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Kling Klang
Portishead

Paris, Zénith - 6 mai 2008

Live-report par Fab

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Dix années d'absence n'auront pas entamé le talent, la prestance et l'envie de Portishead, de retour en France en ce mois de mai 2008 pour deux concerts au Zénith de Paris, une première, inévitablement extrêmement attendue, depuis la prestation du groupe à la Route du Rock de Saint-Malo le 15 août 1998.

En guise de mise en bouche pour cette soirée, la venue des écossais de Kling Klang quelques mois après une courte tournée française marquée par un concert dans la salle de la Flèche d'Or. Mêlant krautrock, musique électronique et guitares, la prestation de la formation de Glasgow semble immédiatement irriter le public non initié tant par son manque d'accessibilité que par le comportement distant et froid des quatre musiciens. Leur unique album, The Esthetik Of Destruction, est logiquement mis à l'honneur durant près de quarante minutes, mais les quelques moments de grâce perçus sur une poignée de titres sont tout aussi rapidement oubliés que découverts au milieu d'autres compositions moins réjouissantes. Un set malgré tout intéressant mais difficilement appréciable à sa juste valeur dans un Zénith pleinement acquis à la cause de Portishead.

Une interminable demi-heure d'attente est par la suite imposée à un public impatient de pouvoir vivre ses retrouvailles espérées depuis des années déjà, tant et si bien que l'arrivée sur scène de Beth Gibbons et Geoff Barrow, accompagnés par pas moins de quatre musiciens, est tout bonnement triomphale. Le groupe le rend bien à ses fans en débutant sa prestation de la même manière que son nouvel opus, Third, et c'est donc avec un Silence intense et captivant que le concert débute magistralement. Longtemps présenté comme une icône de la scène trip-hop anglaise, le groupe se laisse désormais à aller à des ambiances plus brutales et industrielles mêlant avec réussite samples et sonorités krautrock, le tout en accompagnement de la voix sublime d'une Beth Gibbons rayonnante et presque hébétée face à un tel accueil.
Si les jeux de lumières paraissent somme toute classiques, trois écrans géants surplombant la scène offrent la possibilité aux ingénieurs, via la mise en place de nombreuses caméras, de mêler des images du concert à diverses vidéos toujours judicieusement choisies. La setlist fait ainsi la part belle à la quasi-totalité des compositions de Third, non sans effectuer quelques volte-faces vers une sélection de classiques accueillis avec un entrain contagieux par l'ensemble de la salle. Parmi ceux-ci, l'intemporel Glory Box repris en choeur de manière impressionnante, mais aussi Wandering Stars et Numb, alors que les amateurs de Portishead sont contraints de se contenter de Cowboys et d'un Over interprété dans une ambiance solenelle avec une Beth Gibbons assise au centre de la scène.
En dépit d'une cohésion somme toute parfaite entre les membres du groupes, et ce même en pratiquant avec talent un turnover constant entre les instruments, une partie des nouvelles compositions du groupe ne se révèlent pas tout à fait convaincantes, à l'image d'un Magic Doors dont la beauté n'aura jamais vraiment été restituée. Si certains doutes subsistent encore à l'heure du rappel, le groupe s'atèle immédiatement à les faire annihiler définitivement avec un enchainement de trois compositions éblouissantes. Discrète tout au long de la soirée, Beth Gibbons revient rageuse et revigorée pour Thread, allant jusqu'à pousser des cris tétanisants sans la moindre retenue, avant de proposer une ambiance radicalement différente sur le très attendu Roads. En guise de final, pour le moment le plus puissant de ce concert pleinement mémorable, le fantastique We Carry On, marqué par un instrumental final hypnotique et captivant auquel nulle âme n'aura su résister plus d'une poignée de secondes.

Plus de quinze ans après sa formation, avec une chanteuse au talent vocal sans pareil et un répertoire renouvellé, Portishead est bel et bien toujours l'un des groupes le plus brillants de la scène britannique.
setlist
    Silence
    Hunter
    Mysterons
    The Rip
    Glory Box
    Numb
    Magic Doors
    Wandering Star
    Machine Gun
    Over
    Sour Times
    Nylon Smile
    Cowboys
    ------------
    Threads
    Roads
    We Carry On
photos du concert
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