I Like Trains
One Night Only

Le hasard des tournées croisées crée parfois des situations improbables, à l'image de celle ayant rassemblé hier soir iLiKETRAiNS et One Night Only sur la scène du Nouveau Casino parisien. D'un côté l'une des révélations pop des derniers mois outre-Manche, de l'autre une formation de Leeds à la popularité croissante mais encore mesurée sur le continent. Une alliance improbable des genres et des publics, pour au final une pénible prestation des premiers et une réussite évidente des seconds.

Que l'on se base sur l'allure, l'attitude ou les aptitudes musicales, les adolescents de One Night Only ne sont ni plus ni moins qu'un croisement raté entre les Kooks et Razorlight, le charisme de leurs leaders respectifs en moins. Les cinq jeunes anglais à l'allure de « boys band rock », s'ils ne lésinent à aucun moment sur l'énergie et l'entrain, souffrent malgré tout d'importantes lacunes dans la qualité de leurs compositions, leur prestation scénique ne parvenant visiblement à convaincre que la petite dizaine de jeunes adolescentes amourachées du frèle George Craig. En l'espace d'une quarantaine de minutes, la majorité de l'album Started A Fire est ainsi dévoilée sans jamais parvenir à nous sortir de l'ennui, et ce même si Just For Tonight interprété en guise d'au revoir demeure un single efficace et plutôt accrocheur.

Changement de cadre, de décors et de public une vingtaine de minutes plus tard lors de l'arrivée d'iLiKETRAiNS. En fond de scène, un imposant drap blanc est installé pour accueillir les images d'archives et sublimes vidéos d'animation créées ces derniers mois par Ashley Dean pour le DVD que le groupe publiera dans le courant du mois d'avril, alors que les cinq musiciens arborent leur habit traditionnel avec un pantalon de costume et une chemise blanche barrée par un brassard noir.
Le set débute ainsi avec 25 Sins et de bruyantes percussions tandis que les images d'un Paris en flammes sont diffusées au même moment en boucle. Changement d'atmosphère sur le titre suivant alors que les premières notes de A Rook House For Bobby se font entendre. Les images d'archives du champion d'échec Bobby Fischer accompagnent la montée progressive du titre jusqu'à son explosif final avant que le rythme baisse d'un cran avec The Deception. Le groupe est visiblement très à l'aise et parvient sans la moindre difficulté à faire naître l'ambiance traditionnelle de ses concerts, tout en s'essayant non sans risque mais avec réussite à la présentation d'un nouveau titre en cours en phase d'expérimentation, Snake.
Après avoir égrainé dans un premier temps les titres les moins connus de Elegies To Lessons Learnt, iLiKETRAiNS font monter le volume sur trois de leurs "singles" les plus appréciés. Le futur We Go Hunting tout d'abord, mais aussi et surtout les longs et captivants Terra Nova et Spencer Perceval avant le rappel traditionnel. Purement instrumental, Joshua prend ainsi des allures d'introduction pour Before The Curtains Close Pt. 2 une fois de plus magistral.

Le seul reproche que l'on osera adresser à iLiKETRAiNS est sans doute celui d'avoir une fois encore laissé de côté Stainless Steel, un regret malgré tout aisément compensé par les hypnotiques mélodies que le quintet de Leeds a distillé durant près de quatre-vingt minutes.