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My Bloody Valentine

Paris, Zénith - 9 juillet 2008

Live-report par Fab

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Personne n'osera le nier, ces dernières années ont indéniablement été le théâtre d'un nombre croissant de reformations plus ou moins légitimes. Après The Pixies, Smashing Pumpkins, The Verve ou autres Rage Against The Machine, voici venu le tour de My Bloody Valentine de parcourir à nouveau les scènes européennes sans qu'aucun nouvel album n'ait jusqu'à maintenant vu le jour. Un retour annoncé comme l'un des événements de la période estivale en France après que le groupe ait proposé ces dernières semaines une série de concerts sold-out dans son pays d'origine, mais étrangement boudé par un public parisien aux abonnés absents.

La surprise est en effet de taille dès lors que l'on pénètre dans l'immense Zénith : plus de la moitié des gradins est tenue à l'écart du public par d'imposants draps noirs tandis que la scène de la salle est avancée d'une vingtaine de mètres dans une fosse des plus rétrécies. La faute sans doute à des prix prohibitifs, à une période de vacances synonyme d'absence, mais aussi à un lieu très souvent réputé pour son acoustique inconfortable. L'occasion de saluer une initiative rare mais appréciable : la distribution gratuite de bouchons d'oreilles et l'affichage de nombreux préventifs liés au volume sonore, une quasi-obligation pour un groupe de la trempe de My Bloody Valentine. C'est ainsi dans une salle encore très peu remplie que la première partie du soir, Le Volume Courbe, fait son entrée sur scène sur le coup de 20h pour une courte prestation d'une demi-heure. Trente minutes douloureuses tant l'ennui sera grand et inévitable à l'écoute des mélodies à mi-chemin entre folk et sonorités plus expérimentales, une musique à l'évidence complètement inadaptée à une salle de cette envergure et très peu appréciée par l'ensemble du public... même s'il faut bien l'avouer, peu importe le curriculum vitae de la première partie, la réaction de la foule aurait probablement été identique tant l'attente a été longue pour retrouver Kevin Shields et ses trois camarades dans des conditions live après plus d'une décennie d'absence.

Le silence est ainsi rompu avec une certaine timidité sur I Only Said et When You Sleep, deux des classiques tirés de l'intemporel Loveless. Si la réaction du public est clairement chaleureuse, le réglage catastrophique des voix et un manque de puissance certain retardent de quelques minutes l'explosion sonore annoncée.
Sans surprise, la communication avec la salle est réduite à son strict minimum, le groupe enchaînant les titres tout en prenant le temps d'effectuer systématiquement de nombreux changements d'instruments. Le front de scène est ainsi occupé par Kevin Shields sur la droite et Bilinda Butcher sur la gauche, les expérimentations du second prenant souvent le pas sur ceux de la seconde. Plus éloignée, la section rythmique assure quant à elle son rôle avec une maîtrise technique n'ayant pour égale que sa discrétion, alors que chaque titre se voit mis en valeur par de nombreuses projections sur un écran géant compensant le manque d'ambition des éclairages utilisés.
Si le concert est un véritable régal auditif, Kevin Shields s'excuse peu avant un Nothing Much To Lose puissant et hypnotique de la qualité de l'acoustique de la salle mais aussi des limitations sonores imposées par le lieu, un problème pénalisant à l'évidence plus la formation que le public tantôt euphorique tantôt plus attentiste. L'incroyable impression de puissance maîtrisée ne fait malgré tout que croître tout au long du set, jusqu'à un final chaotique des plus étranges. Comme à son habitude, le groupe achève sa prestation avec You Made Me Realise et son Holocaust dont les plus intenses passages semblent simuler l'explosion d'un réacteur d'avion dans une salle médusée... jusqu'à l'incident de trop pour la formation : une coupure électrique subite plongeant la salle dans un troublant silence. Sur scène, le groupe, excédé, cherche à comprendre les raisons de l'acte alors que le volume sonore n'aura sans doute jamais été aussi haut, dépassant allègrement toutes les limites imposées. Dix minutes de tergiversations et d'incompréhension, ponctuées par un court retour de la formation pour achever de manière éphémère et un peu brouillonne un titre méritant bien évidemment au moins autant que les autres, si ce n'est plus, d'aller à son terme.

Si la soirée aura évidemment été marquée par quelques imprévus difficilement imputables aux musiciens, on préfèrera retenir au final la qualité et la technique d'un groupe toujours au firmament malgré une longue et interminable retraite. Même avec quelques cheveux en moins, Kevin Shields reste encore aujourd'hui le génie acclamé vingt ans plus tôt.
setlist
    I Only Said
    When You Sleep
    When You Wake
    You Never Should
    Love My Breath
    Come In Alone
    Only Shallow
    Thorn
    Nothing Much To Lose
    To Here Knows When
    Slow
    Blown A Wish
    Soon
    Feed Me With Your Kiss
    Sue Is Fine
    You Made Me Realise
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