Archie Bronson Outfit

C'est une soirée éclectique qui nous était proposée à la Maroquinerie. Teitur, Archie Bronson Outfit et Tarentula AD. Pourquoi pas. Le clou du spectacle bien sûr, c'est la recrue Domino de service : les anglais d'Archie Bronson, comme on dit. L'appétit ayant largement été aiguisé par leur excitant second opus Derdang Derdang, on se rend dans la salle de concert guidé par bien des bons pressentiments. On ne peut pas dire que la prestation décevante du jeune Teitur ait vraiment contribué à chauffer la salle, et pourtant la température montera très rapidement.

L'apparition sur scène d'un pirate à pull troué, tout droit sorti de ce que l'imaginaire collectif assimile au parfait barbu made in 70's, créé d'entrée la surprise. Il s'agit en effet du quatrième larron de la bande, qui vient occasionnellement en tournée apporter au trio initial ses talents de saxophoniste. Il commence seul le concert... à la guitare. Arrivent enfin le chanteur guitariste Sam, le batteur et songwriter Mark et Dorian, le bassiste. Notre pirate s'empare alors d'un sax alto et d'un soprano dont il jouera le plus souvent simultanément ! Pas bavards pour un sou et un peu crasouilles, les membres du groupe ne payent pas de mine, et pourtant, accrochez vos ceintures... la cavalcade démarre sur les chapeaux de roues. Autant pour leur look que pour leur sonorité, les membres d'Archie Bronson Outfit n'auraient pas dépareillé sur la B.O d'Easy Rider. Il faut dire que question route, ils en connaissent un bout. Sans tourneur, les Archie Bronson font tout tous seuls comme des grands : trouver la route, conduire le bus et se perdre pour arriver à la salle sur un mode très rock n'roll, juste le temps d'une petite balance et deux-trois interviews avant de monter sur scène.

Bref (une quarantaine de minutes) mais intense, le set est mené tambour battant du premier coup de pédale au dernier dérapage contrôlé. Le groupe sort l'artillerie lourde avec un bombardement de tubes essentiellement extraits du deuxième album. S'enchaînent avec bonheur les titres Cherry lips et Kink (comme sur l'album), puis plus tard Dart For My Sweetheart, Dead Funny et autres petites tueries en règle. Mark est un phénomène de foire derrière ses fûts et nous offre un énergique cours de rythmique. Hypnotisant. La voix de Sam s'accroche aux branches parfois jusqu'à la fêlure, et on se demande si ses cordes vocales ainsi malmenées tiendront le coup jusqu'à la fin. Dorian quant à lui échange parfois sa basse contre une six cordes qu'il maîtrise allègrement, pendant que le saxophoniste troque son alto contre un biniou torturé par ses bons soins. La machine tourne tellement bien qu'il est irrésistible dans la salle de battre la mesure du pied et de la tête presque comme un seul homme, automatiquement. L'ensemble est un chaos génial de puissance et d'harmonies qu'on aurait voulu entendre un peu plus longuement.