les fans donner de la voix aussitôt que Thorpe a commencé à chanter, avant que toute la salle ne se déhanche tout du long sur sa mélodie et son refrain imparables.
Le show se termine sur
Wanderlust, pièce maîtresse hypnotique de
Present Tense, puis bien évidemment sur
Alpha Female, certainement la composition la plus brute et accessible de
Boy King. Alors que la plupart des groupes jouent en rappel d'anciens tubes, Wild Beasts eux les ont disséminés de part et d'autre de la setlist, interprétant alors en fin de concert deux morceaux de
Boy King, à savoir les indispensables
Get My Bang et
Celestial Creatures – même si pas aussi indispensables que des
Brave Bulging Buoyant Clairvoyants et
The Devil's Crayon !
Two Dancers ferme tout de même la marche avec l'affolant
All The King's Men et ce
« Watch me ! Watch me ! » miraculeusement criard de Flemming qui reste ancré dans le cerveau bien des jours plus tard.
Depuis quelques années, on perd en folie ce que l'on gagne en technicité dans un concert de Wild Beasts. L'intérêt de les voir sur scène est moindre qu'auparavant mais il est nécessaire d'y assister au moins une fois pour se rendre compte de la maîtrise d'un groupe qui ne cesse constamment de se renouveler, aussi bien sur disque que sur scène.