The Bishops
Crippled Black Phoenix
Eight Legs

Les affiches les plus éclectiques sont bien souvent les plus séduisantes et les plus convaincantes à l'heure du bilan, ce que la soirée organisée dans la salle de la Maroquinerie ce dimanche soir nous a encore prouvé avec les venues conjointes de The Bishops et Eight Legs d'une part et du collectif Crippled Black Phoenix d'autre part.

L'ouverture de la soirée s'effectue ainsi peu avant 20h avec Eight Legs face à une petite trentaine de personnes. Si la situation semble difficile pour les jeunes londoniens, ceux-ci s'en tirent malgré tout avec les honneurs grâce à une importante débauche d'énergie visiblement très appréciée par un premier rang en grande forme. L'ambiance peine à décoller au fil des minutes, les titres plus ou moins garage ou punk s'égrainant les uns à la suite des autres sans véritable coup d'éclat même si quelques mélodies ressortent du lot au final. On regrettera notamment les limitations vocales de leur leader Sam Jolly et le désagréable sentiment de répétitivité dégagé par la dizaine de titres dévoilés.

Quinze minutes plus tard vient le tour de l'armada de musiciens composant Crippled Black Phoenix, avec pas moins de huit personnes entassées tant bien que mal aux quatre coins de la scène. Parmi eux, Joe Volk au chant et à la guitare acoustique, Dominic Aitchison (Mogwai) à la basse, Justin Greaves (Electric Wizard) derrière les fûts ainsi que deux préposés aux claviers, deux guitaristes supplémentaires et une violoncelliste à la carrure imposante... tous réunis pour distiller une musique que beaucoup n'hésiteront pas à qualifier de post-rock de par la durée des chansons.
Si certains s'attendaient à découvrir l'album A Love of Shared Disasters sur scène, la surprise nait de la décision du groupe d'interpréter une forte majorité de compositions d'un second opus attendu à la rentrée prochaine chez Invada Records. Unique rescapé, Goodnight, Europe, fait pâle figure en comparaison avec les six titres inédits dévoilés durant une cinquantaine de minute. La coordination parfaite entre les musiciens est saisissante, depuis Rise Up And Fight en ouverture jusqu'au final parfait sur l'instrumental Paranoid Arm. Si la voix de Joe Volk est un élément essentiel de ces titres, la puissance dégagée par le groupe à travers différentes couches instrumentales est saisissante, notamment sur un 444 sublime et captivant. Crippled Black Phoenix n'est peut-être que le side-project de musiciens confirmés, mais la somme des talents le composant le hisse indéniablement au-dessus de bon nombre d'autres formations.

La soirée s'achève par la suite sur une bonne note avec les Bishops à l'énergie et la joie de vivre aussi contagieuse qu'à l'accoutumée. Installé derrière sa batterie, Chris McConville et son traditionnel pull à rayures accompagne ainsi les frères Mike et Pete Bishop, le premier se chargeant d'assurer le spectacle avec ses sautillements de grenouille et quelques poses de guitar hero pour le moins originales.
La setlist du soir est classique et sans réelle surprise, si ce n'est la présence d'une poignée d'inédits (House In The Desert...), et c'est donc avec les excellents singles parus ces deux dernières années que le trio se charge de réveiller le public sur le coup de 22h00. La prestation s'ouvre ainsi sur Higher Now avant que les So High, The Only Place I Can Look Is Down, In The Night ou encore I Can't Stand It Anymore, pour ne citer qu'eux, ne soient chaleureusement applaudis tour à tour. C'est ainsi que le groupe quitte la salle une heure plus tard non sans avoir assuré un rappel de trois titres clôturé par le traditionnel et très à propos She Said Bye Bye.

Si les Bishops obtiennent au final le succès populaire, on n'hésitera pas à accorder son équivalent critique aux talentueux Crippled Black Phoenix. Ce soir à la Maroquinerie il y en avait pour tous les goûts, et cela personne ne s'en sera plaint.